Brome-Missisquoi à l’avant-scène avec son projet de symbiose industrielle
ÉCONOMIE. Le projet de symbiose industrielle de Brome-Missisquoi retient l’attention, aussi bien sur la scène locale que provinciale. De plus en plus d’entreprises collaborent à l’exercice alors que le nombre de matières résiduelles valorisées augmente sans cesse.
Pas moins de 31 petits, moyens et gros joueurs sont maintenant associés à ce processus novateur qui permet des échanges de matières et de connaissances entraînant des gains environnementaux significatifs et des économies de plusieurs centaines de milliers de dollars. Quatre postes en développement durable ont même déjà été créés au sein des entreprises participantes.
Le nombre d’échanges est par ailleurs passé de quatre en 2014 à 16 en 2015 et à 19 durant les cinq premiers mois de 2016 (douze nouveaux et sept répétitions).
«On a commencé avec les matières les plus faciles à travailler – tubes, barils, palettes de bois – et on s’enligne petit à petit vers des matières plus complexes. Dans les années à venir, on devrait notamment pouvoir intégrer les produits chimiques et les matières organiques au projet de symbiose. Dans la région de Bécancour, par exemple, deux entreprises ont notamment mis en place un pipeline qui leur permet d’échanger des produits chimiques. Dans ce domaine, on peut dire que sky is the limit», indique Oriana Familiar, conseillère en développement durable au CLD de Brome-Missisquoi.
Des exemples concrets
Dans notre région, la collaboration entre Thomas & Betts (groupe ABB), un fabricant et distributeur de produits électriques de Bromont, M4P, une entreprise de recyclage de plastique et de caoutchouc de Cowansville et Delta Gomma, un fabricant de rouleaux et pièces moulées en caoutchouc recyclé de Cowansville, retient notamment l’attention.
Depuis huit mois, Delta Gomma a repris de Thomas & Betts 352 palettes de plastique (2,1 tonnes métriques) qu’elle a pu intégrer à sa production. Et pour Delta Gomma, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, cette dernière achetant déjà près de 100 tonnes métriques de caoutchouc chaque semaine dans un rayon de 100 km autour de Cowansville.
«Avec ces acquisitions, le fabricant de tapis, marche-pied et autres pièces en caoutchouc pour l’industrie automobile a suffisamment de matière première pour honorer ses contrats avec les grands manufacturiers Ford et Kubota. Toyota s’ajoutera à cette liste de ses clients dès l’automne prochain», signale la présidente de M4P, Marie-Josée Fleury.
M4P a par ailleurs trouvé un débouché pour 3 600 livres d’attaches de nylon (1,6 tonne métrique) et 3 030 livres de tubes de PVC (1,4 tonne métrique) dont l’entreprise de Bromont ne savait pas quoi faire auparavant.
«On ne verse rien à Thomas & Betts pour ses rejets, mais on assume les frais de transport et de triage», explique Mme Fleury, qui agit comme intermédiaire auprès de Delta Gomma dans ce dossier, en plus de desservir une vingtaine d’autres clients.
Même si Thomas & Betts y trouve son compte en réduisant ses frais liés à la valorisation des résidus, l’entreprise ne s’est pas joint au projet de symbiose industrielle pour de simples motifs financiers.
«On le fait surtout pour la cause (de l’environnement), car c’est beaucoup de travail», affirme Élise Tougas, chef de service – ressources humaines et projets chez Thomas & Betts.
Autres types de partenariat
Domaine Pinacle, un producteur de cidre de glace de Frelighsburg, utilise par ailleurs des granules de styromousse provenant de chez Thomas & Betts pour protéger ses bouteilles lors de l’expédition. Deux échanges ont été réalisés en 2015 et un autre cette année.
M4P a également déniché des clients pour la pellicule de plastique enrobant la mousse de tourbe et les balles de foin. Il y a par ailleurs de la demande chez certaines entreprises agricoles pour des palettes de bois.
«Il y a encore beaucoup d’échanges potentiels avec le bois, car ce matériau compte pour une partie importante des rejets de production», indique la porte-parole du CLD.
Le projet de symbiose industrielle permet enfin des échanges de bons procédés entre les 31 entreprises participantes. Fabritec, un fabricant d’armoires de cuisine et de salle de bain de Bromont, reçoit aujourd’hui les membres de la Table des entreprises sur le développement durable (TEDD), à l’origine du projet de symbiose industrielle, pour un partage d’expertise et une visite guidée de ses installations. D’autres rencontres similaires avaient eu lieu en 2014 et 2015 sur le territoire de Brome-Missisquoi.
«Les échanges d’expertise permettent notamment à de petites entreprises d’ici d’utiliser les meilleures pratiques des grandes entreprises», fait valoir Mme Familiar, qui se dit impressionnée par la motivation des participants.
Cette dernière ajoute que le lien de confiance, qui s’est établi entre les entreprises participantes depuis deux ans, «facilite les transactions et permet d’aller toujours un peu plus loin dans la mise en place d’une économie plus circulaire qui contribue à réduire les coûts liés à la valorisation des matières résiduelles et l’approvisionnement en matières premières».
Symbiose industrielle: retombées en 2015
. 200 000 $ en gains économiques directs
. 15 tonnes métriques de matières résiduelles valorisées
. 10,5 tonnes de gaz à effet de serre liées au transport éliminées
. 4 emplois liés à gestion environnementale créés en entreprise
. 231 employés ont bénéficié des échanges d’expertise
. 1 matière résiduelle à forte demande: plastique
Source: CLD de Brome-Missisquoi