La Ferme Missiska se lance dans la transformation
AGROALIMENTAIRE. Les propriétaires de la ferme Missiska, Caroline Pelletier et Paulin Bard, se lancent dans la transformation du lait Jersey avec l’ouverture d’une fromagerie artisanale à Bedford.
«Quand vient le temps de prendre de l’expansion, les producteurs ont deux choix: acquérir de nouveaux lopins de terre à fort prix – de 12 000 $ à 15 000 $ l’acre – ou relever le défi de la diversification. Nous avons choisi la deuxième option», résume M. Bard, détenteur d’un diplôme d’études en production animale de l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe.
Conscients de l’ampleur du défi à relever, M. Bard et sa conjointe ont pris toutes les mesures nécessaires pour garantir le succès de l’opération. Ce couple dans la mi-trentaine a notamment fait appel aux services du Centre local de développement de Brome-Missisquoi (plan d’affaires, montage financier, programme d’accompagnement au démarrage d’entreprise), du Centre d’expertise fromagère du Québec (choix et développement des produits, sélection des équipements), de la firme Papilles Développement (identité culinaire, commercialisation, tourisme gourmand), de la Cellule de mentorat d’affaires de Brome-Missisquoi (coaching, accompagnement) et d’une firme d’ingénieurs spécialisée dans le domaine agroalimentaire (conception des plans de la fromagerie, surveillance des travaux). Rien n’a été laissé au hasard!
«En octobre 2016, je me suis également rendue à l’École nationale d’industrie laitière ENILBIO de Poligny, dans le cadre d’une mission en France», signale Mme Pelletier, bachelière en agronomie de l’Université Laval.
Propriétés du lait Jersey
La Ferme Missiska – nom formé des premières lettres de Missisquoi et des dernières lettres de Kamouraska, lieux de naissance des deux propriétaires – entend valoriser le lait de son troupeau Jersey en le transformant en fromage.
«Nous aurons ainsi le plein contrôle, de la production du lait jusqu’à sa transformation en fromage», précise Mme Pelletier.
Le couple de producteurs de Saint-Armand met tout en œuvre depuis 2008 afin d’améliorer son troupeau et ses efforts portent fruit.
«Notre troupeau de vaches Jersey se classe cinquième au Québec en termes de production. Nos vaches produisent en moyenne 8 129 kilos de lait par période de 305 jours alors que la moyenne québécoise pour cette race se situe aux alentours de 6 000 kilos», indique Mme Pelletier.
M. Bard et Mme Pelletier prévoient être en mesure de transformer la totalité des 250 000 litres de lait produits par leurs 30 vaches en lactation d’ici cinq ans.
«Un camion-citerne va déposer à notre usine de Bedford la quantité de lait répondant à nos besoins immédiats, puis acheminer le reste dans le réseau de distribution régulier», explique la copropriétaire.
Cette dernière prend soin de rappeler que le lait Jersey de son troupeau possède toutes les qualités requises pour production fromagère avec un taux de gras de 5 % et un taux de protéines de 4,1 %.
Local et équipement
La fromagerie Missiska, d’une superficie de production de 3 000 pi2, sera située à l’entrée nord de Bedford.
L’ancienne ébénisterie de la route 235, acquise en février dernier par le couple de producteurs laitiers de Saint-Armand, a subi d’importantes transformations pour répondre aux besoins des nouveaux occupants. Une deuxième section est par ailleurs venue se greffer au bâtiment d’origine.
«Le rez-de-chaussée sera dédié à la production alors que le deuxième étage abritera le laboratoire, les bureaux, les salles de mécanique et d’électricité», explique Mme Pelletier.
Les propriétaires ont par ailleurs procédé, en décembre dernier, à l’acquisition des anciens équipements de la Beurrerie du patrimoine, une entreprise de Compton ayant fermé ses portes en septembre 2015.
«Nous avons mis la main sur une bonne quantité d’équipements: claies, bassins, tables d’égouttage, études à yogourt, pasteurisateur et autres», ajoute M. Bard.
Les travaux d’agrandissement devraient être complétés au début de novembre et l’ouverture de la fromagerie devrait suivre vers la mi-décembre.
«Nous allons profiter des deux prochains mois pour compléter l’aménagement des locaux et poursuivre les tests en laboratoire», poursuit Mme Pelletier.