Projet Héritage: la CPTAQ émet des réserves

AGRICULTURE – Selon un document obtenu par lAvenirEtDesRivieres.com, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) émet des réserves importantes au sujet du projet de création d’un parc récréotouristique de 62,5 hectares dans la région de Bedford par la compagnie Graymont.

Dans un rapport d’une dizaine de pages, qui définit la position préliminaire de cet organisme voué à la protection du patrimoine agricole, les président et vice-président de la CPTAQ, Richard Petit et Réjean St-Pierre, laisse entendre que la demande de Graymont devrait être refusée «compte tenu du potentiel des lots visés, de l’impact sur les possibilités d’utilisation des lots à des fins d’agriculture et de l’importance de préserver la ressource sol». Les commissaires se demandent par ailleurs s’il n’existe pas d’autres emplacements moins contraignants pour l’agriculture.

«La Commission considère, jusqu’à preuve du contraire, qu’il pourrait exister des alternatives au projet soumis qui aurait beaucoup moins d’impact sur le territoire agricole (…) Dans la documentation fournie par Graymont, il est mentionné que la matière inerte (les dizaines de millions de tonnes d’ardoise sans valeur commerciale qui recouvrent les réserves de pierre calcaire) pourrait servir de matériel de remplissage. La Commission croit qu’il s’agit d’une alternative plausible qui nécessiterait d’être mieux développée par Graymont avant de l’exclure», précise le rapport déposé le 28 mars dernier.

La CPTAQ estime par ailleurs qu’il serait possible d’entreposer la matière inerte de façon temporaire sur les terres agricoles, puis de la retourner dans le trou de la carrière une fois la pierre calcaire extraite. «Un tel scénario impliquerait une utilisation temporaire des sols agricoles», résument les commissaires.

La Commission laisse également entendre que la constitution de collines artificielles aux pentes abruptes et formées d’ardoise ne semble pas favoriser le potentiel forestier des lieux. Le taux de croissance des arbres s’en trouverait réduit. «Le potentiel forestier des espaces actuellement boisés serait réduit (…) en raison des pentes et des caractéristiques du terrain.»

La CPTAQ considère enfin qu’il serait préférable d’utiliser des sols agricoles de classe 7 (moindre qualité), plutôt que de classes 3 et 4, pour l’entreposage de l’ardoise, s’il est démontré qu’il n’existe aucune autre alternative.

La commission fait également valoir que la présence de milieux humides sur le site visé obligerait Graymont à mobiliser des sols agricoles supplémentaires à des fins de conservation pour compenser la perte de 8,5 hectares de terrain d’intérêt écologique.