Futur Musée de la GRC: le gouvernement voulait des consultations plus larges

OTTAWA — La directrice du Centre du patrimoine de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en Saskatchewan, Tara Robinson, dit qu’après avoir terminé une série de consultations sur la façon dont il peut se transformer en musée national, la balle est maintenant dans le camp d’Ottawa.

«Nous avions vraiment besoin d’entendre les Canadiens, a-t-elle affirmé, vendredi. Il n’y a jamais eu de période plus complexe pour la police dans notre pays.»

Le premier ministre Justin Trudeau a promis lors de la campagne électorale de 2019 que les libéraux transformeraient le Centre du patrimoine de la GRC, qui est actuellement exploité par un organisme sans but lucratif, en une institution nationale.

Impliquer un large éventail de Canadiens, y compris des communautés LGBTQ+ et autochtones, dans les discussions sur ces efforts de croissance était une condition clé établie par le ministère fédéral du Patrimoine, qui supervise les musées nationaux tels que le Musée des beaux-arts du Canada.

Des documents que La Presse Canadienne a obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information suggèrent qu’il y a eu une certaine résistance initiale quant à l’ampleur de ces consultations, bien que Mme Robinson ait souligné que cela s’est produit «très tôt dans le processus».

Les échanges sur ce qu’il faudrait pour créer un musée national de la GRC sont contenus dans environ 600 pages de courriels et d’autres documents de 2020 et 2021.

Situé sur le terrain de l’École de la Gendarmerie royale du Canada, Division Dépôt, à Regina, où les gendarmes reçoivent leur formation, le centre sert de musée sur l’histoire de la police nationale, qui a vu le jour sous le nom de Police montée du nord-ouest en 1873.

«En ce moment, le centre est figé dans le temps», a rappelé Mme Robinson, ajoutant que les expositions ne couvrent que les événements allant jusqu’aux années 1970.

«Nous devons parler des pensionnats, a-t-elle déclaré. Nous devons nous pencher sur l’évolution de la GRC.»

Le centre a milité pendant des années pour obtenir le statut de musée national, ce qui obligerait le gouvernement fédéral à modifier la Loi sur les musées. Les musées nationaux fonctionnent comme des sociétés d’État et leurs frais de fonctionnement sont couverts par Ottawa.

Avant même que la COVID-19 ne frappe, des documents montrent que le centre, qui accueille environ 20 000 visiteurs par an, était en difficulté. Il a rapporté 3,5 millions $ en 2019, mais en a dépensé 3,7 millions.

Selon les courriels, les responsables fédéraux avaient au départ estimé que le processus prendrait de 18 à 24 mois. Mais l’arrivée de la pandémie de COVID-19 au début de 2020 a bloqué les travaux sur le dossier.

À l’automne, le centre s’est renseigné sur les progrès accomplis, soulignant son objectif de voir ses portes s’ouvrir en tant que musée national en 2023, coïncidant avec le 150e anniversaire de la GRC.

La sous-ministre du Patrimoine canadien d’alors, Hélène Laurendeau, a répondu en décembre 2020 en disant qu’une certaine diligence était nécessaire pour s’assurer que tout futur musée serait aligné avec les priorités du gouvernement libéral, «y compris la promotion de l’égalité des sexes, la réconciliation avec les peuples autochtones, les initiatives environnementales», ainsi que l’écoute de perspectives diverses.

En fin de compte, le gouvernement fédéral a offert au centre 4,5 millions $ dans son budget du printemps 2021. 

Fin décembre, le centre a publié un rapport sur ce qu’il a entendu dans le cadre d’un processus de consultation qui a débuté au début de 2022. Murray Sinclair, qui était président de la Commission de vérité et réconciliation, et Phil Fontaine, ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations, figuraient parmi ceux qui, selon le rapport, ont été interrogés sur le projet et ont exprimé leur soutien.

«Je veux voir des visages autochtones quand j’entre dans le centre. Des visages noirs. Des visages féminins. Pas une série d’hommes blancs», a soutenu M. Sinclair, selon le document.

Mme Robinson a dit souhaiter avoir un musée de la police qui honore des sacrifices des membres de la GRC tout en «créant un espace pour avoir des conversations difficiles».

Une porte-parole du ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, n’a pas fourni d’échéancier ni précisé quand une modification serait apportée à la Loi sur les musées. «Les responsables de Patrimoine canadien consultent régulièrement le Centre du patrimoine de la GRC», a écrit Laura Scaffidi dans un courriel.