La MRC de Brome-Missisquoi appuie Agrocentre Farnham
AGRICULTURE. La MRC de Brome-Missisquoi demande à la CPTAQ de revoir son orientation préliminaire au sujet du projet d’agrandissement du commerce de vente d’intrants d’Agrocentre Farnham inc.
Dans une décision rendue en mai dernier, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) signale que la réalisation du projet entraînerait la perte de 1,82 hectare de sol de bonne qualité (classe 3 à 90 % – classe 5 à 10 %) et activement cultivé (production de maïs) tout en découpant l’arrière de la terre en culture.
«La préservation de l’homogénéité du milieu pourrait être aussi affectée du fait qu’une autorisation viendrait agrandir un îlot déstructuré et pourrait entraîner une demande d’agrandissement similaire pour le commerce de vente de machinerie situé juste en face. Comment refuser à l’un ce que la Commission autoriserait à l’autre?», se demandent Me Hélène Lupien, commissaire et Guy Lebel, vice-président de la CPTAQ.
La CPTAQ dit comprendre que l’entreprise investira beaucoup d’argent pour la construction ou la mise à niveau par d’importes réparations aux bâtiments existants. Elle se demande toutefois si l’heure n’est pas venue de questionner le repositionnement des installations de l’entreprise plutôt que d’empiéter dans la bonne terre, car dit-elle, ce type d’entreprise peut avoir du succès et nécessiter plus d’espace (et par conséquent, un autre agrandissement).
«L’agrandissement demandé porterait la superficie utilisée à des fins commerciales à plus de trois hectares, soit cinq fois la superficie initiale. Bien que les activités commerciales exercées par Agrocentre Farnham soit complémentaires à l’agriculture et soutiennent le développement économique du secteur, une telle intensification serait dommageable pour la ressource», ajoutent les porte-parole de la CPTAQ.
Position de l’entreprise
Agrocentre Farnham spécifie avoir besoin d’espaces additionnels puisque le plan d’engrais fonctionne au maximum de sa capacité et que le garage-atelier est trop petit.
L’agrandissement demandé permettrait de revoir l’ensemble des opérations, de relocaliser le plan d’engrais actuel ou d’en construire un nouveau, d’agrandir ou reconstruire le garage-atelier et d’installer une balance à camion.
«Je ne vois pas pourquoi notre projet ne passerait pas, car je suis certain qu’il y a de la bonne volonté de part et d’autre. Le dossier a peut-être été mal expliqué ou mal compris, mais les discussions sont loin d’être terminées. Il ne faut pas voir la décision de la CPTAQ comme un refus définitif, mais comme une orientation préliminaire», indique Raymond Lemoine, président de l’entreprise.
Ce dernier prend soin d’ajouter qu’Agrocentre Farnham est une entreprise à vocation agricole, qui ne dessert que les agriculteurs.
«Un commerce comme le nôtre qui achète du grain, vend des intrants et offre des services aux agriculteurs, ça doit rester en zone agricole», soutient le principal intéressé.
Le maire Albert Santerre, qui figure parmi les principaux porte-parole de la MRC de Brome-Missisquoi en matière d’agriculture, abonde dans le même sens.
«Agrocentre Farnham offre des produits et services essentiels aux agriculteurs. La présence de ses installations en milieu agricole est également un facteur important, car plusieurs producteurs s’approvisionnent directement sur place avec leur machinerie. Il faut qu’Agrocentre Farnham reste en milieu agricole et puisse avoir la possibilité de s’agrandir», insiste-t-il.
Soutien de la MRC
La MRC de Brome-Missisquoi appuie le projet d’agrandissement de l’entreprise tout en disant comprendre les inquiétudes de la CPTAQ. Elle reconnait d’ailleurs que l’emplacement ne serait pas optimal si la demande portait sur l’implantation d’un nouvel usage (et non l’agrandissement d’un usage existant comme c’est ici le cas).
La MRC soutient également que le repositionnement d’Agrocentre Farnham dans un milieu urbanisé et densifié s’avère impossible, car sa classe de risque en matière d’incendie est très élevée. L’entreprise possède notamment des réservoirs de diésel, de gaz propane et d’herbicides liquides pouvant libérer des gaz toxiques en cas d’incendie, ainsi que des cylindres d’argon, d’oxygène et d’acétylène.
«Une entreprise comme celle-là, qui entrepose et manipule des produits chimiques, ça ne peut pas aller dans un parc industriel, à proximité d’un quartier résidentiel. L’emplacement actuel est idéal et ne devrait pas être remis en question», plaide le maire Santerre.
La MRC ajoute qu’Agrocentre Farnham est un acteur très important dans la petite municipalité de Stanbridge Station en termes d’emplois (21 postes à temps plein et 5 à 7 postes à temps partiel) et de revenus de taxation (17e propriété en importance avec une évaluation de 690 000 $).
«Une rencontre entre les diverses parties prenantes au dossier – dont la MRC est l’instigatrice – devrait avoir lieu sous peu. Aucune date n’est encore arrêtée, car il faut d’abord vérifier la disponibilité de chacun des intervenants», signale M. Santerre.