David Johnston avait accepté de venir témoigner avant même la requête des oppositions

OTTAWA — La présidente d’une commission parlementaire a déclaré que David Johnston avait déjà accepté de venir témoigner à Ottawa avant même que les députés de l’opposition n’exigent sa comparution dans une lettre, plus tôt cette semaine.

Le rapporteur spécial nommé par le premier ministre a publié mardi son rapport préliminaire sur la réponse du gouvernement libéral à de présumées tentatives d’ingérence étrangère lors des élections fédérales de 2019 et 2021.

Lors d’une réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires des Communes, jeudi, la députée libérale Bardish Chagger a indiqué que le comité qu’elle préside avait invité M. Johnston à comparaître il y a deux mois déjà et que le «rapporteur spécial» devait venir témoigner dans moins de deux semaines, le 6 juin.

Les députés de l’opposition au sein du comité avaient réclamé dans une lettre, cette semaine, que M. Johnston vienne témoigner, après la publication mardi de son rapport préliminaire.

Les députés conservateurs, néo-démocrates et bloquistes membres de ce comité voulaient que le «rapporteur spécial» nommé par le premier ministre vienne expliquer pourquoi il avait décidé de ne pas recommander la tenue d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère.

Les députés libéraux ont accusé jeudi les conservateurs d’être irresponsables en laissant entendre que M. Johnston était réticent à venir témoigner devant le comité.

«L’opposition ne reculera devant rien pour ternir la réputation d’un individu (…) qui, pour moi, ne le mérite en aucune façon, a soutenu le député libéral Ryan Turnbull. Ils n’aiment pas les conclusions du rapport, alors ils essaient de créer la fausse impression que (M. Johnston) n’est pas disposé à venir devant notre comité, ce qui est contraire à la vérité.»

Les conservateurs ont fait part de leurs inquiétudes quant au fait que M. Johnston serait trop proche des libéraux. Ils rappellent que le premier ministre l’a précédemment décrit comme un «ami de la famille» et qu’il est devenu membre de la fondation Pierre-Elliott-Trudeau après avoir quitté son poste de gouverneur général. M. Johnston a rejeté les allégations de conflit d’intérêts.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, écrivait mercredi sur Twitter: «Tout le travail de David Johnston a des airs de couverture de quelque chose de glauque».

Comparution le 6 juin 

Mais la députée Chagger, présidente du comité des Communes, a soutenu jeudi que M. Johnston avait accepté de venir témoigner le 6 juin, pendant deux heures, notamment sur le contenu de son rapport préliminaire.

Le député conservateur Michael Barrett a affirmé que les députés de l’opposition ignoraient que M. Johnston devait comparaître à cette date jusqu’à ce que la présidente l’annonce lors de la réunion de jeudi.

Au cours d’une réunion qui a duré plus de trois heures, les conservateurs ont fait pression pour que M. Johnston comparaisse plus tôt, craignant que Justin Trudeau ne proroge le Parlement pour éviter un examen plus approfondi de l’ingérence étrangère.

Mais les députés ont plutôt décidé de lui demander de comparaître pendant trois heures, au lieu de deux heures, et d’exiger qu’il comparaisse à n’importe quelle date tant que c’est avant le 6 juin.

La députée néo-démocrate Rachel Blaney a déclaré au comité qu’elle n’était pas satisfaite du rapport de M. Johnston, car son parti continuait de faire pression pour la tenue d’une enquête publique.

«Pour moi, l’accent a toujours été mis sur la gravité de la situation et sur l’importance pour les Canadiens de faire confiance à leurs institutions, a déclaré Mme Blaney. C’est décevant que nous en soyons là, et ça décrit vraiment la réalité que les Canadiens ont besoin de voir un processus transparent, clair et dans lequel ils peuvent avoir confiance. Rien à voir avec ça.»

M. Johnston a plutôt tranché qu’une enquête publique officielle ne fonctionnerait pas pour se pencher sur les questions d’ingérence étrangère présumée dans les élections fédérales de 2019 et 2021, car une grande partie des informations classifiées qu’il a examinées devraient rester secrètes.

Il a soutenu dans son rapport que rendre ces informations publiques risquerait d’ébranler la confiance des alliés du Canada et de mettre en danger des sources de renseignement.

Les partis d’opposition persistent à demander une commission d’enquête publique à la suite de ce rapport, mais le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il respecterait la recommandation de M. Johnston.