Le Tribunal administratif du travail tape sur les doigts du Zoo de Granby
RELATIONS DE TRAVAIL. Le Tribunal administratif du travail (TAT) somme la direction du Zoo de Granby de ne plus faire appel à des briseurs de grève pour réaliser les tâches habituellement effectuées par les travailleurs en lock-out depuis le 29 juillet dernier.
Dans une décision rendue publique le 19 décembre dernier, le juge administratif Daniel Blouin a répondu favorablement à la demande du Syndicat national des salariés de la Société zoologique de Granby (CSN).
Selon la requête déposée au TAT en novembre dernier, la CSN a porté plainte en vertu de l’article 109.1 du Code du travail qui interdit «à l’employeur de remplacer les salariés en grève ou en lock-out par des travailleurs de remplacement dans l’établissement visé par une grève ou un lock-out.»
Après avoir étudié le dossier durant deux jours d’audience, le magistrat a été contraint de donner raison aux 130 syndiqués du Zoo. «Le Tribunal a informé les parties que la preuve administrée lui a permis de constater que l’employeur a eu recours à des briseurs de grève. L’employeur a reconnu avoir contrevenu au Code», lit-on dans la décision, dont le GranbyExpress a obtenu copie.
Dans le verdict, on y apprend que le Zoo a eu recours à six personnes pour «accomplir, en tout ou en partie, les fonctions des salariés» en lock-out. En vertu de cette décision, le TAT exige donc au Zoo de s’abstenir de recourir à des briseurs de grève et d’afficher cette ordonnance à l’entrée du jardin zoologique.
Réactions
En réaction, les employés en lock-out accueillent le jugement avec joie, mais soutiennent que le combat qu’ils mènent est loin d’être terminé.
«On est content et soulagé. C’est une forme de justice qui a été rendue, car on sait que l’utilisation de briseurs de grève (ou de scabs) se veut une mesure antisyndicale qui enlève beaucoup de pouvoirs aux négociations», a déclaré Camille de Rome, porte-parole du Syndicat national des salarié-es de la Société Zoologique de Granby-CSN.
«Dès le début du conflit, le PDG du Zoo (Paul Gosselin) a dit haut et fort qu’il était en mesure d’opérer le Zoo sans nous. De toute évidence, c’est faux. On a pu prouver qu’il (le Zoo) utilisait des scabs pour palier à notre absence. Malheureusement, ces gens-là ne sont pas qualifiés pour prendre soin d’animaux exotiques. Nous, ce qu’on souhaite, c’est que ce jugement réveille les gestionnaires du Zoo afin de faire avancées les négociations», a renchéri Mme de Rome.
Du côté de la direction du Zoo, on a dit prendre acte de la décision du TAT.
«Le Zoo de Granby a toujours agi de manière bien intentionnée depuis le début des négociations. D’ailleurs, les deux parties, l’employeur et le syndicat, s’étaient entendues dès décembre 2023 pour ne pas considérer ces employés comme des employés syndiqués suivant une requête de la partie syndicale», a fait savoir l’organisation dans un échange de courriels.
«L’un des moyens de pression utilisés par le syndicat dans le cadre du conflit de travail a été de saisir à nouveau le Tribunal administratif du travail, malgré l’entente initiale, afin de reconsidérer la classification de ces postes (…). Le tribunal, après avoir statué sur cette zone grise, a conclu que les postes en question ne relevaient effectivement pas du statut de gestionnaire et étaient, par conséquent, des postes de salariés. Dès cette décision, le Zoo de Granby s’est immédiatement conformé en retirant ces employés concernés du travail terrain normalement exécuté par un salarié syndiqué.»
Pour l’heure, les négociations se poursuivent. La partie syndicale a d’ailleurs déposé une contre-offre aux instances du Zoo, la semaine dernière. Le 29 janvier prochain, ça fera exactement six mois que les syndiqués du Zoo de Granby ont été mis en lock-out.