Le FRAPRU planifie des manifestations toute la semaine contre la crise du logement
MONTRÉAL — Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) lance de nouveau un cri du cœur au gouvernement Legault par rapport à la crise du logement. L’organisme calcule qu’il faudrait doubler le parc de logements sociaux en 15 ans, c’est-à-dire construire au moins 10 000 nouvelles unités par année.
Le 1er juillet arrive à grands pas, et chaque année, des centaines de locataires se retrouvent sans appartement un peu partout au Québec, un nombre qui ne cesse d’augmenter. L’an dernier, au lendemain de la journée du déménagement, ils étaient 1667 ménages locataires sans logement ou en recherche et accompagnés par un service d’aide au relogement, selon le bilan du FRAPPU.
«Des hausses importantes de loyer sont attendues malheureusement pour plusieurs locataires à partir du 1er juillet et il y a une situation du logement locatif très difficile qui continue à se détériorer pour un très grand nombre de familles, de personnes locataires à travers le Québec», a rappelé la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
Pour sensibiliser les décideurs, l’organisme lance une semaine de mobilisations où sont prévues une quinzaine d’actions par les comités logement membres du FRAPRU. Des manifestations, des débats publics et des occupations de terrains et de bâtiments sont à l’agenda cette semaine, notamment à Québec, Sherbrooke, Rouyn-Noranda, Rimouski et Gatineau.
Le premier événement s’est tenu lundi après-midi à Montréal, dans le secteur de Parc-Extension, sur un terrain acquis par la Ville de Montréal à des fins de logement social. Le comité d’action souhaitait mettre de l’avant qu’il existe un décalage entre les besoins du quartier et le manque d’aide prévue par le gouvernement du Québec.
Mme Laflamme se réjouit que des logements sociaux aient été construits au cours des derniers mois. «C’est une excellente nouvelle, lance-t-elle. Il y en aura encore dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, parce qu’on est en train de livrer, d’une part, les logements qui étaient attendus depuis parfois plus de dix ans que la CAQ avait promis de livrer dans son premier mandat. Et, d’autre part, on est en train d’assister à la mise en chantier de ces logements sociaux et abordables, entre guillemets, que le gouvernement Legault a financés dans sa mise à jour économique de 2023 avec les fonds fédéraux, notamment.»
Manque de prévisibilité
Même si elle accueille favorablement cet élan de construction dans le logement social, Mme Laflamme pointe du doigt le refus du gouvernement de mettre les investissements nécessaires sur la table pour de la prévisibilité. «Il faut avoir des programmes adéquats pour permettre des projets dont on a besoin […] pour loger les milliers de locataires du Québec à faible et modeste revenu qui, actuellement, n’ont pas d’alternative à ces logements privés trop chers qui sont disponibles quand il y en a», dénonce la porte-parole.
«On a l’impression que le pied est encore sur le frein alors qu’il devrait être sur l’accélérateur, ajoute-t-elle. Et si on veut se sortir de la crise, ce qu’on répète, c’est qu’il faut avoir cette perspective d’augmenter la maigre part occupée par le logement social sur le parc locatif au Québec.»
Le budget 2025-2026 n’a pas dédié un montant d’argent pour de nouvelles unités de logements sans but lucratif, ce qui nuit, selon le FRAPPU, à la prévisibilité nécessaire au démarrage de nouveaux projets.
«Le problème? C’est qu’en ce moment, le gouvernement semble miser seulement sur l’offre, peu importe le type de logement construit. Donc, on semble penser que la situation va se résorber d’elle-même en construisant de nouveaux logements locatifs, peu importe leur prix», a soutenu Mme Laflamme.
L’organisme de défense des locataires affirme que la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, «relève les seuils d’abordabilité des projets financés par Québec, autorisant désormais des projets dont le loyer médian s’élève à 150% du loyer du marché afin de diminuer au maximum la contribution de Québec».
«Quand on écoute la ministre de l’Habitation dans les dernières semaines, on a l’impression qu’elle reconnaît l’importance d’augmenter l’apport du logement sans but lucratif sur le parc locatif au Québec. Mais quand on regarde ses propositions, on a l’impression que, finalement, on s’en va vers plus d’inabordabilité, y compris dans les logements qui sont des logements sociaux sans but lucratif parce que les programmes ne sont pas adaptés», critique Mme Laflamme.
Elle déplore que les subventions publiques soient remplacées «par le soutien de bailleurs de fonds privés, de la philanthropie ou par des loyers collés sur le marché privé».