Les véhicules électriques et hybrides compliquent le travail des premiers répondants

DÉSINCARCÉRATION.  Les voitures hybrides et électriques causent des soucis aux secouristes lors des graves accidents de la route. Alors que les minutes sont comptées, les premiers répondants perdent beaucoup de temps à dénicher l’interrupteur de courant sur ces modèles. Tant qu’il n’est pas éteint, impossible de faire usage des pinces de désincarcération.

La Régie intermunicipale d’incendie de Mont-Saint-Grégoire et Sainte-Brigide-d’Iberville a été la première à s’adresser à l’Association canadienne des constructeurs de véhicules pour que l’emplacement des interrupteurs soit normalisé. Vingt MRC lui ont emboîté le pas, dont celle du Haut-Richelieu, de même que 31 villes et municipalités ainsi que deux régies d’incendie.

D’autres MRC ont peut-être fait parvenir leur résolution à l’Association canadienne des constructeurs de véhicules sans nécessairement lui en transmettre une copie, précise sa directrice générale, Irène King.

« On trouve que c’est très compliqué. Un même véhicule peut avoir trois configurations différentes selon l’année, le modèle ou le numéro de série. Il y a une fois où nous avons quasiment défait l’auto au complet avant de trouver l’interrupteur ! », témoigne Ernest Bernhard, directeur du service de sécurité incendie de la Régie intermunicipale d’incendie de Mont-Saint-Grégoire et de Sainte-Brigide-d’Iberville.

Accroissement

Le pompier soutient que les interventions d’urgence sur des voitures électriques s’accroîtront avec le temps, puisqu’elles seront de plus en plus nombreuses sur les routes. En plus, la technologie électrique évolue à la vitesse grand V.

« Nous avons un manuel avec les modèles sur le marché, mais c’est difficile de nous garder à jour. L’industrie est en pleine effervescence. Ça nous est arrivé à deux ou trois reprises d’être obligés d’aller sur Internet pour faire des recherches. Imaginez quand c’est la nuit et qu’il neige ! », fait valoir M. Bernhard.

Il n’existe pas de normes établies et obligatoires dans l’industrie de la construction automobile pour l’emplacement et l’identification des interrupteurs de courant. Ceux-ci sont situés à divers endroits et illustrés de façons différentes. Compte tenu du haut voltage des batteries, les pompiers ne peuvent procéder à la désincarcération tant que l’interrupteur n’est pas éteint. Sinon, ils encourent de grands risques d’électrocution.

« La sécurité des intervenants a préséance sur celle des victimes, explique le directeur du service de sécurité incendie. Ça peut paraître difficile à comprendre, mais dans une situation d’urgence, il importe de ne pas mettre plus de gens en danger que ceux qui le sont déjà. »

Batterie

Les pompiers suivent le même protocole avec les voitures à essence. La batterie doit absolument être débranchée avant toute manœuvre avec des pinces. Les pompiers doivent suivre dans l’ordre des étapes qui comprennent la sécurisation des lieux, la stabilisation du véhicule, celle des victimes ainsi que la neutralisation des sacs gonflables. Ce n’est qu’une fois toutes ces conditions remplies que les secouristes peuvent intervenir.

Les présidents et directeurs généraux de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) et des Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada (CMAC) ont écrit à la Régie intermunicipale d’incendie de Mont-Saint-Grégoire et de Sainte-Brigide-d’Iberville que « les véhicules sont conçus et fabriqués pour les marchés nord-américain et mondial et qu’ils respectent des normes qui visent à encourager et à favoriser une convergence des pratiques exemplaires à mesure que les technologies continuent d’évoluer ».

Patience

Brian Kingston et David C. Adams, les deux signataires, ajoutent ceci: « Bien que l’ACCV et les CMAC ne soient pas des organismes d’élaboration de normes, les équipes d’ingénieurs de nos organisations membres participent à l’élaboration de normes qui peuvent être intégrées aux pratiques exemplaires de l’industrie. »

Ernest Bernhard a confiance que la démarche portera fruit. Il faut simplement être patient. Nous l’avions oublié, dit-il, mais il s’était produit la même chose avec la normalisation des ceintures de sécurité et des réservoirs d’essence.