Brome-Missisquoi compte deux fois plus de villégiateurs que la moyenne provinciale
DÉMOGRAPHIE. La Municipalité régionale de comté de Brome-Missisquoi compte une proportion importante de résidences secondaires sur son territoire. Une situation qui présente des avantages et des inconvénients, comme le démontre une étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) à la demande de deux MRC de l’Estrie et de trois MRC des Laurentides.
:À l’instar de 20 autres MRC du Québec, Brome-Missisquoi peut être définie comme une MRC de villégiature car la proportion de résidences secondaires présentes sur son territoire (14,3 %) est plus de deux fois supérieure à la moyenne québécoise (7 %).
Certaines municipalités d’ici se démarquent tout spécialement à ce chapitre. C’est notamment le cas de Sutton où l’on dénombre presque autant de villégiateurs (4500) que de résidents permanents (4700). Lac-Brome compte 6250 résidents permanents et 2700 villégiateurs pour une population totale d’environ 8000 personnes. Plus de 11 800 personnes habitent Bromont à temps plein alors que 3400 autres y résident à mi-temps ou sur une base saisonnière.
Pas moins de 85 % des villégiateurs de la MRC de Brome-Missisquoi proviennent de la grande région de Montréal (Île de Montréal et Rive-Sud).
La population officielle de la MRC de Brome-Missisquoi se chiffre à 68 000 habitants, mais sa population totale s’élève à 83 000 lorsque l’on prend en compte la population de villégiature (15 000 personnes).
Habitudes des villégiateurs
Un sondage sur les habitudes des villégiateurs, réalisé par la firme Léger, révèle que les villégiateurs effectuent 37 séjours par an en moyenne sur le territoire de Brome-Missisquoi pour un total de 133 jours d’occupation. La durée moyenne de leur séjour est donc de trois jours et demi.
« En d’autres mots, les villégiateurs passent près du tiers de leur temps dans leur résidence secondaire », résume Robert Desmarais, conseiller à la direction générale de la MRC de Brome-Missisquoi.
Dans Brome-Missisquoi, à la différence des quatre autres MRC concernées par l’étude, les résidences secondaires sont occupées en plus forte proportion durant la saison froide (40 % vs 17 %, 15 %, 13 % et 8 %). Selon la firme RCGT, la présence de nombreux sites de sports d’hiver sur le territoire peut expliquer cette particularité.
Près des deux tiers des villégiateurs de Brome-Missisquoi disposent d’un accès au réseau d’aqueduc et/ou d’égout municipal, comparativement à 19 % des villégiateurs des quatre autres MRC sous étude.
Pas moins de 63 % des villégiateurs de Brome-Missisquoi travaillent par ailleurs de leur résidence secondaire et 14 % des ménages concernés comptent au moins une personne qui travaille dans la municipalité d’accueil.
Avantages pour une MRC
La multiplication des résidences secondaires sur le territoire de la MRC de Brome-Missisquoi a un impact direct sur l’économie régionale et sur les finances des municipalités hôtes.
L’étude de la firme RCGT démontre notamment que l’arrrivée des villégiateurs génère des revenus de taxes supplémentaires pour les municipalités concernées.
Leur présence stimule le développement économique de la région et contribue au maintien de nombreux emplois dans les domaines de l’hôtellerie, de la restauration, des loisirs, de l’entretien paysager et de la gestion immobilière. Il convient toutefois de préciser que les emplois soutenus par le secteur de la villégiature sont souvent saisonniers (précarité) et moins bien rémunérés que les autres types d’emplois.
L’étude de la firme Léger révèle notamment que les villégiateurs dépensent 8414 $ en moyenne dans les établissements commerciaux de Brome-Missisquoi. Dans cette même MRC, les dépenses supplémentaires de consommation associées aux résidents secondaires sont évaluées à 17 M$ par année.
Désavantages pour une MRC
L’étude de la firme RCGT signale par ailleurs que la villégiature crée une pression accrue sur les infrastructures municipales (entretien du réseau routier, production d’eau potable, traitement des eaux usées, protection incendie, services de loisirs, etc.). Les municipalités doivent ainsi faire face à des défis financiers importants pour assurer le bien-être et répondre aux besoins des résidents permanents et des villégiateurs.
La forte demande dans Brome-Missisquoi pour des résidences secondaires contribue également à une hausse des valeurs et limite du même coup l’accès à la propriété chez les jeunes familles.
Plusieurs programmes gouvernementaux offrant du financement aux municipalités lient leur contribution financière à la population permanente, ce qui désavantage les municipalités ayant une forte proportion de résidences secondaires.
Le sondage de la firme Léger nous apprend par exemple que plus de 40 % des résidents secondaires fréquentent (souvent ou parfois) les établissements de santé, alors que le financement octroyé à la région est basé uniquement sur la population permanente.
Les compensations offertes aux municipalités par Recyc-Québec pour la collecte sélective sont calculées sur la base de la population permanente (nombre de kg par résident permanent) alors que le tonnage devrait plutôt être divisé par le nombre total d’habitants.
Le programme RénoRégion, le financement de la Sûreté du Québec et le programme de la Taxe sur l’essence et la contribution du Québec (TECQ) utilisent également la population permanente comme base de calcul (en totalité ou en partie).
Requête auprès de Québec
Le conseil des maires de la MRC de Brome-Missisquoi est d’avis que les programmes d’aide financière utilisant ce mode de calcul sont inéquitables et pénalisent les régions de villégiature.
Voilà pourquoi la MRC de Brome-Missisquoi joint sa voix à celles des MRC Memphrémagog, d’Argenteuil, des Laurentides et des Pays-d’en-Haut pour demander à Québec de prendre en compte la population totale dans son mode de rémunération.
« Il pourrait être intéressant pour les ministères et organismes québécois de revoir les formules qui son utilisées pour établir les contributions financières attribuées aux municipalités afin d’y intégrer une facteur relatif au nombre total de résidents », indique Robert Desmarais.
Ce dernier précise que le monde municipal attendait d’avoir en main des données statistiques probante avant de soumettre une requête formelle au gouvernement du Québec au sujet de ces iniquités.
« Les résultats de l’étude de la firme RCGT nous fournissent des chiffres précis démontrant la justesse de nos revendications. Il reste à espérer que Québec saura en tenir compte », indique-t-il.
M. Desmarais laisse également entendre que la MRC de Brome-Missisquoi entend sensibiliser la députée provinciale aux pressions exercées sur le monde municipal par la villégiature.