Des bénévoles de partout… et de Lac-Mégantic

Laurentides, Lanaudière, la Capitale-Nationale, la Montérégie, des membres de la Croix-Rouge des quatre coins du Québec ont convergé vers Lac-Mégantic pour fournir de l’aide d’urgence aux résidents touchés par le déraillement du train de la Montreal Maine & Atlantic Railway. Des bénévoles de la municipalité ont aussi répondu à l’appel d’entraide, un geste qui démontre leur dévouement.

«Les bénévoles d’ici ont participé. On a même une des bénévoles qui fait partie des sinistrés. Elle a fui sa résidence en éclair la nuit du drame et 3h30 plus tard, elle était ici en train de recevoir ses concitoyens», raconte Denis Désilets, porte-parole bénévole de la Croix-Rouge à Lac-Mégantic. Ce dernier indique que cette histoire a ému l’organisation. «On croit que ça l’a aussi aidé à traverser à travers ça», ajoute l’homme. Par respect pour la bénévole en question, la Croix-Rouge n’a pas accepté la demande d’entrevue que TC Média a adressé à la dame. M. Désilets précise que les bénévoles touchés de près ou de loin par la tragédie n’ont pas été attitrés à des tâches trop émotives.

24h sur 24

De nombreux bénévoles de la Croix-Rouge ont participé à la tâche à Lac-Mégantic. «Il est difficile de dire le nombre exact de bénévoles parce qu’on calcule ça par personne par quart. Au moment où on se parle [vendredi soir], on peut compter 340 personnes qui ont pris part à un quart, mais ça ne veut pas dire qu’on a eu 340 bénévoles. Il y a certaines personnes qui ont pu travailler plusieurs quarts», précise Denis Désilets.

C’est la journée du 10 juillet qui a été la plus achalandée à Lac-Mégantic. Soixante-douze personnes se sont relayées pour assurer une présence 24h sur 24 au centre d’hébergement, tandis que vendredi, elles ont été 66. Les bénévoles peuvent rester de deux à trois jours. «C’est passablement exigeant au niveau moral. Il y a une dimension tragique. Ils travaillent avec des gens très émotifs et avec beaucoup de monde. Il n’y a pas de pause. Il y a un niveau de stress et d’émotions. Ils doivent être en possession de leur pleine capacité. On est aussi à l’affût du soutien psychologique.»

À travers la province

Au Québec, la Croix-Rouge peut compter sur un réseau de près de 1 500 bénévoles. Quelques heures après le déraillement, l’organisation a lancé un appel via courriel à l’ensemble de ses sections afin de connaitre leurs disponibilités. Ils sont donc venus de partout pour supporter leurs confrères de Lac-Mégantic. «Il y en a de la Montérégie, du Centre-du-Québec, de l’Estrie, de Lanaudière, des Laurentides, de Chaudière-Appalaches, de la Capitale-Nationale, de l’Érable, énumère Denis Désilets. Il y a la possibilité que d’autres viennent.»

Afin de réduire les coûts, les bénévoles d’une même région doivent faire du covoiturage. Des navettes depuis Sherbrooke ont aussi été organisées. «On tente de réduire les coûts le plus possible. Les bénévoles sont logés et dorment deux par chambre. Ils mangent au centre d’hébergement. Les bénévoles sont conscients que ce n’est pas un camp de vacances, ajoute le porte-parole.

Support aux sinistrés

Globalement, le travail effectué à Lac-Mégantic par les bénévoles de la Croix-Rouge s’apparente à celui qu’ils font lors d’un incendie dans leur région respective, soit l’évaluation des besoins du sinistré. «On doit leur demander quels sont leurs besoins. Ensuite, on doit les inscrire sur la liste des sinistrés et on doit s’assurer qu’ils le sont vraiment», explique Denis Désilets. La situation de la personne est ensuite définie. «Est-elle assurée? Peut-elle être hébergée par de la famille ou des amis? Si la réponse est non, elle peut être hébergée à l’hôtel ou, dans ce cas-ci, au centre d’hébergement.»

Quatre dortoirs ont été aménagés à la polyvalente Montignac. «On est chanceux. On peut compter sur une grande polyvalente. À plusieurs dans un gymnase, ce n’est pas évident. Comme on avait quatre grands gymnases à notre disposition, on a aménagé quatre dortoirs.» Un endroit pour les hommes, un pour les femmes et un pour les familles ont été créés. «On avait aussi un dortoir réservé pour les personnes avec des animaux domestiques», ajoute Denis Désilets.

Outre l’hébergement, des sinistrés se sont vus remettre des bons d’achat pour de la nourriture et des vêtements. «Les besoins sont réajustés aux 72 heures. Ceux qui sont dans la zone rouge, leurs besoins sont revus chaque semaine.»

Parallèlement à l’aide offerte sur le terrain, la Croix-Rouge a lancé une vaste campagne pour récolter de l’argent pour Lac-Mégantic. Le plus récent bilan dressé vendredi faisait état de 3,5M $ d’amassés en moins d’une semaine.