Comme Bourassa, Legault doit au moins «exprimer les options du Québec», dit PSPP

QUÉBEC — À l’instar de Robert Bourassa, le premier ministre François Legault doit au moins être capable d’«exprimer les options du Québec, soit nommer la possibilité de l’indépendance du Québec».

C’est ce qu’a affirmé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon à la suite d’un entretien de plus d’une heure mardi avec son homologue caquiste, à son bureau de Montréal. 

Il s’agissait de la quatrième et dernière rencontre d’une ronde d’entretiens du premier ministre avec les chefs des oppositions, dans le but d’entendre leurs revendications. 

Le PQ a déposé huit demandes officielles, en plus de réclamer le déplafonnement du budget de réfection de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal de 2,5 milliards $ pour le porter à 4 milliards $, en raison de l’explosion des coûts. 

«M. Legault m’a répondu spontanément que oui, il considérait augmenter l’enveloppe», a rapporté le chef péquiste, lui-même député de l’Est de Montréal, dans une entrevue avec La Presse Canadienne mardi après-midi.

Égaler Bourassa

La discussion sur l’indépendance a constitué le préambule de la rencontre, a-t-il poursuivi.

Devant les nombreux revers du Québec dans la fédération canadienne, que ce soit sur l’enjeu du chemin Roxham, du recours à la disposition de dérogation ou de la défense du français, le gouvernement caquiste ne peut aller sous le seuil minimal de ses prédécesseurs concernant l’avenir du peuple québécois, selon M. St-Pierre Plamondon.

«À mon avis, François Legault se doit au moins d’égaler Robert Bourassa dans la capacité d’exprimer les options du Québec, à savoir nommer la possibilité de l’indépendance du Québec.»

Le chef péquiste fait ainsi référence à cet épisode de 1990 où le premier ministre Robert Bourassa, pourtant un libéral fédéraliste, avait envisagé la souveraineté, à la suite de l’échec du l’accord du lac Meech, soit le refus par le Canada des demandes minimales du Québec pour réintégrer la Constitution canadienne. 

François Legault a constamment répété au cours des dernières années que les gens ne veulent pas de référendum sur la souveraineté au Québec, en laissant entendre que cette éventuelle consultation populaire ne pourrait se solder que par une défaite.

«Il m’a dit ça, a rapporté le chef péquiste. Mais j’ai rétorqué que ça demeure une possibilité que le statu quo (au sein du Canada) puisse également être une voie perdante, si dans le statu quo on est dans un déclin politique, déclin de nos pouvoirs, déclin linguistique.» 

M. St-Pierre Plamondon a présenté une liste de huit revendications précises dans divers domaines et M. Legault a accepté de faire une rencontre de suivi durant la session parlementaire. 

Le chef péquiste réclame un suivi serré parce qu’il ne souhaite pas que ce type de rencontre devienne une «opération de relations publiques» du gouvernement.

Hydro-Québec

Concernant la succession de Sophie Brochu qui quittera la présidence d’Hydro-Québec en avril, l’opposition souhaiterait être consultée, mais le chef péquiste n’a pas perçu d’ouverture. 

«On voudrait être consultés sans pour autant faire nous-mêmes les entrevues. Avoir un ou deux chefs des oppositions qui reconnaissent que la compétence est au rendez-vous pour s’assurer qu’on n’est pas dans la nomination politique. (…) Mais il n’a pas montré beaucoup d’ouverture à nous inclure dans cette consultation-là.»

Huit demandes

Parmi ses huit demandes, il réclame notamment un encadrement plus strict du recours aux firmes d’experts-conseils comme McKinsey.

Le PQ souhaite aussi la hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure d’ici à la fin du mandat ainsi que la taxation des pétrolières.

«Il continue à penser que c’était impossible de taxer les surprofits des pétrolières et puis là, j’ai dit non. La Grande-Bretagne vient de le faire.»

M. St-Pierre Plamondon a également soumis l’idée d’un plan d’urgence pour le français, notamment avec l’extension de la loi 101 aux cégeps et l’exigence d’une immigration 100 % francophone.

Sur l’enjeu des cégeps, «il semble moins ouvert de son côté», a-t-il commenté. 

Le chef péquiste exige une aide d’urgence aux sociétés de transport en commun pour bonifier le service.    

Il a fait savoir qu’il avait notamment abordé l’enjeu du recours aux agences privées pour fournir du personnel dans le réseau de la santé.

«On doit sortir complètement les agences privées du système», parce qu’il s’agit d’une «cannibalisation de notre force de travail», soutient M. St-Pierre Plamondon.

La veille, le chef péquiste avait rencontré les travailleurs de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, où une crise perdure dans les urgences.