La grogne s’intensifie entre Denis Paradis et son association de comté

POLITIQUE. À un an des élections fédérales, un profond différend persiste entre le député libéral Denis Paradis et sa propre association de comté dans Brome-Missisquoi.

L’ancien président de l’Association libérale fédérale de cette circonscription, Stéphane Beaulac, accentue la pression amorcée en août dernier par le nouvel exécutif élu en août dernier.

On demandait alors la tenue d’une investiture pour affronter le candidat sélectionné par le Parti libéral, en l’occurrence Denis Paradis. L’action de ce groupe était notamment motivée par le désir de changer les pratiques actuelles, «souvent éthiquement questionnables sous le leadership de M. Paradis.»

M. Beaulac persiste et signe, car il sait que la direction actuelle de l’association a les mains liées. Il déplore les agissements du Parti libéral, qui menace de démettre de leurs fonctions les membres du nouvel exécutif, si ces derniers n’arrêtent pas leur pression sur M. Paradis. «Il est troublant de se faire dire ce type de menace, lance M. Beaulac. Rappelons que l’équipe présidée par Guillaume Tétreault a été élue, il y a deux mois, avec un appui massif des militants. Soyons clair, si une telle menace est mise à exécution, il s’agirait d’un pied de nez à la volonté populaire des Libéraux de Brome-Missisquoi.»

Stéphane Beaulac brandit une pétition qui circule actuellement dans le comté. Selon lui, les quelque 430 signataires réclament tout simplement la tenue d’une investiture afin que les membres décident eux-mêmes de leur candidat, pas les hautes instances du Parti libéral.

Il assure qu’il ne s’agit pas d’une tentative de putsch pour déloger M. Paradis. «On ne souhaite pas le tasser, on veut consulter les membres», résume-t-il.

Quant à son propre intérêt à se présenter candidat dans Brome-Missisquoi, Stéphane Beaulac avoue y avoir déjà songé. Il ne ferme pas la porte, mais précise que son intérêt diminue de plus en plus. «Je ne cherche pas d’emploi, car ma position actuelle de professeur titulaire en droit international et constitutionnel à la Faculté de droit de l’Université de Montréal me satisfait pleinement», dit-il.

Il tient néanmoins à ajouter qu’un jour, il pourrait faire un saut en politique fédérale. «Mais ce qui est de plus en plus clair, ça risque de ne pas être avec le Parti libéral du Canada, qui a des carences sérieuses sur le plan de sa gouvernance interne», clarifie-t-il.

Les reproches adressés à Denis Paradis concernent son manque d’accessibilité, sa faible présence sur le terrain et des problèmes sur le plan de l’éthique, selon les dirigeants de l’association libérale.

M. Beaulac remet notamment en question la pertinence des événements politiques à 400 $, ce qui limite, selon lui, l’accès au député qu’aux gens aisés financièrement. «De plus, non seulement le fait que le personnel parlementaire et politique est souvent mélangé, mais encore plus problématique est la ligne entre les activités publiques et privées du député (dont son vignoble), qui est allègrement ignorée, sans égard aux conflits d’intérêts», s’inquiète-t-il.

Cette controverse déborde jusqu’à Ottawa. Le journal The Hill Times, un média de la colline parlementaire, a publié deux longs articles à ce sujet, le 3 septembre et le 22 octobre. Le premier parlait du nouvel exécutif qui demandait à M. Paradis de ne pas se représenter, tandis que le second faisait était des menaces du Parti libéral.

Le président actuel endosse la position de Beaulac

Le président actuel de l’Association libéral de Brome-Missisquoi, Guillaume Tétreault, endosse les propos de Stéphane Beaulac. Se sentant les mains liées en raison de la menace du Parti libéral, il apprécie l’initiative de son prédécesseur pour défendre la vision des militants.

Il assure que son but n’est pas de destituer Denis Paradis, mais d’obtenir une investiture pour débattre des enjeux du comté. «C’est dommage, car le parti défend plus les candidats que l’avis des membres», déplore-t-il.