Hélène Campbell et les droits des agricultrices
AGRICULTURE. Hélene Campbell, propriétaire de la Ferme Hélène Campbell inc., a remporté un prix de reconnaissance au dernier gala des Agricultrices de la Montérégie pour son implication soutenue dans le milieu agricole. Voici un portrait de cette femme militante qui gère ses deux fermes biologiques à l’aide de ses enfants, en plus d’être impliquée auprès du conseil municipal de Pike River et de l’AFÉAS de Pike River.
« Je vais me battre jusqu’à ma mort pour défendre les droits des femmes. Depuis toujours, si je vois qu’il y a une injustice, je vais aller prendre la défense de l’autre. Je me suis toujours battu pour les nobles causes de l’agriculture. Entre autres dans des dossiers municipaux sur les séchoirs à grains, le passage des pipelines sur nos terres ou les projets d’éoliennes », lance Hélène Campbell, dont les entreprises agricoles sont localisées à Saint-Sébastien et Pike River.
Impliquée depuis des années sur le plan social, cette femme énergique a également travaillé fort pour laisser une partie de son patrimoine à ses filles. Peu après son mariage, elle a signé un contrat de séparation des biens. Son plan était d’acheter ses propres terres et ne pas partager celles de son mari.
« Mon père a vendu la ferme à deux de mes frères. Il ne voyait que pour ses garçons. Pour cette raison, je voulais construire mon propre patrimoine. J’ai eu raison de faire ça avec mes six enfants parce que je ne suis pas certaine que mon mari aurait laissé des terres à mes quatre filles si je n’avais pas eu les miennes », affirme Mme Campbell.
Débuts
Hélène Campbell a grandi sur une ferme à Henryville. Pendant sa jeunesse, elle a énormément aidé ses parents en s’occupant des animaux. À ses 18 ans, elle a étudié comme commis-comptable pour se libérer « du travail dur à la ferme ». Elle se rappelle toutefois que le travail au bureau n’a pas duré longtemps. « Je m’y sentais prisonnière. On pouvait sortir la fille de la ferme, mais pas l’amour de l’agriculture de la fille », lance-t-elle en s’esclaffant.
Mme Campbell est revenue travailler dans les champs un an après pour aider son mari à la ferme Asnong de Pike River. Elle a réussi à acheter ses premières terres en 1976 sous le nom d’une société collective avec son mari qui opérait au nom de la ferme Asnong. À cette époque, « les banques ne me faisaient pas confiance comme femme seule pour le prêt agricole. Il faut aussi dire que j’avais un notaire plus traditionnel qui ne voyait pas d’un bon œil qu’une femme possède ses propres terres », ajoute-t-elle.
Propriétaire
Mme Campbell a réussi à obtenir son permis d’agricultrice en 1987. C’est à ce moment qu’elle a dissout la société avec son mari pour commencer à exploiter ses terres à Saint-Sébastien et Pike River. Aujourd’hui, elle sème des produits biologiques, dont du soya, de l’orge et du maïs. Elle est accompagnée de ses enfants qui sont actionnaires de la ferme Hélène Campbell.
« On a fait la transition vers le biologique en 2014 après que les fermes Asnong de mon mari l’aient fait en 2008. Ce sont mes enfants Annabelle et Ian qui s’occupent de l’entreprise familiale. Je leur laisse beaucoup de place pour les décisions. Récemment, ils ont commencé à semer de l’orge pour la vendre aux microbrasseries », conclut Mme Campbell.
Petits-enfants
Elle prévoit léguer ses terres à ses enfants pour pouvoir s’occuper de ses six petits-enfants et des causes sociales qui lui tiennent à cœur. Elle affirme que son but est de prendre soin des terres avec sa famille afin qu’elles soient en bonne santé pour les futures générations. Parmi ses enfants deux travaillent pour la Ferme Asnong de son mari, deux s’occupent de la ferme Hélène Campbell inc., une est médecin et une autre travaille comme agente d’inspection des aliments.