Stationnement: un règlement qui suscite du mécontentement à Farnham
MUNICIPALITÉ. Le nouveau règlement de la Ville de Farnham régissant l’usage des stationnements municipaux alimente la grogne de certains commerçants et locataires d’immeubles à logements.
En vertu de ce règlement, adopté plus tôt cette année et mis en application la semaine dernière en prévision de la saison froide, il est désormais interdit de garer son véhicule dans les stationnements du centre-ville à certaines heures et certains jours de la semaine. Des enseignes, installées jeudi dernier par le service des travaux publics, fournissent tous les détails pertinents
«Des citoyens se sont pointés à l’hôtel de ville, dès 8h vendredi matin, pour obtenir plus d’explications. On leur a dit de se présenter à la séance du conseil du 5 octobre pour en savoir plus», indique Michel Forest, un propriétaire d’immeuble à logements opposé audit règlement.
Sur une enseigne, on peut lire qu’il est interdit de stationner aux abords de la salle des Chevaliers de Colomb les dimanche, mardi, jeudi et samedi, entre 5h et 7h30. Dans un autre secteur, la même interdiction prévaut les lundi, mercredi et vendredi. Dans tous les cas, les contrevenants pourraient voir leur véhicule remorqué sans préavis.
«Croyez-vous que les gens vont se lever à 4h45 du matin, en plein hiver, pour déplacer leur véhicule ? Ça n’a aucun bon sens», lance le bijoutier Marc Robitaille, un résidant du centre-ville qui gare régulièrement sa voiture dans l’un des stationnements municipaux.
Ce dernier estime que les autorités municipales auraient dû se fier «au jugement et à la bonne collaboration» des citoyens au lieu de leur imposer un nouveau règlement.
«Ça fait 52 ans que j’habite le centre-ville et je n’ai jamais eu de problème. Je déplace mon véhicule quand la charrue se présente pour déneiger le stationnement, puis je retourne le garer au même endroit. Les autres usagers font la même chose», indique M. Robitaille.
Michel Forest ajoute que plusieurs résidants des rues Principale et Hôtel-de-Ville ne disposent pas d’un stationnement privé et n’ont pas d’autre choix que d’utiliser les espaces municipaux.
«On ne peut pas se permettre de perdre deux stationnements sur quatre, un jour sur deux. Ils ne sont déjà pas assez nombreux comme ça», renchérit M. Forest.
Le propriétaire d’immeuble insiste également sur la présence de nombreux débits de boisson dans le secteur – le principal intéressé en a répertorié huit – pour la plupart dépourvus de stationnement privé.
«Les gens qui ne sont pas en état de conduire laissent leur automobile dans un stationnement municipal et appellent un taxi, sachant très bien qu’ils pourront passer reprendre leur véhicule le lendemain. Maintenant qu’ils s’exposent à voir leur véhicule remorquer, certains d’entre eux pourraient être tentés de prendre le volant en état d’ébriété, avec tous les risques que cela comporte», plaide M. Forest.
Position de la Ville
Le directeur général de Farnham, François Giasson, soutient que les municipalités adoptent des règlements pour contrer ou prévenir les abus.
«L’hiver dernier, la Ville a dû composer avec un sérieux problème, mais n’a pas été en mesure d’intervenir faute de règlement. Cette année, le conseil va avoir les outils nécessaires pour agir en cas d’abus», affirme-t-il.
M. Giasson fait ici référence à une Volkswagen Coccinelle qui aurait été garée dans un stationnement municipal durant toute la saison froide (de novembre à avril selon le DG) sans que la municipalité soit en mesure de la faire remorquer.
«Une épaisse couche de glace – environ six pouces – s’est accumulée autour du véhicule, rendant le stationnement glissant et dangereux pour les autres utilisateurs. Si la Ville avait pris l’initiative de le faire remorquer, elle aurait dû payer les frais de fourrière. Et si le propriétaire du véhicule avait contesté le remorquage devant les tribunaux, la municipalité n’aurait pas pu invoquer le non-respect d’un règlement, car elle n’avait jamais légiféré là-dessus», résume le directeur général.
Ce dernier laisse entendre que le service des travaux publics doit également composer avec des cas moins extrêmes.
«Il y a des véhicules qui ne bougent pas pendant plusieurs jours. Quand les employés de la Ville veulent déneiger, nettoyer ou refaire le lignage des cases de stationnement, ça devient compliqué. Ils doivent louvoyer entre les véhicules et ça ne fait pas une belle job», poursuit-il.
M. Giasson se fait rassurant et laisse entendre que la Ville n’abusera pas de son nouveau règlement.
«Le matin du 28 décembre, s’il n’y a pas de neige dans le stationnement, on n’appellera pas la police», affirme-t-il.
Le directeur général prend également soin de rappeler que le règlement n’a rien de «malicieux» et vise tout simplement à améliorer l’offre de services de la municipalité. En concentrant tous les véhicules dans un même secteur, on laissera le champ libre aux employés des travaux publics qui déneigent les autres secteurs.
«Les stationnements sont situés dans un même périmètre, à 100, 150 mètres l’un de l’autre. Les gens n’auront pas à marcher un demi-mille pour aller garer leur véhicule au bon endroit», poursuit le porte-parole de l’administration municipale de Farnham.
Autre situation problématique
Le bijoutier Marc Robitaille soulève un autre problème, celui du non-respect de la limite de temps imposée aux automobilistes par la Ville de Farnham pour le stationnement aux abords des établissements commerciaux. Celui-ci dit s’être adressé à la Sûreté du Québec à plus de 25 reprises pour lui faire part de la situation, sans véritable succès.
«J’ai vu des véhicules stationnés pendant quatre jours sans qu’ils aient bougé d’un seul pouce», déplore le commerçant.
Le directeur général de la municipalité répond que les forces policières voient à l’application des règlements «dans la mesure du possible», en fonction des urgences et autres situations prioritaires avec lesquelles elle doit composer.
«Le conseil est conscient du problème et en a discuté avec la SQ. Les élus vont se pencher là-dessus, dès cet automne, dans le cadre de la préparation du budget 2016», ajoute M. Giasson.