Le PQ entend rallier les jeunes en liant indépendance et environnement

MONTRÉAL — Cinq jeunes femmes feront campagne sous la bannière péquiste en vue des élections du 3 octobre prochain dans des circonscriptions qui risquent d’être difficiles à prendre.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’était pas peu fier, vendredi, de présenter ces «candidatures féminines, des candidatures jeunesse», qui permettent au Parti québécois, d’après lui, d’être «le parti qui unit les générations autour d’un projet de société».

«La relève féminine se porte bien au sein de la formation politique», a-t-il lancé, notant que ces candidates dans la vingtaine et la trentaine n’avaient pas eu à se prononcer sur l’avenir du Québec de leur vivant. 

L’indépendance pour sauver l’environnement

Cependant, Paul St-Pierre Plamondon sait pertinemment que c’est l’environnement qui est au sommet des préoccupations des jeunes. Mais il s’agit là, selon lui, du meilleur argument pour l’indépendance.

«On ne peut pas dissocier l’indépendance et l’environnement. (…) Seule l’indépendance du Québec nous permettra de reprendre les 2 milliards $ qu’on envoie en cadeaux et en subventions en Alberta en ce moment pour le pétrole et mettre ça dans la transition vers l’économie verte, dans les entreprises québécoises qui nous permettent une économie durable, une transition qui est verte et juste pour les travailleurs.»

Malgré tout, il se dit convaincu que l’indépendance recommence à attirer les jeunes, disant constater l’émergence dans les universités «de cercles, de clubs, d’associations d’indépendantistes qui n’ont rien à voir avec le Parti québécois».

«Il y a vraiment un retour de balancier dans les jeunes générations. Je le vois parce qu’on a des bénévoles de 16 ans, 18 ans, 20 ans qui entrent au Parti québécois en disant: qu’est-ce que je peux faire? C’est ça qu’on capte quand on présente des candidatures comme celles (de vendredi) qui incarnent ce mouvement-là.» 

Le test du 11 avril

À François Legault qui affirmait pas plus tard que la semaine dernière que l’élection partielle du 11 avril dans Marie-Victorin sera un test pour le Parti québécois puisqu’il s’agit d’un château fort péquiste, il réplique qu’au contraire, «c’est d’abord un test pour le gouvernement. C’est la seule occasion qu’ont les Québécois d’envoyer un message au gouvernement quant à son bilan en matière de crise du logement, de places en garderie, d’environnement, de français, de relations avec le fédéral, de nationalisme économique. Toutes ces questions, pour la première fois, seront testées dans les urnes.»

Depuis l’élection de la CAQ, le 1er octobre 2018, il n’y a eu que deux élections partielles, soit en décembre 2018 dans Roberval pour remplacer le chef libéral démissionnaire, Philippe Couillard, et en décembre 2019 pour remplacer un autre libéral démissionnaire, Sébastien Proulx, dans Jean-Talon. La Coalition avenir Québec avait remporté les deux sièges, avec des avances très importantes.

Des pentes abruptes pour les candidates 

Trois des candidates présentées vendredi,des étudiantes, sont âgées de 20 à 25 ans, alors que les deux autres, enseignantes au primaire, sont âgées de 30 et 37 ans. Elles feront toutes face à des défis de taille.

Marie-Laurence Desgagné, présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois et finissante en droit, tentera de reprendre la circonscription de Chambly en Montérégie, détenue par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, depuis 2014. Au dernier scrutin, M. Roberge a recueilli 50,3 % des voix, le péquiste Christian Picard se classant deuxième avec 17,4  % des suffrages. Cette circonscription était auparavant représentée par l’ex-ministre péquiste Bertrand St-Arnaud.

Mme Desgagné dit se lancer dans la course «principalement pour la question indépendantiste, c’est clair, mais son corollaire c’est aussi la question linguistique. La loi 101 au cégep, c’est vraiment une de mes préoccupations».

Elle s’est aussi dite très préoccupée par la question des CPE. «Ayant 22 ans, j’ai fréquenté parmi les premiers CPE et si j’avais un enfant aujourd’hui, je devrais me battre pour pouvoir retourner au travail, pour avoir accès à des places en CPE pour mes enfants. Si ce n’est pas concrètement un recul par rapport aux droits qu’avait ma mère, je ne sais pas c’est quoi.»

Soledad Orihuela Bouchard, étudiante en science de l’éducation, se lancera à la conquête de Laporte, un château fort libéral sur la Rive-Sud de Montréal détenu par les libéraux depuis 1981. Aux élections de 2018, le Parti québécois s’y était classé quatrième.

Jeanne Craig Larouche, étudiante en sociologie, cherchera à ravir au ministre des Finances, Eric Girard, la circonscription de Groulx, dans les Laurentides. Là aussi, le PQ avait terminé quatrième en 2018 . 

Julie Daubois, l’une des deux enseignantes, sera confrontée à nulle autre que la cheffe libérale, Dominique Anglade, dans Saint-Henri-Saint-Anne, dans le Sud-Ouest de Montréal. Cette circonscription est libérale depuis sa création en 1994 et en encore là, le Parti québécois s’était classé quatrième au scrutin de 2018.

L’autre enseignante, Catherine Dansereau Redhead, tentera de renverser la tendance historique dans la circonscription lavalloise de Fabre, où le Parti québécois a pris le troisième rang en 2018. Ce siège appartient aux libéraux depuis le départ du péquiste Joseph Facal en 2003. 

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée. Bien lire Desgagné.