Réjean Labonté: une vie dédiée à la coopération

ENTRAIDE – Réjean Labonté, un Farnhamien d’origine, défend les valeurs d’entraide et de coopération sur la scène internationale depuis une trentaine d’années. Ce comptable professionnel agréé de formation a choisi Haïti en 1981 et ne l’a jamais regretté.

Aîné d’une famille de huit enfants et fils de travailleur d’usine, ce dernier a dû se familiariser avec la notion de responsabilité dès son tout jeune âge.

«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu à relever des défis et je ne me suis jamais défilé. J’adore les challenges, c’est ça qui me tient en vie», reconnait l’homme de 70 ans.

Après des études au collège Saint-Romuald, puis aux juvénats de Laprairie et de Philipsburg, l’adolescent de 14 ans a pris en grippe les Frères de l’Instruction chrétienne à la suite d’un incident en apparence banal.

«Mon directeur de conscience m’a convoqué à son bureau pour me parler d’une lettre que ma mère souhaitait me transmettre. La lettre en question,  écrite par une petite voisine avec qui j’ai grandi, avait été ouverte sans raison valable. Je n’ai pas accepté  cette intrusion dans ma vie privée et j’ai décidé de tout laisser tomber», résume-t-il.

Trois autres Farnhamiens, qui étaient entrés au juvénat en même temps que Réjean Labonté, ont quitté peu de temps après.

«La religion, ça n’a jamais été mon <I>bag<I>», reconnait le principal intéressé.

L’université de la terre

Au terme de ses deux années d’études au collège commercial Marcoux de Saint-Jean-sur-Richelieu, Réjean Labonté a travaillé un an comme clerc chez le notaire Claude Mercier, puis fait du remplacement dans  diverses succursales de la CIBC  pendant deux ans.

«J’ai toujours eu la bougeotte», explique-t-il.

En 1963, Janvier Gladu, un «fermier progressiste» qui assumait la présidence d’une caisse populaire tout en oeuvrant à l’Office des producteurs de lait de Montréal, lui a offert le poste de secrétaire exécutif au sein de l’organisme.

«C’est ainsi que j’ai fait mon entrée à l’université de la terre. Je n’avais pas encore 20 ans à l’époque», indique le Farnhamien.

Pendant une quinzaine d’années, M. Labonté participera à la création et à la gestion d’associations coopératives et de syndicats de producteurs agricoles à la grandeur du Québec.

«Les nouveaux regroupements se préoccupaient  tout spécialement de la qualité du lait et du partage équitable des revenus», précise celui qui a notamment collaboré à la mise sur pied des systèmes de quotas dans l’industrie laitière.

Alors qu’il assumait la direction de la  laiterie de Portneuf, récemment convertie en coopérative, M. Labonté a eu un différend avec l’un des administrateurs sur l’utilisation des fonds du regroupement et a décidé de tirer sa révérence.

«Après 16 ans d’implication au sein des mouvements agricoles, ça a été un coup dur», admet-il.

Il retourne alors aux études à temps partiel et obtient un diplôme de comptable en administration industrielle tout en travaillant comme consultant pour le Salon de l’agriculture.

L’appel d’Haïti

En décembre 1980, Réjean Labonté est recruté par l’ACDI qui recherche un comptable pour l’administration d’un projet rural intégré en Haïti.

«Comme je n’ai jamais aimé le froid des hivers canadiens, je n’allais pas refuser un poste dans un pays chaud. J’ai plié bagages avec ma femme et mes trois enfants, acheté une petite voiture et roulé jusqu’en Floride avant de prendre le bateau pour Haïti. Je connaissais déjà l’endroit pour y être allé avec un autre Québécois dans le cadre d’une mission économique», résume-t-il.

Le comptable professionnel agréé a relevé de nombreux défis, au fil des ans, en Amérique latine et ailleurs dans le monde. Celui-ci a travaillé dans 16 pays sur trois décennies.

Revenu au Québec en 2009, à la suite des problèmes de santé de son épouse, Réjean Labonté n’a pas mis de temps à retourner en Haïti.

«Je devais quitter le Québec pour Haïti, le 12 janvier 2010, mais j’ai décidé de reporter mon départ d’une semaine. Si je m’en étais tenu au plan initial, je ne serais plus de ce monde aujourd’hui, l’hôtel où je devais séjourner ayant été détruit par le tremblement de terre», explique le consultant en coopération internationale.

M. Labonté consacre aujourd’hui une partie de son temps à la formation des gestionnaires et comptables  de ce pays tout en aidant à la reconstruction des territoires dévastés par le séisme. Il exerce une bonne partie de ses activités sur une base bénévole.

Ce dernier  a par ailleurs mis sur pied COFADEV (Services de consultation et de facilitation pour le développement), une structure qui lui permet de mener ses activités dans un cadre légal. L’existence de COFADEV facilite également l’intégration d’autres professionnels qui partagent les objectifs de Réjean Labonté.

«Ma plus grande satisfaction, c’est de travailler à échelle humaine et de faire quelque chose de constructif. Je respecte les gens et ils me le rendent bien», poursuit-il.

Après une mauvaise expérience au Mali, M. Labonté prend désormais ses distances avec les ONG (organisations non gouvernementales) et, plus spécifiquement celles de fortes tailles, qu’elles soient américaines ou autre.

«Je ne touche plus à ça, car c’est contre mes principes!», explique-t-il.

Réjean Labonté adhère également aux visées du regroupement CPA Sans Frontières, un regroupement de comptables professionnels agréés qui offre bénévolement ses services aux organismes dédiés à l’amélioration des conditions de vie des populations démunies.