Collecte sélective: des factures salées pour les transformateurs alimentaires
RÉCUPÉRATION. Depuis le début de l’année, un nouveau système de collecte sélective est en vigueur au Québec. Parmi les changements mis en place, il y a l’obligation pour les entreprises de financer le nouveau système. Les transformateurs alimentaires se dressent contre la hausse démesurée de la contribution qui leur est exigée pour la collecte sélective cette année.
Dans le but d’uniformiser et d’améliorer la collecte sélective au Québec, le ministère de l’Environnement a mandaté l’organisme Éco Entreprises Québec (ÉEQ) afin de gérer et financer tout le système, tant pour le secteur résidentiel que pour les entreprises. Pour réaliser son mandat, ÉEQ facture les entreprises, et les montants sont particulièrement élevés en 2025 pour celles qui mettent en marché des contenants et des emballages.
Les transformateurs alimentaires, petits et grands, reçoivent des factures beaucoup plus salées que prévu, ce qui pourrait même en pousser certains à fermer leurs portes. « Au printemps 2024, on avait dit aux entreprises qu’elles devaient s’attendre à une augmentation des tarifs de l’ordre de 42 % en 2025 », explique Annick Van Campenhout, qui est vice-présidente, progrès en alimentation et développement durable, au Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ). « C’était fort comme hausse annoncée, mais nos membres s’y préparaient. Ce qu’on constate maintenant, c’est que les factures ont plutôt augmenté entre 80 % et 218 % », dénonce-t-elle.
Une forte addition
Président du Conseil de l’industrie de l’érable (affilié au CTAQ), Louis Turenne est vice-président et directeur général de The Maple Treat Corporation. « Pour notre entreprise, les frais liés à la collecte sélective doubleront en raison des nouvelles grilles tarifaires. Cette hausse a un impact sur toutes les entreprises membres du Conseil de l’industrie de l’érable, soit 50 entreprises, qui embouteillent et transforment le sirop d’érable pour ensuite le mettre en marché », déclare M. Turenne.
Pour sa part, Mme Van Campenhout remarque que les plus petits producteurs sont les plus affectés. Elle s’interroge également sur les méthodes de calculs d’ÉEQ et déplore que l’organisme ne tienne pas compte de la capacité de payer des entreprises. « Et les compagnies doivent payer ça d’ici vendredi (31 janvier). On leur demande l’impossible ! », lance-t-elle, en ajoutant que « c’est la panique » parmi les quelque 600 membres du CTAQ.
Un moratoire demandé
Voilà pourquoi le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, basé à Granby, met sur pied une grande mobilisation auprès de ses membres pour faire face aux « hausses démesurées » d’Éco Entreprises Québec. Le CTAQ s’adresse également aux ministères concernés par cette situation critique en leur adressant des demandes claires. La première est l’instauration d’un moratoire afin de suspendre l’application des nouveaux tarifs par ÉEQ.
D’autres réseaux d’entreprises se mobilisent aussi contre les hausses des contributions exigées par ÉEQ. Parmi eux, on retrouve l’Association des détaillants en alimentation du Québec, l’Association Restauration Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Le CTAQ recommande une révision de la réglementation entourant la collecte sélective. Il demande aussi un audit indépendant pour analyser la gouvernance d’ÉEQ et la structure des coûts de la collecte sélective.
Du côté d’ Éco Entreprises Québec, la cheffe, affaires publiques et communications internes, Marie-Claude Rivet, énumère une série de facteurs expliquant la hausse de la tarification pour les entreprises en 2025. Parmi les éléments mentionnés par Éco Entreprises Québec, il y a la croissance marquée des coûts de collecte, les investissements requis dans les centres de tri, ainsi que les responsabilités additionnelles confiées à ÉEQ, comme la desserte des édifices multilogements.
L’organisme « a entamé des discussions avec le gouvernement » afin de chercher « à atténuer l’impact des coûts pour les producteurs ».