Un inventaire des frênes sera fait sur le territoire Brome-Missisquoi
FORÊT. L’agrile du frêne est aux portes de la région. La MRC de Brome-Missisquoi a lancé un appel aux municipalités afin de ralentir la progression de cet insecte et quatre d’entre elles y ont répondu.
Cowansville, Lac-Brome et Bromont ont récemment approuvé une résolution qui autorisait la MRC à effectuer un appel d’offres pour réaliser un inventaire de frênes publics sur leur territoire. Farnham devrait donner son aval à la prochaine séance du conseil municipal.
En 2015, la région, qui regroupe 21 municipalités, est entrée dans les zones réglementées à l’égard de l’agrile du frêne par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
L’agrile du frêne a été détecté à deux endroits à Bromont en 2015. En 2013, c’est Granby qui recevait la visite de ce petit ravageur. Depuis, plusieurs actions ont été entreprises pour l’enrayer.
Le couvert forestier de Brome-Missisquoi est de 58 %, ce qui rend plus à risque la région à la propension de l’agrile, indique François Daudelin, coordonnateur des carrières/sablières et du service forestier de la MRC de Brome-Missisquoi. «À l’intérieur de ces forêts, on trouve du frêne parsemé aléatoirement en quantité variable selon les peuplements forestiers. Il s’agira là d’un lieu d’incubation permanent de l’insecte pour notre région contrairement aux autres grandes villes où cet aspect est moins important», précise-t-il.
Le coordonnateur ne peut dire combien de frênes se retrouvent sur le territoire de la région.
L’inventaire vise justement à connaitre la quantité et les dimensions des frênes que les villes possèdent. Une fois accompli, il sera possible d’estimer les coûts pour le traitement et l’abattage des arbres.
Le coût du traitement pour les frênes est de 4,20 $ par cm de diamètre. «Par exemple, illustre François Daudelin, un arbre de 20 cm de diamètre (tronc) coûterait 84 $. Plus il y a d’arbres à traiter, plus le coût à l’arbre diminue.»
Le coût de l’abattage est plus difficile à évaluer, poursuit M. Daudelin. «Un arbre en plein champ est plus facile à abattre qu’un arbre en pleine ville. D’autant plus que les prix pour l’abattage ont montré avec la demande.»
Deux méthodes
Selon le coordonnateur des carrières/sablières et du service forestier de la MRC de Brome-Missisquoi, un bon plan d’intervention engloberait les deux méthodes. «La pertinence du traitement est d’être en mesure de réduire la vitesse de la perte de couvert forestier en milieu urbain. En traitant les arbres, on s’assure d’avoir une canopée partielle en attendant que les arbres de remplacement soient mis en terre et atteignent une hauteur appréciable. Si on ne fait qu’abattre les arbres, pour les grandes villes surtout, cela représente des chantiers assez importants» détaille-t-il.
«Une bonne stratégie englobe cependant plusieurs tactiques simultanées, dont les principales sont la prévention, la sensibilisation, la détection, le traitement et la disposition adéquate du matériel (frêne)», poursuit François Daudelin.
Hélène Godmaire, directrice du Conseil québécois des espèces exotiques envahissantes (CQEEE), salue l’initiative de la MRC de Brome-Missisquoi.
«Un inventaire est un bon investissement», affirme-t-elle.
Il permet d’identifier le diamètre, l’espèce et l’état de santé d’un arbre. Elle souligne qu’un inventaire permet aussi aux villes de voir dans le temps l’impact du ravageur.
La MRC entreprendra d’autres activités cette année pour ralentir la progression de l’agrile du frêne. Elle va demander aux horticulteurs des municipalités de les aviser s’ils aperçoivent des agriles et elle installera des pièges à phéromone.
Autres ravageurs
«En ce moment, on parle beaucoup d’agrile du frêne, mais il y a plein d’autres ravageurs qui arrivent par ici», prévient M. Daudelin.
La directrice du CQEEE abonde dans le même sens. «Faire un inventaire des frênes publics est très bien pour toutes les villes, mais faire l’inventaire pour toutes les espèces d’arbres est encore mieux. Il y a d’autres problèmes de d’autres ravageurs qui vont survenir», indique la spécialiste.
L’ACIA dresse sur son site Web la liste d’une vingtaine d’insectes ravageurs.
Pas de réglementation
Pour l’heure, Lac-Brome, Cowansville, Bromont et Farnham n’ont pas de lois ou de règlements qui encadrent les citoyens quant à la lutte contre l’agrile du frêne.
Hélène Godmaire croit qu’un règlement de ce type est plus pertinent pour de grandes villes ou des arrondissements qui regroupent beaucoup de frênes.
Cela dit, elle suggère une chose aux propriétaires de terrains où se retrouvent de cette essence d’arbres. «Pour tout arbre abattu, il faut en planter un d’une autre espèce», conclut-elle.