Un marchand de Farnham outré par une requête d’Hydro-Québec

STUPÉFACTION – Les propriétaires de Meubles Denis Riel ont eu une très mauvaise surprise, hier matin, en recevant une lettre enregistrée du service de recouvrement d’Hydro-Québec.

La société d’État exige du Groupe Riel un dépôt de 16 600 $ pour couvrir la consommation électrique des trois magasins de l’entreprise durant les deux mois les plus froids de l’année.

Le document précise que le dépôt doit être effectué dans les huit jours suivant l’émission de l’avis, à défaut de quoi l’alimentation en électricité sera suspendue aux établissements de la rue Saint-Paul, du boulevard Industriel et de la rue Laberge. On y apprend également que le dépôt sera conservé pendant 48 mois.

«Je suis outré de me faire traiter comme un bandit. Je considère ça comme un véritable affront. Nous sommes en affaires depuis 43 ans et notre réputation de bons payeurs nous suit depuis tout ce temps-là. Ce n’est pas parce que nous débutons une vente de fermeture dans nos magasins de Farnham et de Saint-Jean-Sur-Richelieu que nous allons cesser de payer nos comptes», lance le porte-parole de l’entreprise, Jean-François Riel, d’un air incrédule.

Ce dernier tient à préciser que le Groupe Riel a toujours acquitté ses factures et n’est aucunement en retard dans ses paiements.

M. Riel va encore plus loin en affirmant que la requête de la société d’État peut être considérée comme «de l’abus de pouvoir».

«Nous sommes en mesure de payer le dépôt de 16 600 $ et la prochaine facture de 8 000 $ ou 9 000 $ qui devrait nous parvenir sous peu. Nous allons nous plier à la demande d’Hydro-Québec pour éviter tout problème, mais qu’en est-il du petit marchand qui n’a pas les moyens de fournir le dépôt demandé? On le prend en otage et on lui coupe le courant…?», se demande le marchand de meubles de Farnham.

Jean-François Riel s’interroge sur les motifs qui incitent Hydro-Québec à agir de la sorte.

«On nous dit que la décision de la société d’État est basée sur un dossier de crédit… auquel nous ne pouvons avoir accès! Cette façon d’agir envoie un très mauvais message: on pense que vous êtes de mauvais payeurs, payez-nous d’avance. Ça n’a aucun sens. Il serait complètement fou d’abandonner cinq bâtisses pour éviter de payer une facture d’électricité», poursuit le porte-parole du Groupe Riel.

Précisions d’Hydro-Québec

lAvenirEtDesRivieres.com a contacté le service des communications d’Hydro-Québec pour obtenir sa version des faits.

La porte-parole de la société d’État, Nathalie Vachon, prend d’abord soin de rappeler que l’électricité est un des seuls services payés après consommation.

«Si le commerce ferme ses portes, le dépôt permet de récupérer les sommes dues et d’éviter une augmentation des mauvaises créances», précise-t-elle.

Cette dernière ajoute que, par souci d’équité envers l’ensemble des clients, Hydro-Québec doit protéger ses arrières.

«Les factures impayées ont un impact direct sur les sommes payées par l’ensemble des clients», explique-t-elle.

Mme Vachon se garde bien d’entrer dans les détails du dossier client, mais précise que la société d’État ne peut exiger un dépôt que dans trois situations bien précises.

«Dans le premier cas, il s’agit d’un nouveau client commercial. Dans le deuxième cas, le client commercial détient déjà un abonnement avec Hydro-Québec, mais a eu un retard de paiement au cours des 24 derniers mois. Dans le troisième cas, le client commercial demande un nouvel abonnement alors qu’un autre de ses comptes a eu un retard de paiement au cours des 24 derniers mois. Cette façon de faire est approuvée par la Régie de l’énergie», résume-t-elle.

La porte-parole d’Hydro-Québec laisse par ailleurs entendre que la société d’État ne tient pas compte de l’importance du retard (60, 90 ou 120 mois) lorsqu’elle achemine une demande de dépôt.

«Le commerçant peut verser le dépôt en un seul versement ou prendre entente avec Hydro-Québec pour étaler les paiements», ajoute-t-elle.