Des commerçants de Farnham digèrent mal la hausse de leur compte de taxes municipales

MUNIIPAL. La valeur des édifices commerciaux de Farnham a grimpé de 19 % en moyenne avec l’entrée en vigueur du rôle d’évaluation municipale 2022-2023-2024. La Ville a révisé à la baisse le taux de la taxe foncière commerciale de manière à ne pas pénaliser outre mesure les gens d’affaires. Un effort insuffisant aux yeux de certains commerçants.

Le taux de la taxe commerciale s’établissait à 1,84 $ du cent dollars d’évaluation en 2021. Il est maintenant à 1,73 $ / 100 $, en baisse de 0,11 $ ou de 5,98 %.

«On n’est pas sans savoir que les hausses de taxes sont impopulaires. Voilà pourquoi il nous apparaissait important d’adoucir la pente et c’est précisément ce que nous avons fait», indique le maire Patrick Melchior, qui prend soin de rappeler que tous les membres du conseil et 80 % des employés municipaux sont eux-mêmes des payeurs de taxes.

M. Melchior signale qu’en abaissant de 5,98 % le taux de la taxe commerciale, l’impact réel sur la facture moyenne des gens d’affaires est de 13,02 %.

Le maire précise que l’augmentation importante de l’indice des prix à la consommation (IPC) et du coût de certains biens spécifiques (le carburant notamment) au cours de la dernière année a fait mal à la Municipalité.

«Dans un contexte d’inflation, la Ville est forcée de prendre ses responsabilités et de s’assurer qu’elle a assez de revenus pour rencontrer ses dépenses», explique-t-il.

Le principal porte-parole de la Municipalité tient également à ajouter que le conseil s’est engagé à geler les taux de taxe foncière commerciale et résidentielle lors des deux dernières années du nouveau rôle d’évaluation (2023 et 2024).

«On donne un coup de barre dès cette année, au lieu d’y aller avec des augmentations successives d’année en année», résume-t-il.

Réactions

La pilule n’est cependant pas facile à avaler pour certains commerçants. L’intervention publique de l’homme d’affaires Jean-François Riel, à la dernière assemblée mensuelle du conseil municipal, le démontre éloquemment.

«L’augmentation du compte de taxes des commerçants est injuste, tout spécialement en l’absence de nouveaux services pour les marchands. On doit également considérer que les taxes payées par les commerçants sont utilisées pour payer l’ensemble des dépenses municipales», avance-t-il.

Selon les chiffres recueillis par notre interlocuteur, certains établissements ont vu leur compte de taxes augmenter de façon significative en 2022: club de golf (40 %), salon funéraire (37 %), immeuble abritant la SAQ (23 %).

Ce dernier ajoute que les autorités municipales envoient un bien mauvais message à la communauté d’affaires locale.

«Nous avons peu de commerces à Farnham et leur situation est loin d’être florissante. Certains d’entre eux ont dû fermer leurs portes pendant une partie de la pandémie alors que d’autres ont souffert de la fermeture temporaire de la rue Principale. Plus de 20 % des bâtiments commerciaux sont vides et des terrains totalisant plus de 1,5 millions de pi2 sont encore disponibles pour de la construction commerciale», indique-t-il.

Le marchand du boulevard Industriel reconnaît que les consommateurs sont intéressés à voir accès à de nouveaux commerces, mais il se demande si les conditions sont favorables à leur implantation.

«Pour avoir des commerces, ça prend des commerçants, des entrepreneurs. Est-ce que la Ville les consulte et prend les moyens nécessaires pour les mettre en valeur, leur faciliter la vie? Je n’en suis pas certain», soutient notre interlocuteur, qui s’explique mal «la faible représentativité  des gens d’affaires» au sein du comité consultatif mis sur pied par la Municipalité dans le cadre du projet de dynamisation du centre-ville.

Contestation

M. Riel affirme avoir parlé à près de 30 % des commerçants locaux pour connaître leurs réactions au sujet de la hausse de leur compte de taxes.

«Certains d’entre eux avaient déjà constaté l’étendue des dégâts, alors que d’autres m’ont dit: wow, on avait pas vu ça», résume-t-il.

M. Riel n’entend pas en rester là et prévoit contester la valeur de sa propriété commerciale tel qu’établie en juillet 2020 par la firme Évimbec Ltée, responsable de la préparation du nouveau rôle d’évaluation de la Ville de Farnham. La date limite pour soumettre une demande de révision a été fixée au 30 avril.

«J’avais envisagé la possibilité de mettre sur pied un regroupement pour contester le rôle d’évaluation, mais on m’a informé que chaque propriétaire devait le faire individuellement», précise-t-il.

Notre interlocuteur est d’avis que l’importante hausse de la valeur des propriétés commerciales s’explique uniquement par les ventes de quelques bannières (McDonald, IGA, Tim Horton) ou de terrains (rue Meigs) à prix record.

«Les propriétaires aux prises avec une augmentation de taxes n’auront jamais la chance de vendre leur terrain à de tels prix», ajoute-t-il.

Le marchand invite par ailleurs les commerçants et propriétaires d’immeubles à profiter des séances publiques du conseil municipal pour dire leur façon de penser aux élus, comme il a lui-même pris la peine de le faire.

«Farnham a-t-elle les moyens de dépenser autant en période de pandémie? Je pense que les payeurs de taxes ont leur mot à dire à ce sujet», poursuit-il.