Jacques Landry, fier de la transformation de Venise-en-Québec

Par Marie-Josée Parent

MUNICIPAL. Si vous pensez qu’il est facile d’être maire d’une petite municipalité, mettez-vous quelques heures dans la peau de Jacques Landry. Les responsabilités vous rattraperont rapidement, votre téléphone sonnera sans arrêt, vos citoyens vous parleront de mille et une choses et les détails vous hanteront.

Tout cela est un énorme nuage qui plane au-dessus de la tête du maire de Venise-en-Québec depuis 2005. À 70 ans, Jacques Landry vient d’être réélu pour la deuxième fois par acclamation. Il entame son quatrième mandat consécutif à l’hôtel de ville.

Le mot «retraite», il ne connaît pas. Ne lui parlez pas de ralentir la cadence, le workaholic carbure aux idées et aux projets pour améliorer la qualité de vie de ses 1725 citoyens et embellir sa municipalité en bordure du lac Champlain.

Il faut ajouter à cette charge qu’il travaille toujours à temps plein comme conseiller en placements chez Desjardins. De la maison ou de son bureau à Montréal, il scrute ses écrans d’ordinateur continuellement à la recherche des meilleures occasions d’affaires pour ses clients.

Coup de cœur

Originaire de Cap-de-la-Madeleine, près de Trois-Rivières, Jacques Landry n’avait jamais pensé s’installer en Montérégie avant l’an 2000.

«Ma compagne, Lyne (Viau) et moi avions un condo à Montréal, mais une de nos amies vivait ici. Un jour, pendant une partie de golf, Lyne m’appelle en me disant qu’elle vient de découvrir un beau chalet à vendre sur le bord du lac. Je lui dis tout simplement « Achète-le ». Je ne suis même pas venu le voir. Je l’ai découvert trois semaines après l’avoir acquis», se souvient-il en riant.

À sa première visite dans la municipalité, il a un coup de cœur immédiat. «Mon fun s’est cassé en 2002, lorsque Lyne est partie en vélo et s’est fait frapper (sur le rang des Ducharme à Pike River)», rappelle-t-il sans s’attarder davantage sur cette tragédie.

Souvenirs

La plaie d’avoir perdu sa conjointe, décédée à l’âge 35 ans, semble encore vive. C’est toutefois l’un des éléments qui l’a motivé à s’impliquer dans sa nouvelle communauté, d’abord en faisant l’acquisition de trois villas champêtres pour partager son amour de la région avec les touristes.

L’une des maisonnettes est baptisée «Sous les ailes de Lyne». Il ne s’agit pas du premier chalet du couple. «Celui-là, il n’est pas pour la location. Ce sont mes souvenirs. Je n’y touche pas», précise celui qui est père de trois enfants d’une précédente union.

Mobilisateur

Venise-en-Québec n’est plus la même depuis l’élection de Jacques Landry. Le paysage est toujours aussi beau, mais le décor du village s’est complètement transformé.

«Au début des années 2000, tout était d’un autre temps. On vivait comme au boom de Venise-en-Québec dans les années 50 et 60, où on faisait la fête sans le .08. Cette époque est révolue», rappelle l’élu.

Pour développer des projets susceptibles de ramener les touristes, une trentaine de résidents ont choisi d’investir 5000 $. Un premier vent de changement soufflait sur la municipalité.

Puis, il y a eu les inondations en 2011. La localité a été paralysée pendant deux mois. Malgré les heures innombrables consacrées à bâtir des digues, puis à nettoyer les terrains, Jacques Landry garde un bon souvenir: celui de l’entraide entre ses citoyens. Il voit cet événement comme un tournant marquant où sa communauté s’est soudée pour en ressortir plus forte. Le bénévolat fait maintenant partie des mœurs.

Activités

Sous sa gouverne, la municipalité s’est dotée d’un tour cycliste, d’un sentier de randonnée en partie sur pilotis, d’un tournoi de hockey d’antan, d’un festival de fat bike, d’un parc avec jeux d’eau et d’une maison des jeunes.

L’ancien presbytère a été transformé en centre d’exposition et un marché des artisans avec huit maisonnettes permanentes a été aménagé à proximité.

C’est sans oublier les projets d’affaires qui se sont multipliés. Tout a commencé avec les Croisières du lac Champlain. Puis, il a fallu penser à loger les nouveaux vacanciers. Ils ont maintenant accès à une auberge et un hôtel luxueux avec spa. L’offre alimentaire s’est également diversifiée avec la construction du restaurant O’Vive et le Marina Club.

«Mon prochain projet est d’avoir de nouveaux quais pour attirer plus de plaisanciers de passage, dévoile le maire. Il n’y a aucune grande marina au nord du lac Champlain comme on en retrouve à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix».

Fondation

Jacques Landry a aussi un souci constant: celui d’améliorer la vie des enfants. Le jour de l’entrevue, il avait passé la matinée à chercher des ballons, des bâtons de hockey et des balles pour les offrir aux élèves de l’école Capitaine-Luc-Fortin, à Saint-Sébastien. Plus de la moitié des bambins qui fréquentent l’établissement scolaire sont originaires de sa municipalité.

Ce n’est pas la première fois que ce père de famille se mobilise pour la jeunesse. L’été dernier, la première édition du tournoi de golf du maire de Venise-en-Québec a permis d’amasser 28 000 $. Deux repas de cafétéria par semaine sont maintenant offerts à tous les enfants à moitié prix.

Le 1er décembre 2017, l’infatigable touche-à-tout a officiellement lancé la Fondation Jacques Landry pour l’enfance. «C’est pour aider la maison des jeunes et l’école. On veut monter le compte de banque assez haut pour que le manque d’argent ne soit jamais un frein à des projets pour les enfants», explique-t-il.

«Les gens de Venise-en-Québec ne le savent pas encore, précise-t-il. C’est vraiment nouveau. Nous allons accumuler des fonds avec des croisières en bateau, des tournois de golf et des soupers.»

«Mon grand plaisir dans la vie, c’est la possibilité de donner du bonheur aux plus jeunes, conclut-il. Les enfants ne sont pas les plus heureux là-dedans, c’est moi qui le suis.»