Cas de polio aux États-Unis: des médecins canadiens appellent à la vaccination

Des experts canadiens en maladies infectieuses prennent des notes après que des responsables américains ont rapporté la semaine dernière qu’un Américain non vacciné avait été diagnostiqué avec le premier cas de poliomyélite au pays en près d’une décennie.

Santé Canada n’a enregistré aucun cas du virus depuis plus de 25 ans, mais des experts en maladies infectieuses disent qu’ils ont toujours «les oreilles et les yeux ouverts pour (détecter) les maladies évitables par la vaccination comme la poliomyélite», qui continuent de circuler ailleurs dans le monde.

«Toute infection importée n’est qu’à un vol d’avion», a déclaré la Dre Vinita Dubey, médecin-hygiéniste adjointe pour la santé publique de Toronto.

Le vaccin contre la polio fait partie de l’ensemble standard de vaccins pour enfants, mais la Dre Dubey a souligné que certains parents choisissent de ne pas vacciner leurs enfants et que la pandémie de COVID-19 a retardé la vaccination pour d’autres.

Cela crée un risque renouvelé de maladies évitables par la vaccination alors que les gens reprennent leurs voyages internationaux après une pause de deux ans, a-t-elle indiqué. Les efforts mondiaux de vaccination contre la poliomyélite ont été suspendus pendant une partie de cette période, ce qui a aggravé le problème.

Un seul cas de poliomyélite nécessite une réponse de la santé publique et doit être signalé en vertu des réglementations sanitaires internationales. Au moment où un cas de paralysie due à la poliomyélite est diagnostiqué, plusieurs autres personnes ont probablement déjà été infectées.

C’est la crainte dans le comté de Rockland, New York, où un patient a été diagnostiqué avec la polio après avoir été paralysé. Les responsables organisent des cliniques de vaccination et demandent aux prestataires de soins de santé de surveiller afin de détecter de possibles autres cas.

Le virus de la polio est très contagieux et ne provoque généralement aucun symptôme ou des symptômes légers tels qu’une fièvre légère, des malaises, des nausées, de la diarrhée et des maux de gorge. Les maladies sont plus fréquentes chez les nourrissons et les jeunes enfants, mais les adultes qui ne sont pas complètement immunisés peuvent également tomber malades. Le virus attaque le système nerveux, de 1 à 5 % des infections provoquant une méningite et moins de 1 % entraînent une paralysie.

Les cas de poliomyélite au Canada ont diminué de façon marquée avec la mise en place des programmes d’immunisation dans les années 1950, lorsque jusqu’à 5000 enfants contractaient la poliomyélite chaque année. Le dernier cas de poliovirus sauvage au Canada est survenu en 1977, tandis que des cas associés aux vaccins oraux ont été détectés jusqu’en 1995.

L’infection par la poliomyélite peut résulter de la propagation d’un virus sauvage ou de la transmission du virus après qu’un enfant a reçu le vaccin antipoliomyélitique oral, que le Canada a cessé d’administrer en 1996, mais qui est toujours utilisé dans de nombreux autres pays.

Avec le vaccin oral, le virus traverse le corps et est excrété dans les selles. Le virus se propage alors facilement, infectant la personne suivante lorsqu’il pénètre dans sa bouche par des mains contaminées par des matières fécales. Le virus peut également vivre dans la gorge et se propager par les sécrétions respiratoires. Les personnes immunisées peuvent contracter et transmettre le virus, mais ne tombent généralement pas malades.

Les calendriers de vaccination systématique des enfants au Canada comprennent des vaccins antipoliomyélitiques injectables avant l’âge de deux ans et un rappel entre quatre et six ans. La forme injectable du vaccin est inactive et ne transmet pas le virus de personne à personne.

Le poliovirus sauvage reste endémique dans deux pays, l’Afghanistan et le Pakistan, mais plus de 30 pays ont signalé des flambées de poliomyélite associées au vaccin en 2020.

Alors que les voyages d’été battent leur plein, les experts ont déclaré que les adultes et les enfants devraient mettre à jour leurs vaccins de routine et vérifier s’ils ont besoin de vaccins supplémentaires pour leur destination.

«L’hésitation à la vaccination est un autre effet de la pandémie, a déclaré la Dre Valérie Lamarre, pédiatre spécialiste en maladies infectieuses à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal. Cela n’a certainement pas amélioré la situation des maladies évitables par la vaccination.»

Et bien que le cas de poliomyélite aux États-Unis ne soit pas une menace pour le Canada, la Dre Lamarre estime que cela ne signifie pas qu’il doit être ignoré.

«Nous allons voir ces cas apparaître de temps en temps. Celui-ci signifie simplement « Réveillez les gens. Allez chercher vos vaccins », a-t-elle déclaré. Ces maladies sont évitables.»

Michelle Ward est pédiatre, professeure adjointe et journaliste à Ottawa.