Farnham: le comité de citoyens en mode organisation
EFFERVESCENCE. Trois semaines après sa mise sur pied, le nouveau comité de citoyens de Farnham bouillonne d’idées et s’active de tout bord, tous côtés, à la façon d’un petit volcan. Personne n’est en mesure de dire jusqu’où il s’arrêtera ou de prévoir la tangente qu’il pourrait prendre. Pas même son fondateur.
«Il y a là une boule d’énergie incroyable. Ça devient même parfois difficile de contenir un groupe aussi explosif», constate l’instigateur de ce mouvement, Bertrand Naud, visiblement dépassé par la situation.
Une cinquantaine de personnes auraient déjà joint les rangs du comité et une vingtaine souhaiteraient même se joindre au conseil d’administration. Du jamais vu à Farnham!
Les deux premières réunions ont permis à plusieurs citoyens et gens d’affaires d’exposer leurs problèmes et de se prononcer sur les forces et faiblesses de l’administration municipale. Un feu roulant d’interventions qui laisse croire que la vie n’est peut-être pas aussi paisible et harmonieuse qu’on pourrait le penser sur le territoire de cette municipalité de 8 000 habitants.
«C’est fou comme les gens m’appellent, me font des confidences. J’en entends des choses, depuis quelques semaines, et ça n’a rien de très jojo», ajoute M. Naud, qui a décidé de mettre sa carrière en veilleuse pour un certain temps afin de se consacrer entièrement à la mise sur pied du comité de citoyens.
Il convient de rappeler que ce dernier a lui-même eu des démêlés avec la Ville de Farnham en 2014-2015 et continue d’affirmer que l’appareil municipal lui met constamment «des bâtons dans les roues» au lieu de l’aider à relancer sa petite fromagerie artisanale.
«Le conseil de ville a été libre de faire ce qu’il voulait et n’a pas vraiment eu d’opposition au cours des dernières années. Mais, la lune de miel est terminée. Le comité de citoyens va l’avoir à l’œil et lui demander de rendre des comptes, pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent», poursuit le principal intéressé.
Structures administratives
Bertrand Naud est d’avis qu’il y a trop de règlements et qu’ils sont appliqués de façon trop stricte.
«Il faut aider les investisseurs à venir s’établir chez nous. Ils viennent ici, se découragent et s’en vont ailleurs, parce qu’ils ne sont pas accompagnés. Il y aurait peut-être lieu d’engager un commissaire industriel…», soutient-il.
Malgré ses affirmations à l’emporte-pièce, Bertrand Naud se décrit lui-même comme une personne modérée. Il dit vouloir s’assurer que la ville progresse et continue d’avancer.
«Les situations exposées lors des premières rencontres du comité de citoyens, c’est du passé. Il faut maintenant regarder vers l’avenir», insiste-t-il.
Toujours selon M. Naud, le comité aurait même convenu de marquer une pause et d’arrêter d’exposer les situations problématiques, le temps de mieux s’organiser.
«Le comité de citoyens est un mouvement important, qui concerne tous les Farnhamiens. On doit cependant s’assurer que tout est fait dans l’ordre et dans le respect. Ce n’est pas en posant des bombes partout que le comité va aller chercher de la crédibilité», insiste M. Naud,
Après avoir discuté de sa mission, de ses but et objectifs, le comité de citoyens doit maintenant se donner un statut juridique clair.
«On veut avoir un comité bien constitué, avec une charte et tout ce que ça prend», résume M. Naud.
Le comité de citoyens, qui dispose actuellement d’un conseil d’administration provisoire de huit personnes, sera bientôt appelé à se donner une structure administrative plus officielle.
«Je n’ai pas l’expertise, les compétences pour gérer ça tout seul. Ça va nous prendre des gens modérés et compétents, qui connaissent le code Morin et les procédures d’assemblées», poursuit l’actuel président du conseil d’administration provisoire.
Les responsables du comité songent par ailleurs à tenir leurs réunions dans une autre salle. Le petit local du 340 Principale est, où le groupe se réunit chaque mercredi de 19h à 21h, suffit de plus en plus difficilement à la tâche.
Position du maire
Même s’il y a eu des précédents dans d’autres municipalités, le maire Josef Hüsler admet avoir été surpris par la mise sur pied à Farnham d’un comité de citoyens.
«Il y a peut-être des gens, dit-il, qui pensent avoir être lésés dans leurs droits.»
Ce dernier soutient qu’il n’est pas contre l’implication citoyenne et va même jusqu’à dire que ça peut apporter «quelque chose de positif» à l’administration municipale.
«Des gens qui s’impliquent, personne n’est contre ça. Si ça peut aider à clarifier certaines choses, tant mieux», soutient-il.
Le maire de Farnham ajoute que les élus municipaux n’ont pas la prétention de tout savoir et sont toujours ouverts aux nouvelles idées.
«Mais on est élu par la population pour prendre des décisions. Et ce n’est pas vrai qu’on va tout dévoiler sur la place publique ou demander l’avis de la population pendant que les dossiers cheminent. On doit être prudent et attendre que les projets soient mûrs avant de les rendre publics», poursuit-il.
Le maire Hüsler estime que les gens auraient avantage à utiliser davantage les canaux déjà en place au lieu de chercher à en créer de nouveaux.
«La municipalité tient une assemblée publique chaque mois, où les citoyens ont l’opportunité de s’exprimer(…) La chambre de commerce est là pour parler au nom des gens d’affaires, il faut s’en servir», explique-t-il.
Le premier magistrat soutient que des «informations non fondées» circulent sur le territoire de Farnham et que certaines personnes auraient choisi de s’impliquer dans le comité de citoyens pour défendre leurs propres intérêts.
«Le conseil municipal est transparent et n’a rien à cacher. S’il y a des gens qui pensent qu’on cache des choses, qu’on s’enrichit d’une manière ou d’une autre, ils sont dans l’erreur», ajoute–t-il.
Retrait d’un administrateur
Le conseil d’administration provisoire du comité de citoyens vient de perdre un joueur.
Guy Bonneau a en effet décidé de tirer sa révérence au lendemain de la deuxième réunion.
«Je me retire, même si j’aime la cause. J’ai entendu des histoires au sujet de l’un des administrateurs et je ne veux pas m’associer à ça», explique le principal intéressé.
M. Bonneau n’aime pas non plus le ton adopté par certains intervenants…
«Les gens vont là pour se plaindre ou défendre leurs propres causes. Chialer, pour chialer, ça n’apporte rien de constructif», affirme-t-il.
M. Bonneau prône plutôt la mise sur pied d’un comité qui jouerait un rôle d’intermédiaire entre les citoyens, les gens d’affaires et la Ville.
«Ça prendrait un regroupement, qui connaît les règlements et la façon de fonctionner de l’appareil municipal, pour gérer les demandes de permis. Il faut trouver une façon de faciliter la réalisation des projets», explique-t-il.
Ce dernier laisse entendre que le comité de Bertrand Naud «est développé sans but précis» et ne répond pas à ses valeurs.