La Banque du Canada relève son taux d’intérêt directeur d’un quart de point, à 4,5 %

OTTAWA — La Banque du Canada a relevé mercredi son taux d’intérêt directeur d’un quart de point de pourcentage et a indiqué qu’elle s’attendait à ce que ce soit la dernière hausse de taux de ce cycle de resserrement. 

Il s’agissait de la huitième hausse consécutive du taux directeur de la banque centrale, qui tente ainsi de combattre la plus forte inflation observée en plusieurs décennies. 

Le taux de financement à un jour, qui se trouvait à 0,25 % en mars, est maintenant de 4,50 %, son niveau le plus élevé depuis 2007. 

Dans un communiqué de presse, la Banque du Canada a expliqué que l’économie canadienne était toujours en surchauffe, ce qui a incité son conseil de direction à relever une nouvelle fois les taux d’intérêt. 

Toutefois, si l’évolution économique reste conforme à ses projections actuelles, la banque centrale prévoit de maintenir son taux directeur à son niveau actuel. 

«Nous avons haussé les taux rapidement, et il est maintenant temps de faire une pause pour déterminer si la politique monétaire est assez restrictive pour ramener l’inflation à la cible de 2 %», a affirmé mercredi le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors d’une conférence de presse. 

«De récentes données laissent penser que la posture restrictive de la politique monétaire freine les dépenses des ménages, en particulier celles consacrées au logement et aux gros achats. Toutefois, durant la deuxième moitié de 2022, la croissance économique et l’emploi ont dépassé nos attentes. La demande excédentaire a donc persisté et continué d’exercer des pressions à la hausse sur les prix.» 

La hausse des taux mercredi intervient après des mois de ralentissement de l’inflation. Après avoir culminé à 8,1 % au cours de l’été, l’inflation annuelle du Canada a régulièrement diminué pour atteindre 6,3 % en décembre. 

Nouvelles prévisions économiques 

La Banque du Canada a également publié mercredi son dernier rapport sur la politique monétaire, fournissant des projections actualisées pour l’économie et l’inflation. 

Selon le rapport, la banque centrale s’attend à ce que l’inflation annuelle ralentisse plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu précédemment. Celle-ci devrait tomber à 3 % d’ici la mi-2023 et renouer avec le niveau de 2 %, la cible privilégiée par la banque, en 2024. 

Le ralentissement de l’inflation a été attribué à la baisse des prix de l’énergie ainsi qu’à l’atténuation des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale. 

En outre, le marché du travail reste tendu et les attentes d’inflation des entreprises et des consommateurs sont toujours élevées, a noté la banque centrale. 

La dernière enquête sur la population active de Statistique Canada a révélé que le chômage au Canada était toujours proche de ses creux historiques, avec un taux de chômage de 5,0 % en décembre. 

Bien que la Banque du Canada ait déjà fait part de ses inquiétudes quant à la forte croissance des salaires, qui pourrait alimenter l’inflation, elle affirme maintenant que les risques liés à une spirale salaires-prix ont diminué à mesure que la croissance des salaires a plafonné. 

Alors que les taux d’intérêt élevés continuent d’affecter l’économie de manière plus générale, la banque centrale s’attend à ce que le marché du travail s’assouplisse dans les mois à venir. 

Même si la Banque du Canada semble être optimiste quant à sa capacité à maintenir les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels, elle garde également la porte ouverte à d’autres hausses si cela se révélait nécessaire. 

«Le conseil est prêt à relever encore le taux directeur si cela est nécessaire pour ramener l’inflation à la cible de 2 %, et il reste déterminé à rétablir la stabilité des prix pour les Canadiens», a déclaré la banque centrale dans le communiqué annonçant sa décision. 

La hausse des taux d’intérêt a déjà commencé à peser sur l’économie, principalement sur le marché du logement. 

Toutefois, la hausse des coûts d’emprunt devrait ralentir l’activité de façon plus marquée au cours des prochains mois, en raison du ralentissement des dépenses des entreprises et des consommateurs. 

À mesure que ce processus se déroule, la Banque du Canada prévoit que la croissance de l’économie stagnera au cours du premier semestre de l’année, avant de reprendre vers la fin de l’année. 

La banque estime que la croissance économique s’est chiffrée à 3,6 % en 2022, et elle s’attend à ce qu’elle soit d’environ 1 % pour 2023. 

À l’échelle mondiale, la banque centrale a souligné que la croissance avait été plus forte que prévu parce que les consommateurs ont continué à dépenser. 

Des risques à la hausse persistent 

Même si la banque centrale se concentre sur la demande excédentaire dans l’économie nationale, elle note que des facteurs mondiaux pourraient continuer d’affecter l’inflation. 

La levée par la Chine des restrictions liées à la pandémie de COVID-19, par exemple, pourrait entraîner une croissance mondiale plus forte et une hausse des prix des matières premières. 

L’incertitude géopolitique au milieu de la guerre en cours en Ukraine est également un autre facteur de risque, a noté la banque centrale. 

Sur le plan national, elle a indiqué que la croissance des prix des services pourrait être plus persistante que prévu. 

«Le principal risque à la hausse est que l’inflation des prix des services au Canada soit plus tenace que projeté (si les attentes d’inflation et les coûts de la main-d’œuvre augmentent plus que prévu)», a déclaré la banque centrale. 

Bien que les risques entourant le maintien d’une inflation plus élevée que prévu préoccupent davantage la Banque du Canada, celle-ci note qu’un ralentissement mondial marqué pourrait tirer l’économie dans l’autre sens plus rapidement. 

Cependant, elle souligne que le risque d’un grave ralentissement mondial a diminué au cours des derniers mois.