Une PME du Canton de Bedford mise sur les fleurs comestibles
HORTICULTURE. L’entreprise Fleur en bouche est encore relativement peu connue. Basée dans le Canton de Bedford, la PME de Geneviève Sauvé entend bien faire sa place dans un marché en développement.
La diffusion d’un reportage, le week-end dernier sur les ondes de Radio-Canada, devrait l’aider à sortir de l’ombre
«Une équipe de La semaine verte est venue tourner chez nous une première fois en mai, puis est revenue en août, alors que les fleurs étaient à leur apogée. Quatre journées de tournage pour un reportage d’une dizaine de minutes tout au plus», signale la propriétaire de la jeune PME, Geneviève Sauvé, qui a visiblement adoré l’expérience.
Fille de biologistes et diplômée de l’École des métiers de l’horticulture de Montréal (aussi connue sous le nom de l’école du Jardin botanique), cette dernière a grandi dans l’Outaouais avant de s’établir dans la Métropole pour les études.
Après avoir expérimenté l’élevage des vers de terre et la culture des fleurs comestibles durant près de trois ans (de 2013 à 2015) dans la région de Saint-Sébastien et de Saint-Paul-de-l’île-aux-Noix, Geneviève Sauvé et son conjoint, Olivier Blanchette, ont finalement délaissé l’élevage pour se concentrer sur la culture.
Le couple a loué une maison de 150 ans et une parcelle de terre d’un cinquième d’acre dans le Canton de Bedford au début de 2016 pour les besoins de leur projet.
L’entreprise a perdu une partie de sa récolte l’été dernier en raison de la sécheresse et a vu son puits se vider à deux reprises. Ses propriétaires entendent mettre toutes les chances de leur côté en installant, dès l’an prochain, un système d’irrigation et un réservoir d’eau.
Fleur en bouche prévoit également recourir à des géotextiles et des toiles de polypropylène (thermoplastiques) sur une partie de la surface cultivable afin de restreindre le nombre d’heures de désherbage.
«Au lieu de désherber à chaque semaine ou à chaque deux semaines, nous devrions nous en tirer avec deux séances de désherbage par année. C’est toute une différence», explique Mme Sauvé.
La propriétaire songe par ailleurs à protéger les rangs de fleurs comestibles contre le gel avec la mise en place de tunnels au printemps et à l’automne. Cette pratique lui permettra également d’allonger la saison de six à huit semaines.
«Même si la culture des fleurs comestibles demande peu d’espace, on prévoit agrandir la superficie de notre jardin à un tiers d’acre dès ce printemps», précise Mme Sauvé.
Toutes les fleurs de l’entreprise sont cultivées dans les champs, la culture en serre étant jugée trop dispendieuse par la propriétaire en raison du coût élevé de l’énergie.
Grande variété
Fleur en bouche produit près de 200 variétés de fleurs comestibles destinées au marché de la restauration et de l’hôtellerie
«Le grand public est familier avec plusieurs de ces plantes, mais ignore généralement qu’on peut les utiliser en cuisine», souligne Mme Sauvé.
L’entreprise du Canton de Bedford achète ses semences en France, en Angleterre, en Allemagne, en Inde, au Canada et aux États-Unis.
«Comme je suis bilingue, la barrière de la langue ne pose pas problème pour moi», ajoute l’horticultrice de formation.
Fleur en bouche mise principalement sur les annuelles (80 % de la production), mais cultive également une vingtaine de variétés de vivaces.
«On sème des annuelles à cinq, six ou sept reprises durant l’année, afin d’être en mesure de répondre à la demande en tout temps. Avec les vivaces, on vise plutôt le long terme. Ce type de plant est bien adapté à notre climat et produit un système racinaire plus élaboré. On a parti des semis il y a trois ans et on a eu droit à une première vraie production l’été dernier», résume Mme Sauvé.
Fleur en bouche fait également dans les fines herbes. Elle produit déjà une demi-douzaine de variétés de basilic et prévoit ajouter du thym, de la sauge, de l’origan et de la marjolaine à sa gamme de produits.
Clientèle cible
Fleur en bouche vend ses produits à des restaurateurs de Montréal, mais vise également le marché hôtelier.
«En 2017, nous souhaitons également tenter une percée dans les pâtisseries avec une variété de fleurs comestibles pour les gâteaux de mariage. Notre vaste gamme de produits nous permet d’agencer les bouquets de fleurs des mariés avec les centres de table, les fleurs du gâteau et des autres services», explique Mme Sauvé.
Cette dernière estime que l’ajout de fleurs comestibles au menu d’un restaurateur vaut largement l’investissement.
«Les fleurs accrochent tous les sens du client qui mange d’abord avec les yeux et le nez avant de porter les aliments à sa bouche», avance la propriétaire de Fleur en bouche.
Geneviève Sauvé rappelle qu’il y a un nouvel engouement en Europe et aux États-Unis pour les fleurs comestibles. Les jeunes chefs du Québec le savent très bien et prennent plaisir à les ajouter à leurs plats.
«On est à peu près les seuls au Québec à être spécialisés dans les fleurs comestibles et à offrir autant de variétés. Il ne reste plus qu’à nous faire connaître», signale la principale intéressée
Mme Sauvé utilise une partie de son temps pour aller les chefs et assister à des événements culinaires.
«Les chefs disent que nos fleurs sont belles et bonnes à la fois. Je ne vous cacherai pas que ça nous fait un petit velours», avoue-t-elle.