Ange-Gardien: un projet de 40 M$ pour valoriser les matières organiques agricoles et produire du gaz naturel
ENVIRONNEMENT. Le projet de biométhanisation, piloté par la Ferme du Grenier Gardangeois avec la complicité de deux partenaires partageant les mêmes valeurs écologiques et entrepreneuriales, commence à prendre forme dans le rang Séraphine.
Les autorités municipales d’Ange-Gardien soutiennent l’initiative de Christian Grenier et de Stéphanie Taylor depuis le tout début. Les élus municipaux ont d’ailleurs été les premiers à se positionner en faveur du projet et croient plus que jamais au potentiel de la biométhanisation agricole.
« Ce projet novateur va contribuer au rayonnement de cette entreprise bien de chez nous, mais également de notre municipalité et de toute une région », indique la directrice générale d’Ange-Gardien, Brigitte Vachon, au nom du maire Yvan Pinsonneault.
La députée d’Iberville, Audrey Bogemans, est du même avis et salue le dynamisme des promoteurs.
« Le Grenier Gardangeois est une entreprise qui a une vision, qui allie connaissances et audace. Son engagement en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable démontre une fois de plus que les PME sont des acteurs essentiels dans la transition énergétique du Québec », souligne la politicienne.
Instigateurs du projet
Christian Grenier, un producteur agricole de quatrième génération diplômé de l’Université Laval, était bien conscient de l’ampleur de son projet et n’a pas hésité à faire appel à deux partenaires de premier plan. Il s’agit de Prorec, une entreprise de Saint-Hyacinthe dédiée à la valorisation des rejets alimentaires, et Kéridis Bioénergie, une société de Mont-Saint-Hilaire spécialisée dans la réalisation de projets de biométhanisation et l’exploitation d’installations de GNR (gaz naturel renouvelable).
La nouvelle entité issue de ce partenariat, GPK (pour Grenier, Prorec, Kéridis) Bioénergie, a par ailleurs retenu les services de Consultants Lemay & Choinière, une firme de génie-conseil agricole basée à Ange-Gardien, et de Frare Gallant, une entreprise de construction lavalloise détenant une expertise dans la réalisation de projets de mise en valeur de la biomasse.
« Le début de la construction est prévu pour ce printemps et la mise en service de l’usine pour le deuxième semestre de 2026 », mentionne M. Grenier.
Valorisation des matières organiques
GPK Bioénergie souhaite donner une deuxième vie à des matières organiques locales en les transformant en fertilisant (digestat) et en un gaz riche en méthane qui sera réinjecté dans le réseau gazier de la société Énergir.
La nouvelle usine de biométhanisation prendra la relève de l’usine de traitement du lisier, implantée sur la ferme familiale des Grenier en 2005-2006 et qui atteint aujourd’hui la fin de sa vie utile.
L’initiative de GPK Bioénergie permettra de valoriser environ 100 000 tonnes de déchets organiques et de produire 3 millions de mètres cubes de GNR annuellement. Le projet se traduira également par une réduction 8000 tonnes de gaz à effets de serre (GES) par année.
GPK Bioénergie fera appel aux services d’une demi-douzaine de producteurs agricoles établis dans un rayon de 7 km autour des installations du Grenier Gardangeois.
« Nous allons nous approvisionner directement chez nos voisins et plus précisément chez quatre producteurs laitiers, un éleveur de bœuf et un éleveur de dinde. Le plus gros de nos intrants (75 %) sera constitué de lisier et de fumier alors que le reste proviendra de résidus agroalimentaires non utilisables pour la consommation humaine ou l’alimentation animale », résume M. Grenier.
L’implantation de l’usine de biométhanisation va permettre aux producteurs participants d’être plus vert et d’améliorer leur bilan carbone tout en leur évitant d’avoir à augmenter la grosseur de leurs fosses à fumier ou à purin.
Il est également intéressant de noter que les matières organiques provenant des installations du Grenier Gardangeois seront directement acheminées à l’usine de biométhanisation à l’aide de conduites souterraines. Il ne sera pas nécessaire de les transborder ni de les acheminer via le réseau routier.
Coup de pouce de Québec
La réalisation du projet nécessitera des investissements de 40 M$. GPK Bioénergie pourra notamment compter sur une aide financière de 15 M$ du gouvernement du Québec dans le cadre du Programme de soutien à la production de GNR relevant du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
La Ferme du Grenier Gardangeois avait préalablement obtenu, en février 2022, une aide de 300 000 $ pour la réalisation d’une étude de faisabilité.
« GPK Bioénergie propose un modèle d’économie circulaire inspirant qui améliorera le bilan carbone de la municipalité d’Ange-Gardien et de la région immédiate. Je suis fière de faire partie d’un gouvernement qui soutient des projets innovants comme celui-ci », signale la députée Bogemans.
« Sans l’appui de nos deux partenaires d’affaires, la collaboration des fermes du voisinage et la contribution financière de Québec, notre projet n’aurait pas la même envergure. Cette étape cruciale dans le développement de notre ferme nous propulsera au rang de fleuron québécois de l’agriculture durable », ajoute M. Grenier, président de GPK Bioénergie.