Bedford se donne 20 ans pour développer son parc industriel régional
ÉCONOMIE. Les huit municipalités de la grande région de Bedford misent sur la création d’un parc industriel régional à deux sites pour stimuler l’économie et accroître la population du secteur. Une stratégie axée sur la transformation du calcaire et la logistique de transport sera élaborée de concert avec la MRC de Brome-Missisquoi et le secteur privé.
«La mise en oeuvre de ce projet de développement ne se fera pas du jour au lendemain. Les démarches de dézonage auprès de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) devraient demander environ quatre ans. Il nous faudra ensuite une quinzaine d’années additionnelles pour développer le volet calcaire (sur un terrain situé aux limites du Canton de Bedford et de Stanbridge Station) et le volet logistique de transport (sur le territoire de Saint-Armand). Les municipalités n’investiront aucune somme importante tant et aussi longtemps qu’elle n’auront pas obtenu l’assurance que les parcelles de terre convoitées peuvent être exclues de la zone verte», précise le maire de Bedford, Yves Lévesque.
Et la préparation du dossier devant être déposé à la CPTAQ demandera du temps et de l’argent.
«Divers spécialistes (ingénieur, urbaniste, agronome, etc.) devront être mis à contribution pour bâtir le document de présentation. Les huit municipalités de notre secteur fourniront une partie des fonds nécessaires (4 $ pour chacun des 7 447 citoyens du secteur pour une participation financière de l’ordre de 30 000 $) alors que la MRC de Brome-Missisquoi fournira une somme additionnelle de 54 000 $ puisée à même le fonds du Pacte Brome-Missisquoi (surplus de l’enveloppe de 2016 et partie de l’enveloppe de 2017)», résume le directeur général de Bedford, Guy Coulombe.
La stratégie du pôle de Bedford auprès de la CPTAQ reposera sur la présentation d’une proposition commune engageant huit administrations municipales.
«Les huit municipalités vont dire d’une seule et même voix qu’elles souhaitent la création d’un parc industriel régional subdivisé en deux sites plutôt que la création de huit, dix ou douze parcs distincts», explique M. Lévesque.
Volet calcaire
Les élus du pôle Bedford entendent prioriser la création d’un site industriel regroupant des entreprises spécialisées dans la deuxième transformation du calcaire et de la chaux en divers sous-produits pour les secteurs de l’agriculture, de l’environnement, de l’alimentation, des mines, de la construction et de l’industrie (acier, fer, fonte, verre, peinture, etc.). Des fournisseurs de biens et services (entretien, transport, machinerie, etc.) pourraient également venir s’y greffer, signale une étude déposée en novembre dernier par la firme Stratégies immobilières LGP à la demande de la MRC de Brome-Missisquoi.
«Graymont et Omya, les deux méga-joueurs de l’industrie du calcaire oeuvrant sur notre territoire, ont déjà identifié des fournisseurs et des clients potentiels», signale le maire Lévesque.
Deux terrains, répartis de part et d’autre du chemin de la Carrière, semblent répondre aux critères du projet.
«Le premier, constitué de terres agricoles, est situé sur le territoire de Stanbridge Station. Le deuxième est situé dans les limites du Canton de Bedford, sur le site d’une ancienne sablière», résume M. Coulombe.
La superficie des terrains convoités pour la réalisation du projet de parc industriel régional est de 275 000 m2 (environ 3 millions de pi2).
«Aucune expropriation n’est actuellement envisagée. On vise plutôt la conclusion d’ententes de gré à gré», ajoute M. Lévesque.
Le développement d’un deuxième site industriel sur le territoire de Saint-Armand – dédié celui-là à la logistique de transport -est également dans les plans des municipalités du pôle Bedford.
«Le deuxième site pourrait prendre forme quand le dernier tronçon de l’autoroute 35 entre Montréal et le poste frontalier de Saint-Armand (ex-Philipsburg) aura été complété. On parle d’une dizaine d’années», laisse entendre le directeur général adjoint de la MRC de Brome-Missisquoi, Francis Dorion.
Cette vaste opération de développement économique implique la participation de divers intervenants ayant, chacun de leur côté, un rôle bien précis à jouer.
«Les municipalités vont mettre en place un organisme à but non lucratif pour chapeauter le projet. Cette nouvelle entité aura notamment pour mandat d’aller chercher des fonds privés (partenaires financiers) et publics (subventions gouvernementales). Le CLD de Brome-Missisquoi devrait par ailleurs se charger du volet démarchage», poursuit le maire Lévesque.
Rentabilité et création d’emplois
. Selon une étude réalisée par Stratégies immobilières LGP, la réalisation du projet de parc industriel régional pourrait générer de 948 à 1 386 emplois
. L’hypothèse la plus pessimiste laisse présager la création de 118 emplois à Saint-Armand et de 830 autres à Bedford
. L’hypothèse la plus optimiste permet d’envisager la création de 141 emplois à Saint-Armand et de 1 245 autres à Bedford
. Un tel parc devrait se rentabiliser sur un horizon de 15 ans, le point mort étant atteint entre la quatrième et la huitième année (hypothèses de COS)
. La réalisation du projet vise à «relancer la vocation industrielle du pôle de Bedford» et à «équilibrer le mix économique de ses communautés»
. La population du pôle de Bedford a baissé de 7,5 % entre 2006 et 2015 alors que la population de la MRC de Brome-Missisquoi a augmenté de 15,7 %
. La réalisation du projet pourrait aider à renverser la vapeur et à contrer la dévitalisation populationnelle du pôle Bedford