Levée de boucliers contre la réforme de la tarification à Bedford

MUNICIPAL. La pilule ne passe pas chez certains organismes communautaires touchés par la nouvelle grille de tarification de la Ville de Bedford qui auraient aimé être consultés au lieu d’être placés devant le fait accompli.

La Ville a adopté, le 5 novembre dernier, une nouvelle politique visant à mieux encadrer les modalités de location des salles, terrains et équipements municipaux. Cette politique est assortie d’une grille tarifaire qui, selon les autorités municipales, reflète davantage le prix du marché sans pour autant couvrir la totalité des frais de gestion et d’entretien assumés par la Ville.

La décision de Bedford de refiler une partie de la note aux municipalités dont la population utilise les biens et services de la ville centre indispose notamment plusieurs bénévoles œuvrant dans le milieu communautaire.

Le président du club de la FADOQ, André Beaumont, s’explique mal la décision des autorités municipales et qualifie leurs agissements d’irrespectueux.

«La Ville a utilisé la voie de la négociation dans le dossier de l’aréna pour aller chercher l’appui financier des autres municipalités de la région, mais n’a pas jugé utile de nous consulter avant de nous imposer une importante hausse de loyer. C’est un manque de respect à l’endroit des administrateurs de notre association qui sont allés chercher 100 000 $ en subventions gouvernementales au cours des cinq dernières années pour rénover le local du centre Georges-Perron», indique M. Beaumont.

Le coût du loyer du club FADOQ sera multiplié par sept et passera de 1500 $ à 10 920 $ à compter de l’an prochain. «Ce montant équivaut au double des revenus générés par la vente de nos cartes de membre. C’est énorme pour une association comme la nôtre», insiste le président.

Le club FADOQ devra par ailleurs débourser 200 $ par semaine durant l’été pour l’utilisation des terrains de pétanque situés aux abords du centre Georges-Perron et un montant additionnel de 100 $ pour les terrains de shuffleboard.

«Je ne connais pas une municipalité qui charge des frais pour l’utilisation de ses jeux de pétanque. Beaucoup de municipalités fournissent également des salles gratuites aux aînés pour la tenue de leurs réunions», ajoute M. Beaumont.

La clientèle du club FADOQ est composée de 296 Bedfordois et de 358 citoyens de l’extérieur. Certains de ses membres proviennent notamment de Granby, Anjou, Verdun et Saint-Jean-sur-Richelieu.

Malgré la déception de son président, le club FADOQ a déjà sollicité l’appui financier des municipalités où habitent certains de ses membres, comme la Ville de Bedford invite les organismes à le faire.

«L’organisme nous demande 36 $ pour chacun de ses 78 membres. Ces derniers représentent 10 % de notre population», indique le maire du Canton de Bedford, Gilles St-Jean.

Le maire de Notre-Dame-de-Stanbridge, Daniel Tétreault, confirme par ailleurs avoir reçu une demande de subvention pour les 34 membres du club FADOQ résidant sur le territoire de la Municipalité.

Les autorités de ces deux municipalités n’ont pas encore statué sur cette demande.

Cas similaires

Les Chevaliers de Colomb de Bedford laissent entendre que leur pérennité n’est pas menacée, mais se questionnent néanmoins sur la pertinence de conserver leur local au centre communautaire Georges-Perron.

«La grande salle nous permet de servir des brunchs. Ça nous rapporte des fonds et ça aide d’autres organismes à se financer (Scouts, Maison des jeunes, Fondation Claude DeSerres, Fondation Lévesque-Craighead, etc.). Avec la hausse de notre loyer, on se demande si on ne serait pas mieux de changer de local et d’en prendre un plus petit pour nos réunions», indique le grand chevalier, Gilles Lemaire.

Le loyer de cette association, qui redistribue près de 2000 $ à la communauté dans le cadre du tirage provincial annuel des Chevaliers, passera de 3351 $ à 13 260 $ au cours de la prochaine année. Le coût de la salle leur reviendra à 6 $ / pi2 dès l’an prochain, selon les calculs du grand chevalier.

«Le problème, c’est que 86 de nos 203 membres ont plus de 70 ans et ne payent plus de cotisation annuelle. Certains de nos membres habitent par ailleurs à Granby, Cowansville, Napierville, Venise, Saint-Jean, LaSalle, Montréal et il est impensable d’espérer une aide financière de ces municipalités», explique M. Lemaire.

Ce dernier aurait souhaité que la Ville consulte les organismes avant d’établir une nouvelle grille tarifaire.

«Nous avons été informés de la hausse de loyer par lettre la semaine dernière. Ça a paru dans le journal avant qu’on reçoive l’information», déplore-t-il.

La Fondation Claude DeSerres s’attend à devoir défrayer 150 $ (30 $ / heure pour un minimum de cinq heures) pour la location de la salle Arlène-Murray, en février prochain, lors de son bal masqué. Des frais additionnels pourraient s’ajouter pour les chaises, les toilettes, le stationnement.

«Je ne suis pas contre l’idée de payer des frais de location raisonnables, car je sais que la Ville a un budget à gérer, mais la nouvelle tarification m’apparaît abusive. La Fondation n’a pas de membres et ne peut donc pas solliciter l’appui financier des autres municipalités», indique Lise Gnocchini, qui dit parler en son nom personnel et non à titre de porte-parole de la Fondation.

Elle tient également à préciser que le CIUSSS de l’Estrie – CHUS fournit à la Fondation un espace à bureau et un espace d’entreposage au CLSC de Bedford sans aucun frais.

Mme Gnocchini collabore par ailleurs de façon très étroite à l’organisation de la Marche pour l’Alzheimer.

«La Ville nous permettait d’utiliser le centre communautaire sans frais depuis huit ans pour notre marche annuelle. Qu’en sera-t-il cette année?», se demande-t-elle.

 

ORGANISMES                               LOYER ACTUEL     LOYER EN 2020

. FADOQ de Bedford                            1500 $              10 920 $

. Chevaliers de Colomb                         3351 $              13 260 $

. Cercle de fermières                              600 $                3 000 $