Maison Gilles-Carle : le député Pierre Paradis apporte des nuances
COMMUNAUTAIRE. Le gouvernement du Québec n’a rien à voir avec les coupures de subventions au Regroupement soutien aux aidants de Brome-Missisquoi (RSABM), affirme le député et ministre Pierre Paradis.
«La décision de ne pas donner suite aux demandes de subvention de 186 000 $ formulées par la Maison Gilles-Carle a été prise par Appui Montérégie, un organisme indépendant qui redistribue les subventions gouvernementales aux ressources communautaires de cette région. Cet organisme dispose d’un conseil d’administration et c’est lui qui prend les décisions. La ministre responsable des Ainés ne peut pas intervenir», explique le député de Brome-Missisquoi.
Ce dernier laisse entendre que la Maison Gilles-Carles joue un rôle de premier plan dans la région et ajoute qu’il n’aurait pas hésité à monter aux barricades si le gouvernement du Québec avait décidé de toucher à son budget.
«On attribue souvent les coupures de subventions aux mesures d’austérité du gouvernement, mais c’est inexact en ce qui concerne la Maison Gilles-Carle. Si ça avait été le cas, j’aurais été en cr…et j’aurais été le premier à monter au front», renchérit M. Paradis.
M. Paradis indique que le budget de fonctionnement alloué au RSABM par le ministère de la Santé n’a pas été coupé, mais a plutôt été indexé à 182 067 $.
Questionnement
Même s’il se garde bien de prêter des intentions cachées à Appui Montérégie, Pierre Paradis soutient avoir déjà été témoin de «tactiques discutables» de la part d’organismes chargés de redistribuer des fonds gouvernementaux.
«Il est arrivé qu’un organisme retienne de moins bons projets en se disant que le gouvernement n’aurait pas d’autre choix que d’allonger des sommes additionnelles pour permettre la réalisation des projets de première importance n’ayant pas été retenus lors d’une première sélection. Je ne dis pas que c’est le cas ici, mais que ça s’est déjà vu dans d’autres dossiers. Une telle forme de marchandage est tout à fait inacceptable: tu ne négocies pas sur le dos des plus démunis!», insiste le politicien d’expérience.
La présidente d’Appui Montérégie, Suzanne Tardif, prend les déclarations du député de Brome-Missisquoi avec un grain de sel.
«M. Paradis se porte à la défense de son comté et nous sert ici une réponse de politicien. Certains organismes ont peut-être déjà utilisé la tactique à laquelle il fait référence, mais ce n’est certainement pas le cas chez Appui Montérégie», affirme Mme Tardif.
Choix difficile
Suzanne Tardif signale qu’Appui Montérégie a alloué 558 000 $ au RSABM durant la période 2012 à 2015 pour le financement «des services externes supplémentaires et certains services internes».
Elle confirme également que les deux demandes de subvention du RSABM – une première de 103 000 $ et une autre de 83 000 $ – n’ont pas été retenues par le comité de sélection d’Appui Montérégie.
«Pas moins de 30 organismes de la région adhèrent à Appui Montérégie et les critères de sélection pour les subventions sont révisés aux trois ans avec les organismes. Les critères de sélection, ça vient donc de la base», précise Mme Tardif.
La présidente d’Appui Montérégie ajoute que certains projets soumis par ces mêmes organismes n’ont pas été financés alors que d’autres n’ont pas été renouvelés. En contrepartie, certaines régions ont reçu du financement pour un service de répit alors qu’elles n’en avaient pas auparavant. Deux organismes offrant ce type de service dans Brome-Missisquoi feraient partie du lot.
«On dispose de 2,6 M$ en 2015-2016 pour les trois sous-régions de la Montérégie», résume Mme Tardif.
Fonds résiduels
Tout n’est peut-être pas perdu pour le RSABM, car Appui Montérégie dispose actuellement de fonds de l’ordre de 300 000 $ à 400 000 $ n’ayant pas été utilisés par un organisme auquel ils avaient été attribués.
«Trois organismes de la Montérégie, incluant le RSABM, ayant soumis des projets recevables, mais qui n’avaient pas été subventionnés en raison d’un manque d’argent, pourront nous présenter une nouvelle demande d’aide financière. Les organismes en question ont également accès à une ressource d’Appui Montérégie pour les aider dans la préparation de leur demande. L’analyse des propositions reçues est prévue pour septembre», indique Mme Tardif.
Appui Montérégie a par ailleurs demandé au RSABM de lui fournir certains documents comptables et de gestion, mais ne les auraient toujours pas reçus.
Les administrateurs du RSABM ont appris de la bouche de l’auteur de ces lignes que des fonds non utilisés pourraient être disponibles si la nouvelle demande de subvention de leur organisme était acceptée par le comité de sélection.
«L’une de nos demandes a effectivement reçu une recommandation positive, mais on nous disait encore récemment qu’aucune somme ne serait disponible avant avril 2017. J’ignorais qu’il y avait du nouveau dans le dossier», signale la présidente du RSABM, Joannie Tardif.