La Boutique Jocelyne Casavant en mode fermeture

FARNHAM. Les propriétaires de la Boutique Jocelyne Casavant ont le cœur gros. Les deux dames s’apprêtent à mettre la clé dans la porte de leur établissement commercial après plus de trois décennies en affaires.

«La décision n’a pas été facile à prendre, mais c’était la seule possible. Mon état de santé ne me donnait vraiment plus le choix», indique Mélanie Brien, qui s’est jointe à l’entreprise familiale en 1993 à titre de copropriétaire.

La quadragénaire éprouve de la difficulté avec son bras droit depuis l’été 2015. Une blessure mineure – la déchirure d’un muscle – qui s’est aggravée avec le temps et a donné lieu à toutes sortes de complications.

«Couper des fleurs, accrocher des cadres, prendre des mesures ou emballer des cadeaux avec un bras qui ne répond plus, c’est l’enfer. J’ai beau faire de l’exercice tous les jours et recevoir des traitements, ça ne suffit plus», affirme Mme Brien.

Cette dernière dit avoir gardé espoir de se rétablir jusqu’à tout récemment et n’a donc pas jugé utile d’entreprendre des démarches pour revendre le commerce.

«Mélanie a toujours le feu sacré. C’est une artiste dans l’âme, qui doit se résoudre à mettre sa passion de côté pour se consacrer à autre chose», indique Jocelyne Casavant, en faisant référence à sa fille et associée.

Satisfaction

Les deux femmes évoluent dans le milieu du cadeau et de la décoration depuis des décennies. C’est donc à contrecoeur qu’elles voient leur boutique se vider petit à petit au gré de la vente de fermeture.

«Je me suis rendue à Toronto, au début de février, pour le salon du cadeau. J’y ai acheté plein de nouvelles choses et je continue encore à m’en procurer, comme si je ne pouvais me résoudre à voir des espaces vides dans le magasin», signale Mme Brien.

Les propriétaires ont fait part de leur décision à leurs amis Facebook et à leurs clients réguliers dans un premier temps, avant de l’annoncer publiquement, par le biais de la radio et des journaux, il y a quelques jours.

«J’ai eu la chance de travailler dans un domaine que j’aimais, de pratiquer un métier axé sur la création. J’ai toujours adoré le contact avec les gens et c’est sans doute ce qui va me manquer le plus», précise Mme Casavant.

Mme Brien gardera elle aussi un souvenir impérissable de toutes ces années passées à la Boutique Jocelyne Casavant.

«Travailler avec les membres de sa famille, c’est un très gros privilège. J’ai partagé le quotidien de mon père pendant quatre ans, à la fin de mes études, puis j’ai fait la même chose avec ma mère pendant 24 autres années», affirme la plus jeune des deux copropriétaires.

Jocelyne et Mélanie partagent le même souhait: voir la boutique reprendre vie après sa fermeture avec la venue de nouveaux propriétaires.

«Nous sommes mêmes disposées à donner un coup de main à un éventuel acheteur, car on estime que l’entreprise a un potentiel énorme et on y croit plus que jamais», lancent à l’unisson les deux principales intéressées.

Et l’avenir?

Mélanie Brien est encore trop jeune pour la retraite et entend continuer à œuvrer dans le domaine du service à la clientèle.

«Je viens de commencer un nouveau travail et je m’occupe déjà d’une douzaine de clients», indique-t-elle, sans fournir plus de précisions.

Depuis son départ à la retraite, il y a maintenant six ans, Jocelyne Casavant a continué à donner un coup de main à sa fille et à épauler Nathalie Turcotte, une fidèle employée en poste depuis huit ans, durant les vacances annuelles et la période des Fêtes.

«Nous avons la chance de pouvoir compter sur une fidèle clientèle, qui provient aussi bien de Magog, Valcourt, Saint-Hyacinthe, Saint-Basile-le-Grand et Montréal que de Farnham et la région immédiate. Certains clients ont commencé à s’approvisionner chez nous pour un baptême ou un mariage, puis sont revenus pour les anniversaires de leurs proches. Plusieurs d’entre eux sont devenus des amis au fil du temps. J’ai apprécié recevoir leurs confidences tout au long de ces années et j’en garde un excellent souvenir», poursuit Mme Casavant.

Des débuts modestes

La Boutique Jocelyne Casavant a vu le jour en 1981, en pleine récession économique. Le plus jeune des enfants de la propriétaire venait de faire son entrée à l’école et cette dernière était à la recherche d’un nouveau défi.

«J’ai aménagé un petit coin cadeaux dans le magasin de meubles de mon conjoint, Jacques Brien, qui avait repris l’entreprise de son père Urbain au début des années 70. Au fil des ans, la boutique a pris de plus en plus de place pour finalement occuper tout l’espace. Le magasin de meubles a fermé ses portes à la fin des années 80», précise Mme Casavant.

Au tournant du siècle, la Boutique Jocelyne Casavant comptait 18 employés et deux locaux: un premier à Farnham et un autre à Granby. L’aventure granbyenne aura duré six ans, soit de 2001 à 2007.

L’immeuble de Farnham est actuellement à vendre.

«La boutique de cadeaux et de décoration va être subdivisée en deux locaux. Ça devrait se faire sous peu, après la vente de fermeture», précise Mme Casavant.