C. difficile: une percée mondiale réalisée à Québec

SANTÉ. Dépister systématiquement les patients contre le Clostridium difficile (C. difficile) a permis à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) de réduire de plus de 50% le nombre de cas entre 2013 et 2015. L’avancée est historique pour les chercheurs, puisque le microbe figure au palmarès des plus meurtriers en milieu hospitalier.

«Honnêtement, on marque l’histoire aujourd’hui, parce que le Clostridium difficile, c’est le problème numéro un des hôpitaux», se réjouit le Dr Michel G. Bergeron, fondateur et directeur du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval, à Québec.

Dans ses laboratoires, l’équipe du service de prévention et de contrôle des infections de l’IUCPQ a développé un test de diagnostic rapide qui permet d’identifier les patients porteurs du C. difficile dès qu’ils sont admis à l’hôpital et de les isoler avant que la maladie ne se déclare. Auparavant, seuls les patients présentant des symptômes étaient traités, souligne le Dr Longtin, auteur l’étude.

«Le caractère novateur, c’est qu’on ouvre une nouvelle porte en disant à la population: “Vos porteurs asymptomatiques, c’est peut-être eux qui sont la source de la transmission dans les hôpitaux. Si vous commencez à les chercher et à les isoler, vous allez pouvoir contrôler la bactérie dans votre hôpital, ce qui va permettre au taux de diminuer”».

Alors que les autres centres hospitaliers universitaires ont vu leur nombre de cas demeurer stable, l’IUCPQ a vu le sien passer de 80 à 20 cas par année entre 2013 et 2015. Dix décès par année sont évités de la sorte et les économies dépassent les 400 000$, conclut l’équipe de chercheurs.

Méthode

C’est en constatant que le nombre de cas de C. difficile dépassait les cibles recommandées par le ministère de la Santé que les chercheurs affiliés à plusieurs universités québécoises se sont mis à plancher sur une solution de dépistage plus rapide. La méthode adoptée en novembre 2013 consiste à prélever les selles des patients au moyen d’un écouvillon, avant de soumettre l’échantillon à l’analyse d’une machine spécialisée. Les résultats sont obtenus en moins de 24 heures, souligne Bianka Paquet Boluc, chef du service de prévention et de contrôle des infections à l’IUCPQ, alors que ceux d’une culture traditionnelle pouvaient se faire attendre pendant trois jours.

La percée québécoise a reçu l’attention du Journal of the American Medical Association (JAMA) qui la publie dans sa dernière revue JAMA Internal Medicine. Depuis l’épidémie de 2004-2005, le besoin pour prévenir le C. difficile demeure criant, fait valoir le Dr Longtin.

La prochaine étape sera de répliquer l’étude menée à l’IUCPQ dans d’autres hôpitaux: «Il s’agit d’une première étude [et] bien entendu, il faudra confirmer cette trouvaille-là», conclut le microbiologiste.