Farnham: la ferme des Hüsler apporte les correctifs demandés

ENVIRONNEMENT. Visée par un avis d’infraction à la suite de travaux illégaux effectués sur les rives de la rivière Yamaska, la ferme de la famille Hüsler s’est finalement pliée dans les délais prescrits aux demandes de correction lui ayant été signifiées par la MRC de Brome-Missisquoi et la Ville de Farnham.

«À la suite d’une plainte formulée par un citoyen, je me suis rendu sur place en mai dernier en compagnie du directeur des services techniques à la Ville de Farnham pour une inspection des lieux. Nous avons alors pu constater la présence d’un remblai sur les berges de la rivière et de matériel rocheux sur le replat du talus. Le producteur agricole avait déposé des pierres des champs le long du cours d’eau sur une distance de 20 mètres linéaires sans avoir pris soin de demander un permis. Cette intervention mécanique, qui contrevient au règlement sur l’écoulement des eaux de la MRC et à une section du règlement de zonage municipal concernant les cours d’eau, était visiblement récente, étant donné l’absence de mousse ou de végétation sur les pierres», résume Simon Lajeunesse, coordonnateur de la gestion des eaux à la MRC de Brome-Missisquoi.

Un avis d’infraction, émis conjointement par la MRC et la Ville, a été acheminé aux propriétaires de la ferme laitière les enjoignant de déposer avant le 1er juillet un plan d’action pour corriger la situation. On demandait également au producteur de réaliser des travaux correctifs au plus tard le 1er août.

«L’entreprise familiale en infraction a dû enlever la pierre, puis installer un géotextile, avant de remettre la pierre en place. Il y a également eu ensemencement et dépôt d’un paillis antiérosion», résume M. Lajeunesse.

La ferme Hüsler a finalement obtenu un délai additionnel de deux semaines et réalisé à ses frais les travaux proposés par l’ingénieur agissant comme expert-conseil dans le dossier.

«Un représentant de la Ville s’est rendu sur place pendant la réalisation des travaux correctifs et la MRC a inspecté les lieux le 12 août, au lendemain de la fin des travaux. Nous avons également reçu de l’ingénieur une attestation confirmant que les travaux ont été réalisés conformément aux plans», ajoute M. Lajeunesse.

Échelle de grandeur

Simon Lajeunesse précise que le type d’infraction commis par la famille Hüsler est plutôt rare.

«On nous a déjà signalé des dépôts de pierre dans le haut du talus, mais pas dans la pente conduisant à un cours d’eau», indique-t-il.

M. Lajeunesse prend soin de rappeler que les remblais et dépôts de pierre le long des cours d’eau ont longtemps été permis – et même encouragés – mais sont interdits au Québec depuis plusieurs années déjà.

«Je peux comprendre que des propriétaires terriens souhaitent protéger leur terrain contre l’érosion, tout spécialement dans les secteurs avec méandres, mais il y a moyen de procéder à des travaux de stabilisation des rives dans les règles de l’art… et avec permis. Les travaux illégaux ne devraient jamais être une option», insiste-t-il.

Sans vouloir banaliser l’infraction commise par la ferme des Hüsler, M. Lajeunesse laisse entendre qu’il a vu bien pire.

«Les agents de bandes riveraines embauchés par la MRC cet été et les deux autres étés précédents ont notamment pu constater que des cours d’eau avaient été fermés ou déplacés. Ils ont également trouvé des carcasses d’auto, des carcasses d’animaux et des résidus de construction sur les berges des cours d’eau. Une cinquantaine de cas d’animaux ayant directement accès aux cours d’eau ont par ailleurs été relevés au cours des derniers mois seulement», poursuit M. Lajeunesse.

Réaction du plaignant

L’auteur de la plainte, Bertrand Naud, dit avoir rencontré des membres de la famille à quelques reprises pour leur demander de régulariser la situation

«Comme on ne me donnait aucune assurance que des correctifs seraient apportés, j’ai décidé de porter plainte. À mes yeux, c’est une simple question de justice et d’équité», indique M. Naud.

Ce dernier affirme par ailleurs que «la même infraction semble avoir été répétée pendant plusieurs années» alors que le doyen de l’entreprise familiale, Josef Hüsler, prétend le contraire.

«Dans la rivière Yamaska, il y a des tas de roches naturels ayant été apportés par les courants. On peut même traverser à pied à certains endroits», indique-t-il.

En réponse aux questions de L’Avenir & Des Rivières, Simon Lajeunesse soutient n’avoir aucun indice pouvant laisser croire que des pierres auraient été déversées sur la ferme des Hûsler au cours des dernières années.

Il ajoute que la période pendant laquelle une MRC peut exercer un recours contre l’auteur d’une infraction (délai de prescription) ne dépasse pas un an.