Gare de Farnham: le député Denis Paradis s’invite dans le dossier

PATRIMOINE. La gare de Farnham est en piètre état, tant et si bien que la compagnie Central Maine & Québec Railway ne sait plus quoi en faire. La Ville de Farnham cherche une nouvelle vocation à l’immeuble alors que le député fédéral Denis Paradis est en quête de financement pour le restaurer.

La Central Maine & Québec Railway (CMQR) a hérité d’un cadeau empoisonné, voilà deux ans, lors de l’acquisition des actifs de la Montreal Maine & Atlantic Railway (MMA). Elle souhaite maintenant se départir de la vieille gare ferroviaire de Farnham et l’a notamment offerte à la municipalité pour un montant symbolique. Cette dernière a refusé l’offre en raison du coût élevé des travaux de réfection nécessaires à la remise en état du bâtiment.

Devant ce refus, la CMQR s’est adressée à Ottawa dans l’espoir d’obtenir les autorisations requises pour démolir la gare. Compte tenu du caractère patrimonial des installations, le bâtiment ne peut être démoli sans la permission des autorités gouvernementales canadiennes.

«Tout permet de croire qu’il serait plus facile d’aller chercher du financement pour restaurer la gare que d’obtenir la bénédiction du conseil des ministres pour la démolir», affirme le député Paradis.

On ignore combien pourrait coûter la réfection de l’édifice, mais certains parlent d’une facture de 500 000 $ à 700 000 $ s’il conserve une vocation privée et de 1 M$ s’il devient un lieu public.

Nouvelle vocation

Les trois parties impliquées dans le dossier (compagnie ferroviaire, municipalité et député fédéral) se sont rencontrées à trois reprises depuis le début de l’été afin pour trouver des avenues de solution d’ordres pratique et financier à un problème qui paraissait insoluble à prime abord. Une nouvelle rencontre est prévue pour janvier prochain.

Comme la CMQR a déjà relocalisé son centre opérationnel à l’écart de la cour de triage et n’utilise pas les locaux de la vieille gare, il faut d’abord lui trouver une nouvelle vocation.

La Ville de Farnham a déjà fait une première démarche en ce sens en invitant les citoyens à lui soumettre des idées par le biais de son site Internet et du bulletin municipal Le Crieur public. Certains ont proposé de transformer la gare en musée, d’autres en centre de loisirs ou en bibliothèque publique.

«Le problème, c’est que la gare est enclavée entre les voies ferroviaires et les espaces de stationnement sont peu nombreux», indique le directeur général de la municipalité, François Giasson.

Tous les intervenants s’entendent pour dire que le démantèlement de la voie d’évitement et sa relocalisation du côté de la voie principale permettraient de sécuriser les lieux et d’accueillir le public dans l’ancienne gare.

«Selon la CMQR, le déplacement de la voie d’évitement et sa relocalisation pourraient coûter jusqu’à 1 M$, mais cette option serait toutefois moins onéreuse que l’aménagement d’un passage souterrain», ajoute M. Giasson.

Ce dernier est d’avis que la compagnie ferroviaire ne peut se départir d’un bâtiment enclavé au beau milieu de sa propriété, mais pourrait très bien le louer à la municipalité ou à une autre partie pour une période de 30, 50, 100 ans.

Deux projets liés

Le député Paradis croit par ailleurs que le projet de relocalisation de la voie d’évitement doit aller de pair avec la réfection de la voie ferrée entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Sherbrooke.

«Les gens de la CMQR nous ont dit que la mise à niveau d’une ligne ferroviaire pouvant accueillir un train circulant à 45 milles/heure pourrait coûter environ 25 M$. Si on l’aménage de manière à permettre à un train de circuler à 60 milles/heure, la facture serait beaucoup plus élevée et pourrait grimper à 40 M$», indique l’adjoint du député Denis Paradis, Julien Lavallée, qui a assisté aux trois rencontres entre les parties.

Le député Paradis ajoute que la réfection de la voie ferrée est une étape préalable à la mise sur pied d’un service d’un train de passagers entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Sherbrooke, un projet dont on entend parler depuis nombre d’années déjà.

Ce dernier estime que les projets liés au transport ferroviaire dans Brome-Missisquoi pourraient très bien se qualifier pour deux des trois volets (celui de l’économie verte et celui du transport collectif) du programme d’infrastructures du gouvernement fédéral doté d’une enveloppe de 120 G$ sur dix ans. Des fonds seront également disponibles pour des projets de développement durable dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire du Canada.

«Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et soumettre nos demandes le plus rapidement possible avant que les grands centres – Montréal, Québec, Toronto, Vancouver, etc. – ramassent tout l’argent disponible», insiste M. Paradis.

Le député entend tout mettre en œuvre pour rencontrer les «personnes clés» du ministère du Patrimoine, du ministère des Transports et du ministère des Infrastructures dans les plus brefs délais.

«J’ai déjà obtenu une rencontre pour la mi-décembre avec les gens du ministère des Transports et j’entends inviter le président de la compagnie ferroviaire CMQR à y assister», précise M. Paradis.

Selon l’adjoint du député, il importe avant tout pour les diverses parties en cause de s’entendre sur les grands principes et d’établir un calendrier de travail.

«Chacun a des devoirs à faire: la Ville doit trouver un nouvel usage pour la gare, le député doit réunir tous les intervenants liés au dossier et trouver le financement nécessaire à la réalisation du projet, la compagnie ferroviaire doit à chiffrer de façon plus précise les coûts de relocalisation de la voie d’évitement et de mise à niveau du tronçon Saint-Jean-Sherbrooke», résume M. Lavallée.