Fiasco SAAQclic: Bonnardel dans l’eau chaude, Legault le maintient en poste

QUÉBEC — L’opposition accuse le premier ministre François Legault de tolérer la présence dans son équipe d’«un ministre qui a menti».

François Bonnardel, ministre des Transports de 2018 à 2022, aurait été informé dès 2021 de dépassements de coûts dans le projet SAAQclic, selon «Le Devoir». Pourtant, il affirmait, le 20 février dernier, avoir été «trompé» au sujet de SAAQclic.

«C’est lui qui nous mentait le 20 février», a tonné mercredi le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, qui réclame, avec le Parti québécois (PQ), Québec solidaire et le Parti conservateur du Québec, la démission du ministre.

M. Legault s’est empressé de défendre François Bonnardel, un caquiste de la première heure, avec qui il «travaille depuis des années». «L’ex-ministre des Transports a été très clair, il n’était pas au courant. (…) Je n’ai aucune raison de ne pas (le) croire», a-t-il rétorqué.

Rappelons que le déploiement raté de SAAQclic a provoqué en 2023 de longues files d’attente devant les succursales et coûté 500 millions $ de plus que prévu, pour un total qui dépassera le 1,1 milliard $ en 2025, a évalué la vérificatrice générale.

Selon le leader parlementaire du PLQ, Monsef Derraji, M. Bonnardel a «perdu sa crédibilité dans ce fiasco en n’agissant pas depuis 2021».

«Il ne lui reste qu’une seule chose à faire: démissionner», a-t-il tranché, avant de déposer une motion en Chambre pour réclamer le départ de M. Bonnardel. Sans surprise, le gouvernement caquiste a refusé de débattre de cette motion.

Le 27 février dernier, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a démissionné lorsque des médias ont rapporté qu’il avait eu en main plusieurs informations concernant SAAQclic.

«C’est le jugement du premier ministre qui est en cause, a insisté le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. Est-ce qu’il va démettre l’actuel ministre, oui ou non?»

«Ça m’écœure»

Interpellé à plusieurs reprises par l’opposition mercredi, M. Bonnardel ne s’est levé qu’une seule fois pour déclarer: «Ça m’écœure de me faire mettre des mots dans la bouche, puis de ne pas être capable de me défendre.»

Alors qu’il était justement appelé à élaborer et à se défendre, il a préféré se taire et céder sa place au leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, qui, lui, s’est contenté de répéter qu’il y aura enquête publique.

Cette enquête sera menée par l’ex-procureur de la commission Charbonneau, Denis Gallant, dont la nomination est d’ailleurs contestée.

M. Bonnardel a promis d’être «transparent» et de donner en temps et lieu au juge Gallant «toutes les informations, les tenants, aboutissants, respect du budget, respect des échéanciers».

Gallant doit se récuser, lancent le PLQ et le PQ

Par ailleurs, le PLQ et le PQ demandent à M. Gallant de se récuser, étant donné sa proximité avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Les deux ont travaillé en étroite collaboration à titre de procureurs au sein de la commission Charbonneau, de 2011 à 2014.

Mardi, Mme LeBel a admis avoir eu des «soupers» avec M. Gallant et d’autres ex-collègues de la commission, et assisté à sa cérémonie de présentation à titre de juge à la cour municipale, le 19 février dernier.

«Malheureusement, on n’a pas choisi la bonne personne. C’est une mauvaise décision et le gouvernement doit revenir sur cette décision», a déclaré mercredi le député péquiste Pascal Paradis.

Piqué, M. Legault a accusé les oppositions de vouloir «salir» la réputation du juge Gallant, un ancien PDG de l’Autorité des marchés publics.