Ouverture d’une hydromellerie à Saint-Ignace-de-Stanbridge

Apiculture Patenaude, une entreprise familiale de Saint-Ignace-de-Stanbridge spécialisée dans la vente d’abeilles, de miel et de matériel apicole, ajoute une nouvelle corde à son arc avec le lancement d’un hydromel.

La présidente de l’entreprise, Annie Patenaude, fonde de grands espoirs sur Lunes de miel, un produit alcoolisé à base de miel de trèfle qui se déguste comme apéritif ou boisson d’accompagnement pour le dessert. La création de cet hydromel a nécessité trois années d’expérimentation et des investissements de 60 000$, que la propriétaire entend récupérer dans un intervalle de trois ans.

«Nous avons converti un ancien bâtiment de ferme en hydromellerie et procédé à l’achat d’équipement spécialisé. L’aménagement du laboratoire, l’achat d’une embouteilleuse et de cuves en acier inoxydable nous ont coûté une petite fortune, mais nous assurerons un meilleur contrôle de la qualité», signale Mme Patenaude.

Annie Patenaude a élaboré la recette avec l’aide de Denise Boulais, qui détient une formation de technicienne de laboratoire et travaille au sein de l’entreprise depuis deux ans. Apiculture Patenaude a également eu recours aux services d’un œnologue et de focus groupes.

Premières bouteilles

En vente depuis à peine deux semaines, Lunes de miel semble promis à un brillant avenir.

L’entreprise prévoit produire de 1 500 à 2 000 bouteilles d’hydromel en 2012 et de 3 000 à 4 000 l’an prochain. À échéance, on vise de 8 000 à 12 000 bouteilles.

«La production d’hydromel nous permettra de diversifier nos activités tout en nous assurant des revenus à l’année longue. Nos autres activités sont plutôt saisonnières», explique Annie Patenaude.

Cette dernière estime que la vente de l’hydromel pourrait éventuellement générer 10 % du chiffre d’affaires d’Apiculture Patenaude, contre 20% pour la vente de miel et 60%  pour la vente d’abeilles.

La propriétaire mise également sur l’hydromel pour attirer la clientèle de la Route des vins de Brome-Missisquoi.

«Déplacer les gens à l’extérieur des routes 235 (Farnham-Bedford) et 202 (Dunham-Bedford) constitue tout un défi, mais j’ai confiance», ajoute-t-elle.

Pour mettre toutes les chances de son côté, Apiculture Patenaude projette par ailleurs la mise sur pied d’un musée de l’abeille.

«Mon père, Normand, connaît l’apiculture comme pas un. En 1982, il a fait appel à des apiculteurs pour la pollinisation de ses champs de fraises, framboises, tomates et asperges, mais personne ne s’est vraiment intéressé à son cas. Il a donc acheté sept ruches, puis 10, 20 et 30. En 1997, mon père a vendu sa ferme maraîchère à la famille Roussel, mais a gardé les ruches. Il est devenu apiculteur à temps plein et possédait déjà 300 ruches lorsqu’il m’a cédé les commandes. Nous avons maintenant près de 15 millions d’abeilles réparties dans 380 ruches», résume l’héritière de l’entreprise familiale.

L’aménagement d’un relais pour cyclistes avec point de ravitaillement, toilettes et tables de pique-nique fait également partie des plans de l’entreprise.

«Saint-Ignace fait partie intégrante de deux circuits de vélo et les cyclistes sont nombreux à fréquenter la région. Les week-ends, il y a un va-et-vient continuel dans notre secteur», précise Annie Patenaude.

Encourager la relève

Soucieuse de perpétuer le savoir-faire ancestral, l’entreprise de Saint-Ignace a décidé de créer un site Internet axé sur la vulgarisation (www.apiculture-pour-tous.com) et d’offrir des programmes de formation pour débutants.

«Les cours semblent répondre à un véritable besoin. Nous avons accueilli 18 participants en 2010 et 35 en 2011. L’Université de Montréal et l’UQAM ont également bénéficié de nos services de formation pour la mise sur pied de ruchers urbains. Il en va de même pour Santropol Roulant, un OSBL de Montréal qui sert une centaine de repas par jour et est maintenant autosuffisant en miel», indique Mme Patenaude.

Annie Patenaude gagne présentement sa vie comme rédactrice et traductrice, mais a pris goût aux affaires et aimerait éventuellement consacrer tout son temps à l’apiculture. Elle espère également que son entreprise contribuera à dynamiser un petit village qui en a grand besoin.

«Je vais tout mettre en œuvre pour encourager l’achat local et créer de l’emploi pour les gens de la région. Mon but ultime serait d’abandonner la traduction et d’offrir de la formation à ceux et celles qui désirent mettre sur pied leur propre entreprise», poursuit la principale intéressée.