Farnham: fin de la livraison du courrier à domicile dès l’automne 2015

POSTES – Un mois après le début de la livraison du courrier dans des boîtes postales communautaires (BPCOM) de la couronne nord de Montréal, Postes Canada confirme que la municipalité de Farnham sera desservie de la même façon à compter de l’automne prochain.

«Nous avons débuté lentement, avec 100 000 adresses, avant d’augmenter la cadence. Il s’agit de la première étape d’un projet de cinq ans qui touchera environ cinq millions d’adresse partout au pays», indique Anick Losier, directrice des relations avec les médias chez Postes Canada.

En 2015, la Société canadienne des postes prévoit procéder à la conversion d’un million d’adresses à travers le Canada. Le processus suivra son cours jusqu’en 2019 pour les quatre autres millions d’adresses bénéficiant de la livraison à domicile. On estime par ailleurs à dix millions de foyers qui reçoivent déjà leur courrier selon une méthode autre que la livraison à domicile.

Selon la porte-parole de Postes Canada, le coût du porte-à-porte (283 $ par adresse) est presque trois plus élevé que le coût des BPCOM (108 $ par adresse).

«Nous avons également un programme d’accommodation pour ceux et celles qui ne seront pas en mesure d’aller chercher leur courrier à la BPCOM. Chaque cas d’exception sera traité de façon individuelle. Dans certains cas, ça pourrait être la livraison à domicile une fois/ semaine», ajoute Mme Losier.

La situation à Farnham

Selon le Syndicat des travailleurs des postes (STTP), local 265, le nombre de Farnhamiens desservis par une boîte postale communautaire passera de 350 (à l’heure actuelle) à près de 3 000 (à l’automne 2015). Une soixantaine de BPCOM devraient venir s’ajouter aux dix déjà existantes (développements Plouffe, des Cerfs, des Écureuils, etc.). Les BPCOM seront alimentées par camion.

«D’après les informations dont nous disposons, les 650 clients du secteur rural et les 578 personnes habitant un immeuble locatif continueront à recevoir leur courrier à la maison. Une partie des 202 commerces de Farnham – ceux du centre-ville notamment – ne seront pas touchés par la réforme», précise Jean Dugas, président de la section locale du STTP.

L’abandon de la livraison du courrier à domicile n’est que l’une des mesures mises de l’avant par Postes Canada pur rentabiliser ses opérations.

Cette dernière a notamment modifié ses heures d’ouverture à la baisse à la fin de 2011 dans certaines localités. À Farnham, le bureau de poste ouvre à 10 heures (au lieu de 8h30) depuis une vingtaine de mois. L’heure de fermeture est demeurée la même.

Depuis septembre 2013, le courrier de la région de Farnham n’est plus traité sur place, mais acheminé à Ville Saint-Laurent pour y être trié.

«Il faut savoir qu’une lettre postée à Farnham et adressée à un résidant de Farnham doit transiter par le centre de traitement de Ville Saint-Laurent avant de revenir à Farnham. Cette procédure occasionne des délais au niveau de la livraison», rappelle M. Dugas.

Fermeture des bureaux?

Jean Dugas va même plus loin en affirmant que les bureaux de poste pourraient être appelés à disparaître à plus ou moins long terme.

Ce dernier soutient que l’ouverture de comptoirs postaux dans les pharmacies ou supermarchés risque en effet de modifier les habitudes des consommateurs et de réduire de façon significative l’achalandage dans les bureaux de poste conventionnels.

«À Saint-Jean-sur-Richelieu, les citoyens peuvent se procurer des timbres, envoyer un colis ou prendre livraison d’un paquet au bureau de poste, mais ne sont plus en mesure d’y acheter des pièces de monnaie canadienne ou des articles de philatélie. Ces articles sont désormais vendus dans les concessions (pharmacies, supermarchés)», signale M. Dugas.

Toujours selon le président de la section locale du STTP, il n’est pas loin le jour où les citoyens devront se déplacer dans une concession pour récupérer leurs colis.

«Une autre décision qui va contribuer à diminuer l’achalandage dans les succursales de Postes Canada. Cette dernière aura ensuite le beau jeu pour dire que les bureaux de poste sont de moins en moins fréquentés et n’ont plus leur raison d’être», poursuit M. Dugas.

Ce dernier prend soin de rappeler que le taux horaire des employés des concessions (pharmacies, supermarchés) est nettement inférieur à celui des employés de Postes Canada.

«Les premiers touchent peut-être 12 $ ou 15 $/ heure alors que les commis de la Société canadienne des postes peuvent gagner jusqu’à 26 $/ heure. Ce n’est pas pour rien que Postes Canada encourage la multiplication des concessions. C’est une simple question de gros sous», insiste M. Dugas.