Fiabilité du RENIR: les paramédics tirent la sonnette d’alarme
SANTÉ. À l’instar de leurs confrères de Saint-Hyacinthe, de Québec et de Charlevoix, les paramédics de Farnham et de la Montérégie dénoncent les ratés du système de communication radio RENIR par la voix de leur syndicat.
«Un an et demi après son implantation en Montérégie, ce système comporte encore des failles importantes qui mettent en danger la sécurité des citoyens et celle des employés des services ambulanciers.», résume le président du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie – CSN (SPPM-CSN), Gaétan Dutil.
Le syndicaliste questionne la fiabilité du système, qui semble fonctionner de façon normale dans certains cas et présenter des problèmes d’efficacité dans d’autres cas.
«Le système fonctionne par intermittence. Il arrive qu’un paramédic reçoive l’appel et ne puisse y répondre en raison d’un problème d’ondes radio. En certaines occasions, il ne reçoit carrément pas l’appel», explique M. Dutil.
Question de vie ou de mort
Les employés du service ambulancier de Farnham ont vécu deux événements, les 22 et 23 octobre dernier, qui jettent un sérieux doute sur l’efficacité du système de communication radio.
«Le premier jour, à Mont-Saint-Grégoire, un cas d’arrêt cardio-respiratoire (priorité 0 nécessitant une intervention immédiate) a été signalé au service ambulancier de Farnham. Les paramédics de faction n’ont pu être rejoints avec le système radio et ce sont finalement des paramédics de Saint-Jean-sur-Richelieu qui ont procédé à l’intervention d’urgence», signale M. Dutil.
Une situation similaire s’est présentée le lendemain dans le secteur de Farnham.
«Dans ce cas-ci, on a mis 20 minutes à rejoindre les paramédics en raison d’un problème d’ondes radio. Il s’agissait cette fois-ci d’un citoyen aux prises avec des difficultés respiratoires. Dans notre jargon, on appelle ça une affectation priorité 1 qui nécessite une intervention rapide», précise M. Dutil.
Fort heureusement, il n’y a pas eu de conséquences fâcheuses, dans un cas comme dans l’autre, le pire ayant pu être évité.
«Quand on sait que les premières minutes sont souvent déterminantes lors d’une intervention ambulancière, pareille situation ne peut être tolérée. Il y va de la santé de la population», insiste Brigitte Croteau, vice-présidente à la prévention et à la santé-sécurité à la CSN-Montérégie.
Sécurité du personnel ambulancier
Le SPPM-CSN rapporte par ailleurs un événement récent, datant de trois semaines, au cours duquel un paramédic de la région s’est fait agresser par un client, mais n’a pas été en mesure d’appeler à l’aide.
«Comme le bouton de panique de son radio ne fonctionnait pas, il a dû se débrouiller seul. Dans notre métier, on peut être confronté à des individus agressifs ou à des gens aux prises avec une psychose, une maladie mentale. Il est donc primordial d’avoir un système de communication fiable», plaide le président du SPPM-CSN.
Le syndicat dit également avoir eu vent de problèmes de communication entre des paramédics et des hôpitaux de la région susceptibles d’occasionner des délais au niveau des préparatifs de la salle d’urgence. Il semble que les ondes radio aient de nouveau été en cause.
Des solutions au problème?
Diverses mesures ont été prises dans la région de Farnham et ailleurs dans l’espoir d’améliorer la fiabilité du système de communication radio, mais on n’a pas obtenu les résultats souhaités.
«Des tours cellulaires ont été ajoutées sur le territoire, mais ça n’a pas réglé le problème. On a également ajouté des répétiteurs dans les véhicules, sans plus de succès», indique M. Dutil.
De leur côté, les employeurs affirment ne pas avoir le choix d’utiliser le système de communication radio RENIR qui leur a été imposé par le gouvernement du Québec.
«Il s’agit d’une technologie désuète datant du début des années 2000. La seule façon de régler le problème, c’est d’opter pour un nouveau système», insiste Mme Croteau.
Cette dernière ajoute que la Sûreté du Québec a connu son lot de difficultés avec le système, pour finalement le retirer de la circulation.