Zoo de Granby: une centaine de travailleurs en lock-out depuis six mois

RELATIONS DE TRAVAIL. En lock-out depuis six mois, les 130 syndiqués du Zoo de Granby ont encore pris la rue, la semaine dernière, pour mettre de la pression sur leur employeur afin de faire débloquer les négociations.

Irrités par le manque de compassion à leur endroit de la part de la direction de la société zoologique, les syndiqués de l’attraction touristique l’ont exprimé de nouveau en prenant une marche de santé et de solidarité en direction du parc Pelletier. Accompagné de confrères de la CSN en grève ou en lock-out provenant d’un peu partout en province, le groupe de syndiqués du Zoo a profité du décor hivernal pour déambuler au centre-ville de Granby afin de marquer les six mois d’impasse.

Le conflit de travail au Zoo de Granby mettant en scène les 130 travailleurs et travailleuses perdure encore malgré une soixantaine de rencontres de négociation, selon la CSN qui représente les salariés lock-outés. Sans compter la participation d’un conciliateur du ministère du Travail qui a pris part à 54 séances, ajoute la centrale syndicale.

« Nous, on veut toujours aller de l’avant et négocier. Quand on crée du mouvement, on est capable d’aller chercher quelque chose de constructif. L’employeur est resté longtemps stoïque par rapport aux négociations. En fait, il refusait carrément d’échanger avec nous alors qu’on était pro-actif à ce niveau-là », a déclaré Camille de Rome, porte-parole du Syndicat national des salarié-es de la Société Zoologique de Granby-CSN.

« On ne comprend pas que le zoo adopte une ligne aussi dure envers ses employé-es. L’usage de scabs est illégal et le déclenchement d’un lock-out ne devrait être utilisé qu’en dernier recours. Le peu de mordant de la loi contre les briseurs de grève permet malheureusement d’étirer ce conflit tout en maintenant le zoo ouvert. Quand un syndicat fait la grève, les employé-es se privent volontairement de salaire, c’est une décision beaucoup plus lourde de conséquences que ce lock-out. Il y a un net déséquilibre entre les deux », a fait valoir Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN.

Offre, contre-offre

Selon Mme de Rome, les syndiqués du Zoo se sont dits déçus de l’offre patronale déposée au retour du congé des Fêtes. Une contre-offre monétaire serait présentement à l’étude par la direction du Zoo, a fait savoir la représentante syndicale.

« On n’a plus rien à perdre. On va être debout tant et aussi longtemps que ça va être nécessaire. Ce n’est même pas une question de semaines ou de mois. L’enjeu n’est même pas là », a indiqué Camille de Rome.

En plus de prendre la rue, les syndiqués comptent maintenir leur présence aux abords du Zoo dans les prochaines semaines notamment à l’approche de la semaine de relâche en mars. « On va continuer à sensibiliser les gens en les invitant à ne pas choisir le Zoo comme attraction touristique tant que ces syndiqués sont en lock-out. Visiter une attraction touristique qui est en conflit de travail, c’est encourager le conflit (…)- », a exprimé Mme de Rome.

Dans un récent article paru récemment dans La Voix de l’Est, le directeur du Zoo, Paul Gosselin, jugeait les demandes salariales des syndiqués onéreuses. « Elles se situent au-dessus des moyens de payer du Zoo de Granby. Si nous les acceptons, nous risquons de mettre en péril notre institution », avait confié le gestionnaire au représentant du quotidien en entrevue.

Ce à quoi la porte-parole des syndiqués a répondu : « Nous, on remet vraiment en doute la façon de gérer les finances du Zoo pendant ce conflit. Au lieu de régler le conflit dès le départ en acceptant des offres monétaires raisonnables et proportionnelles à ce qui s’offrent dans la région, le Zoo a décidé d’investir des milliers de dollars dans toutes sortes de dépenses (firme de communication et de sécurité privée, rabais aux visiteurs) (…). Si ces dépenses et ces énergies étaient plutôt dirigées vers les troupes, on n’en serait pas là aujourd’hui. »