Manifestation monstre des camionneurs au centre-ville de Cowansville
L’Association nationale des camionneurs artisans inc. (ANCAI), qui défend les intérêts de plus de 5 000 camionneurs-propriétaires et petites entreprises de camionnage effectuant du transport en vrac, organisait une manifestation monstre ce matin à la grandeur du Québec.
Répondant à l’invitation de l’ANCAI, une cinquantaine de camionneurs artisans des sous-postes de Brome et de Missisquoi ont pris d’assaut le centre-ville de Cowansville, sous escorte policière.
Après s’être rassemblés aux abords du concessionnaire automobile Deragon, les participants ont emprunté le boulevard Jean-Jacques-Bertrand puis les rues Sud et Princiapleau volant de leur camion, passant notamment devant les bureaux du député provincial de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis. Plusieurs piétons et automobilistes ont salué les manifestants d’un geste de la main.
Le passage des poids lourds a occasionné un important bouchon de circulation, mais tout s’est apparemment déroulé dans l’ordre, sans incident notable.
«Au-delà de 2 000 camionneurs de partout au Québec ont pris part à la manifestation», indique le directeur général de l’ANCAI, Gaétan Légaré.
Les membres de cette association en étaient pas à leur première manifestaiton en quinze ans, ayant déjà eu recours à ce moyen de pression en 1973, 1978, 1990 et 2000.
Revendications
L’ANCAI, les organismes de courtage et les petites entreprises de camionnage exigent le maintien de l’encadrement du transport en vrac et des mesures immédiates pour enrayer le courtage illégal sur les chantiers publics au Québec.
«Ça fait deux ans qu’on essaie de rencontrer le ministre des Transports du Québec, mais sans succès. Notre entente se terminera le 31 mars 2017 et le silence du gouvernement laisse craindre le pire. C’est non seulement l’accès aux marchés publics de nos 5 000 membres qui est sur la table, mais aussi l’intégrité du système d’attribution de contrats dans le transport des matières en vrac», affirme M. Légaré.
Depuis janvier 2012, les entrepreneurs n’ont plus l’obligation d’offrir aux organismes de courtage sans but lucratif la partie des transports qu’ils ne comblent pas avec leurs propres camions. Ils peuvent engager qui bon leur semble.
«Les modifications à la loi ont sûrement été apportées de bonne foi, mais elles ont un effet pervers, car elles permettent aux entrepreneurs de se donner des contrats de transport de matières en vrac entre eux. Faute de surveillance par un organisme public et faute de pénalité pour les délinquants, la loi n’a aucun mordant et ouvre la porte à la collusion, voire même à la corruption. D’année en année, des gens trouvent des stratagèmes pour contourner la loi (…) et tout le monde se déguise en courtier», signale le porte-parole de l’ANCAI.
L’Association demande au gouvernement du Québec de trouver des mécanismes pour garantir la transparence dans l’octroi des contrats de transport en vrac, tout spécialement avec l’annonce par le MTQ de mises en chantier totalisant 5G $ au cours des prochaines années. Selon l’ANCAI, il est important que toutes les transactions soient écrites et auditées, tout en étant placées sous la surveillance de la Commission des transports du Québec (CTQ).
«Si on n’a pas de nouvelles du gouvernement, on va convoquer les responsables des 80 postes de courtage sans but lucratif autorisés par la CTQ très rapidement, peut-être même dans les semaines qui viennent, histoire de se mettre d’accord sur de nouveaux moyens de pression», insiste M. Légaré.