Maison Gilles-Carle: mise à pied temporaire de 16 employés
RÉPIT. À la suite à la perte de deux subventions totalisant 186 000 $, la Maison Gilles-Carle est forcée de mettre à pied sa directrice générale et les autres membres de son personnel pour une période indéterminée.
Cette décision, prise à contrecoeur par le conseil d’administration du Regroupement soutien aux aidants de Brome-Missisquoi (RSABM), prive de travail les 16 employés de l’établissement pour une période pouvant aller jusqu’à dix semaines. Une soixantaine de bénévoles et quelque 211 aidants naturels sont également victimes de cette mesure rendu nécessaire à la suite de la perte d’une subvention de 103 000 $ et d’une autre de 83 000 $.
«Notre budget d’opération est amputé de 66 % en raison de coupures gouvernementales injustifiées et nous nous retrouvons dans l’obligation de faire des choix budgétaires qui pénalisent tout le monde», indique Kenneth Hill, trésorier du RSABM et conseiller municipal de Sutton.
Ce dernier ajoute que le bas de laine de l’organisme a fondu comme neige au soleil et qu’il est temps de mettre fin à l’hémorragie.
«Il ne nous reste plus que 125 000 $ sur les 300 000 $ que nous avions réussi à mettre de côté pour les jours difficiles. Si on continue de puiser dans la réserve, il ne restera plus rien à la fin de notre année financière 2016-2017», précise M. Hill.
Le maire de Cowansville et préfet de la MRC de Brome-Missisquoi, Arthur Fauteux, affirme qu’une telle situation dépasse l’entendement.
«Peut-on raisonnablement demander à un organisme d’opérer avec des coupures de l’ordre de 66 %? Poser la question, c’est y répondre», soutient M. Fauteux, d’un ton indigné.
Même s’il reconnait l’importance de rationnaliser les dépenses publiques, M. Fauteux estime qu’il est suicidaire pour un gouvernement de couper de tout bord, tout côté.
«Les coupures paramétriques, c’est de l’improvisation. Il faut cibler davantage ce que l’on garde et ce que l’on enlève», poursuit le politicien.
Contrecoups des coupures
Selon Richard Leclerc, vice-président du RSABM, les coupures gouvernementales sont d’autant plus risquées quand elles touchent un organisme dont les efforts et la raison d’être permettent à l’État de sauver des sommes importantes en frais d’hospitalisation et d’hébergement tout en contribuant à désengorger le système de santé.
«Selon les chiffres de 2011, l’hébergement d’une personne en CHSLD coûte 71 000 $ par an à l’État. D’où l’importance de soutenir les organismes comme le nôtre qui mettent tout en œuvre pour faciliter le maintien à domicile d’un maximum de personnes et qui, en bout de ligne, agissent comme des aidants du gouvernement», insiste M. Leclerc.
Suzanne Balgé, une ex-employée du réseau de la santé qui a quitté Gatineau pour venir prendre soin de sa mère âgée, témoigne à son tour de l’importance de la Maison Gilles-Carle et des autres organismes venant en aide aux aidants naturels.
«Depuis octobre dernier, j’ai droit à deux après-midi de répit gratuits par semaine grâce à la Maison Gilles-Carle. Pour moi, ce type de soutien fait une différence énorme et m’aide à tenir le coup», affirme-t-elle.
Appel à la population
Le vice-président du RSABM croit que les citoyens de Brome-Missisquoi peuvent aussi faire leur part en manifestant leur indignation sur Twitter et Facebook, ou en écrivant à leur député pour lui demander de soutenir la cause de la Maison Gilles-Carle.
«Le ministre Barrette était président de la Fondation de la Fédération des médecins spécialistes du Québec quand celle-ci a remis 100 000 $ au RSABM pour l’installation d’un ascenseur à la Maison Gilles-Carle. Il était d’ailleurs présent à Cowansville pour la coupe du ruban. Ses convictions ne peuvent quand même pas avoir changé du tout au tout depuis avril 2012», renchérit M. Leclerc.
La présidente du RSABM, Joannie Tardif, soutient que le conseil d’administration a pris les mesures nécessaires pour éviter la fermeture de la Maison Gilles-Carle et que le gouvernement du Québec doit maintenant réagir.
«MM. Couillard et Barrette, la balle est dans votre camp. Il nous faut une entente de service répit récurrente, car on ne peut pas administrer efficacement en se fiant seulement sur des peut-être», plaide-t-elle.