Joly et Freeland ne se prononcent pas sur l’envoi par le Canada de chars en Ukraine

OTTAWA — Les États-Unis et l’Allemagne prennent des mesures pour envoyer des chars de combat en Ukraine, mais le Canada ne dit toujours pas s’il envisage de faire une démarche similaire pour aider ce pays déchiré par la guerre.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, affirme que le Canada travaille avec ses alliés, mais a refusé de dire si cela signifiait envoyer des véhicules blindés en Ukraine.

L’Associated Press rapporte les propos de responsables américains selon lesquels Washington serait sur le point d’approuver l’envoi de chars M1 Abrams en Ukraine pour aider ce pays à combattre la Russie, tandis que l’Allemagne a annoncé qu’elle approuverait une demande de la Pologne d’envoyer des chars Leopard 2 en Ukraine.

Les Forces armées canadiennes possèdent 112 chars Leopard 2 et certains analystes affirment qu’Ottawa ne pourrait en fournir qu’un petit nombre sans nuire à ses propres besoins en matière de formation et d’opérations.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, ne dit pas non plus si le Canada veut envoyer des blindés en Ukraine.

Néanmoins, Mme Freeland a déclaré aux journalistes lors d’une retraite du conseil des ministres à Hamilton lundi que la victoire de l’Ukraine stimulerait l’économie mondiale.

Le Canada est l’un des plus grands bailleurs de fonds par habitant de l’effort de guerre de l’Ukraine, en partie par intérêt économique, a-t-elle noté.

«Ce champ de bataille économique est très important, a-t-elle déclaré. Une victoire ukrainienne claire, stratégiquement viable et stable cette année serait un grand coup de pouce pour l’économie mondiale et un grand coup de pouce pour le Canada.»

Le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan, a indiqué qu’il soutenait ce que les libéraux ont envoyé en Ukraine jusqu’à présent et les a exhortés à envisager d’envoyer d’autres équipements militaires qui seront bientôt remplacés.

Selon lui, Ottawa devrait envisager d’envoyer des chars si cela ne compromet pas les besoins essentiels du pays. M. Bezan a souligné que des rapports au Parlement suggèrent que des dizaines de véhicules blindés légers du Canada sont sur le point d’être remplacés.

«Nous pouvons faire plus, surtout là où nous avons du matériel excédentaire», a-t-il précisé en entrevue.

«Si nous allons envoyer l’un de nos chars, nous devons nous assurer qu’il y a des chars achetés pour remplacer tout ce qui sort de ce pays.»

M. Bezan a rappelé que le Canada avait déjà apporté une contribution importante grâce à des équipements tels que des véhicules blindés de transport de troupes, qui déplacent les soldats dans diverses zones de combat.

Il a cependant laissé entendre que les libéraux pourraient envisager d’envoyer des véhicules blindés légers, connus sous le nom de VBL, s’ils veulent suivre le rythme de leurs alliés qui envoient des chars en Ukraine.

«Si nous voulons faire sortir l’armée russe d’Ukraine, cela signifie que nous avons besoin de plus de véhicules de combat, et c’est là que nos VBL deviennent essentiels pour aider l’Ukraine à gagner cette bataille.»

Mais le Congrès des Ukrainiens canadiens presse le gouvernement d’en faire plus.

«Les chars Leopard 2 sont cruciaux pour la libération de toutes les terres ukrainiennes sous occupation russe», a souligné la présidente du groupe, Alexandra Chyczij, dans un communiqué.

«Le Congrès exhorte le gouvernement du Canada à se joindre à la coalition grandissante des nations qui fournissent l’Ukraine en chars Leopard 2.»