Une station de lavage pour bateaux très attendue à la baie Missisquoi
ENVIRONNEMENT. Les campagnes de sensibilisation aux espèces aquatiques envahissantes (EAE) pilotées depuis huit ans par l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) porte fruit malgré l’absence d’une station de lavage pour embarcations.
Les plaisanciers rencontrés entre le 6 juin et le 18 août sont très au courant des risques associés à la prolifération des EAE et de l’importance de nettoyer de leurs embarcations pour éviter la propagation de ces espèces indésirables, mais ils n’ont pas été en mesure encore cette année de le faire sur place faute de station de lavage à Venise-en-Québec.
« L’absence de station de lavage à proximité de la baie est une grande source d’étonnement parmi les plaisanciers venus d’autres régions, pour qui le passage obligé par un poste de nettoyage semble bien ancrée dans les habitudes », signale Julie Reinling, chargée de projet en mobilisation, concertation et communication à l’OBVBM.
Si la clientèle des plaisanciers est particulièrement ciblée par les campagnes de sensibilisation, les patrouilles nautiques de la Sûreté du Québec, en raison de leur grande mobilité, sont également des vecteurs potentiels d’EAE.
« Pour ces utilisateurs aussi, la proximité d’un poste de nettoyage est essentielle au succès de la lutte contre la propagation des EAE », soutient Mme Reinling.
La Municipalité de Venise-en-Québec poursuit les démarches qui doivent aboutir à la mise en place d’une station de nettoyage des embarcations en 2025. Elle a bénéficié de l’aide de l’OBVBM pour présenter des demandes de financement auprès du Lake Champlain Basin Program et du Gouvernement du Québec, qu’elle a obtenues.
En 2022, l’OBVBM a proposé à la municipalité de Venise-en-Québec un projet de règlement sur le lavage obligatoire des embarcations nautiques.
« La municipalité est actuellement en réflexion. Idéalement, pour avoir un impact tangible, une réglementation commune aux municipalités riveraines de la baie Missisquoi (Clarenceville, Venise-en-Québec, Pike River et Saint-Armand) serait souhaitable », indique Mme Reinling.
Bilan de l’été 2024
Les deux agentes de l’OBVBM présentes l’été dernier à la rampe de mise à l’eau du port de plaisance de Venise-en-Québec ont intercepté dix-huit spécimens de myriophylle à épis, deux spécimens de potamot crépu et une moule zébrée.
Des spécimens d’EAE ont été retirés sur 21 (3%) des 605 embarcations et remorques inspectées, majoritairement au moment de la remontée (81% des cas soit 17 embarcations).
À la lueur de ces résultats, l’OBVBM estime que le potentiel de propagation des EAE à partir de la baie Missisquoi est bien réel lorsqu’aucune mesure de prévention n’est prise avant la descente suivante.
Toujours selon l’OBVBM, la présence d’une moule zébrée sur une des embarcations inspectées est particulièrement préoccupante. Cette espèce représente une grande menace pour les lacs de l’est du Québec qui y sont très vulnérables car riches en calcium, un élément essentiel à la croissance et à la reproduction de la moule zébrée. La moule zébrée prolifère très rapidement et il est pratiquement impossible de s’en débrasser une fois qu’elle est établie dans un plan d’eau.
La châtaigne d’eau, originaire d’Eurasie, est par ailleurs présente dans le bassin versant de la baie Missisquoi depuis une vingtaine d’année.
L’OBVBM a sillonné la portion québécoise de la baie de Chapman et de la baie Missisquoi, ainsi que leur tributaires (rivière aux Brochets, ruisseaux Louis-Rocheleau, Bellefroid-Dandurand, East Swamp et Black) entre le 22 et le 24 juillet dernier. Pour la deuxième année consécutive, aucun plant de châtaigne d’eau n’a été recensé.
L’OBVBM recommande malgré tout de de poursuivre le suivi de la châtaigne d’eau en concentrant les efforts sur la rivière aux Brochets et ses tributaires, puisque ce sont dans ces secteurs que les derniers plants ont été recensés en 2016.
Il convient de rappeler que la détection et l’arrachage de la châtaigne d’eau –
auparavant assurés par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) – ont été confiés aux OBV locaux en 2020.