La Couronne demande 2 ans de prison

TRIBUNAL. «J’espère juste que quand je serai en prison, ça va vous soulager.» Six mois après avoir plaidé coupable aux deux chefs d’accusation de conduite dangereuse causant la mort de Natasha Lavigne et d’Alexandra Laliberté, Sarah Cousineau Denis était de retour devant la justice, vendredi, pour les représentations sur sentence. La jeune femme, maintenant âgée de 20 ans, a pris grand soin d’éviter tout contact avec les journalistes et les caméras des médias. 

L’ambiance était tendue dans la salle d’audience du palais de justice de Granby qui était pleine à craquer pour l’occasion. Sarah Cousineau Denis ne s’est pas présentée à la barre pour s’exprimer avant les représentations sur sentence. Elle a plutôt choisi d’écrire une lettre lue par son avocat, Me Pierre Poupart. 

L’accusée, qui est demeurée impassible durant toute la durée de l’audience, a fait part des difficultés qu’elle vit depuis le 12 novembre 2012. Vivant avec des séquelles physiques, mais aussi psychologiques, elle s’est dite désolée. Elle affirme ne pas se souvenir des circonstances de l’accident, seulement que les filles avaient beaucoup de plaisir et qu’elles écoutaient de la musique lors d’une virée autour du lac Brome.

Minimum deux ans de prison

La Couronne, représentée par Me Geneviève Cardin, a souligné les excuses tardives et timides de l’accusée. «La douleur provient de la mère [qui s’est exprimée à chaudes larmes devant la cour], pas de la jeune fille», indique Me Cardin. Citant le rapport présentenciel, l’avocate relève que Mme Cousineau «n’aurait jamais conduit volontairement de cette façon». «Elle a une capacité d’introspection limitée. Cette lettre, les familles l’ont aujourd’hui. Je trouve difficile qu’elle offre des excuses à la dernière minute et que ce soit de timides excuses.»

Durant sa plaidoirie, la Couronne a précisé que «ce qui doit être puni, c’est la témérité et l’insouciance de Sarah Cousineau Denis.»

Me Geneviève Cardin recommande qu’une peine de pénitencier d’un minimum de deux ans soit imposée à Sarah Cousineau.

Responsabilité assumée

Dans son énoncé, Me Pierre Poupart, pour la défense, a indiqué que sa cliente assume l’entière responsabilité de l’accident. «Il y a une partie d’elle qui est morte [ce jour-là]. […] Elle ne s’autorise pas à être heureuse.» En plus d’indiquer que sa cliente souffre d’un deuil pathologique, il a souligné que Mme Cousineau présentait un faible risque de récidive et qu’elle est prête à assumer la sentence.

Me Poupart n’a pas fait de recommandation précise. Il a suggéré «une peine privative de liberté du nombre de mois jugée suffisamment courte pour que la souffrance de cette fille soit minimisée.» Le juge Serge Champoux a pris la cause en délibéré. Il rendra sa sentence le 4 février prochain.

Des témoignages émouvants

«Nous ne vivons plus, nous fonctionnons. Nos cœurs ont été arrachés. […] Il n’y a pas de différence entre ça et un meurtre. […] Nous, notre sentence à vie, on l’a eu il y a deux ans. […] «On aurait aimé que l’accusée démontre des remords. […] La vie de ma fille vaut plus que de simples travaux communautaires» – Quelques extraits de la lettre écrite et lue par Lyne Hébert, la mère de Natasha Lavigne.

«Depuis ce jour, il y a un immense vide et une douleur vive dans notre cœur. Et ce n’est pas dans la normalité d’enterrer sa petite-fille et de voir sa fille pleurer son âme. […] Rien ne nous ramènera Alexandra, mais pour apaiser la peine, on aurait aimé voir des remords et une prise de conscience de Sarah Cousineau Denis, mais la culpabilité n’est pas au rendez-vous» – Quelques extraits de la lettre écrite et lue par le grand-père d’Alexandra (photo), Michel Laliberté.

Sarah Cousineau a écrit une lettre lue par son avocat. Voici quelques passages.

«Je suis désolée, mais mille excuses ne changeront rien. […] Je ne peux même pas vivre avec moi-même sans pilule. […] Je ne vous demande pas de me pardonner parce que je ne me pardonne pas à moi-même. […] J’espère juste que quand je serai en prison que ça va vous soulager. […] J’ai choisi d’assumer la responsabilité de mes actes pour éviter de tout revivre et éviter les délais.»

Deux vies fauchées dans une spectaculaire embardée

13h09

Le 12 novembre 2012, Sarah Cousineau Denis circulait sur le chemin Bondville à Lac-Brome lorsqu’elle a perdu le contrôle de la Mercedes qu’elle conduisait, tuant sur le coup Alexandra Laliberté et Natasha Lavigne, respectivement âgée de 19 et 18 ans.

Un long vol plané

Selon les conclusions de l’expert en enquête collision, Sarah Cousineau a perdu le contrôle du VUS qui a fait un vol plané après avoir percuté le bord d’un fossé. Dans son capotage, le VUS a percuté une pancarte de signalisation située à deux mètres du sol, a sectionné un arbre avant d’en percuter un second. Le VUS a atterri à 21,5 mètres de son point d’envol.

105 km/h

Le véhicule aurait circulé à une vitesse minimale de 105 km/h, dans une zone de 50.