Les études sur le 3e lien reviennent hanter la campagne caquiste

MONTRÉAL — Le troisième lien et l’absence (ou non) d’études à ce sujet sont revenus hanter de nouveau la campagne du chef caquiste François Legault, samedi, au 21e jour de la campagne électorale.

Après avoir affirmé la veille qu’il n’existait aucune étude sur ce méga-projet estimé à 6,5 milliards $, M. Legault a dû confirmer l’existence d’une étude sur les effets potentiels d’un projet comme le troisième lien sur l’aménagement du territoire.

Et cette étude réalisée en 2019-2020 par l’École nationale d’administration publique, il refuse de la rendre publique, affirmant qu’elle ne portait pas spécifiquement sur le projet que défend son gouvernement.

«Si je publiais une étude qui n’a rien à voir, vous seriez les premiers à me dire : ‘pourquoi vous publiez qui n’a rien à voir.’ L’étude ne tient pas compte non plus de la pandémie qui a augmenté le télétravail», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, M. Legault a annoncé qu’un nouveau gouvernement caquiste investira plus d’un demi-milliard de dollars pour créer de nouveaux parcs nationaux et en agrandir plusieurs. Trois nouveaux parcs seraient créés: Côte-de-Charlevoix, Dunes-de-Tadoussac , et Nibiischii, sur les terres cries.

Cinq autres parcs seraient agrandis en Estrie, en Outaouais, au Bas-Saint-Laurent et en Montérégie.

Legault comparé à Harper

La CAQ a profité de la journée de samedi pour lancer une offensive tous azimuts contre Québec solidaire qu’elle accuse de vouloir piger à tout prix dans le portefeuille du contribuable.

L’attaque n’a pas eu l’heur de plaire au co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

«Il a décidé de se tourner vers une stratégie popularisée par Stephen Harper: la publicité négative. François Legault a décidé de piger dans le petit livre de Stephen Harper», a déclaré M. Nadeau-Dubois, samedi matin, à Montréal.

Selon Québec solidaire, le dépliant de la CAQ contient plusieurs faussetés sur leurs engagements en matière d’imposition et de taxes, notamment la taxe sur les véhicules polluants.

«Il y a plusieurs modèles de Camry. Et il y en a quatre sur six qui ne seront pas touchés par la mesure qu’on propose. Les deux qui vont être touchés, ce sont les modèles hautes performances, qui sont déjà beaucoup plus polluants et coûteux».

À 120 km/heure sur des autoroutes

Le chef conservateur Éric Duhaime a annoncé lors d’un point de presse, samedi matin à Lévis, qu’un gouvernement conservateur ferait passer la limite de vitesse à 120 km/h sur les autoroutes, là  où les conditions le permettent.

M. Duhaime a souligné qu’actuellement, la limite de 100 km/h est dépassée par de nombreux automobilistes, et qu’il est temps de laisser les Québécois décider s’ils préfèrent rouler à 120 km/h plutôt qu’à 100 km/h.

Même si rouler plus vite fait augmenter la consommation d’essence d’un véhicule — et donc les coûts en essence à la pompe —, le chef conservateur a de nouveau mentionné que chaque personne devrait avoir la possibilité de choisir si elle est prête à faire ce sacrifice pour gagner un peu de temps dans ses déplacements.

«Le temps, c’est de l’argent aussi, a-t-il lancé. Je pense qu’il y a des gens qui vont apprécier de gagner un petit 5-10 minutes, ou 20 minutes pour aller à Montréal, avec un 10-15 km de plus à l’heure.»

Cependant, M. Duhaime a précisé que l’objectif de sa mesure est de permettre aux personnes qui roulent déjà plus vite que 100 km/h sur les autoroutes, en raison d’une zone de tolérance des policiers, de le faire en toute légalité.

Il ne propose pas que cette même zone de tolérance s’applique à la limite de 120 km/h, et qu’ainsi des véhicules se mettent à circuler à 130 ou 140 km/h.

Une «COP made in Québec»

Si elle est portée au pouvoir, la cheffe libérale Dominique Anglade tiendra dans les 100 premiers jours de son mandat une «COP Québec», en d’autres mots, un grand sommet sur les changements climatiques.

Cette conférence à l’image de celle des Nations unies réunirait des «chercheurs, des scientifiques et des gouvernements de partout en Amérique du Nord», a confirmé samedi Mme Anglade. 

Le PLQ se donne comme objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45 % d’ici 2030,  par rapport au niveau de 1990. Il vise également l’atteinte de la carboneutralité en 2050.

«En réunissant tous les acteurs importants de la lutte aux changements climatiques, nous pourrons définir les actions (à) mettre en place au cours des prochaines années pour atteindre nos objectifs», indique le parti.

Mme Anglade s’est par ailleurs engagée à passer toutes les décisions du gouvernement sous la loupe des changements climatiques. 

Par ailleurs, la cheffe libérale est toutefois restée floue samedi sur les parcs éoliens et solaires requis pour fournir les 154 térawatts-heures de son projet de production d’hydrogène ÉCO.

Combien de nouvelles éoliennes seront nécessaires? Où seront-elles installées? Dans quelles régions? Tout au plus, son équipe reconnaît qu’il en faudra «des milliers» de plus.

Mme Anglade a précisé que le Québec n’utilisait actuellement que 1 % de son potentiel éolien. «On a un potentiel extraordinaire qu’il va falloir qu’on étudie. Je ne ferai pas les choses sur un coin de table», s’est-elle défendu. 

Encouragements à la culture québécoise

Le Parti québécois a présenté une série de mesures visant à encourager la consommation de la culture québécoise.

Paul St-Pierre Plamondon souhaite notamment encourager la production d’émissions jeunesse québécoises qui prioriseraient l’éducation. S’il promet de remplacer des émissions comme Robocar Poli ou Super Wings, il s’engage à ne pas toucher à… Pat’Patrouille, sous peine de voir son fils de deux ans se rebeller.

Les propositions du PQ en matière de culture surviennent dans un contexte de désintéressement des jeunes pour la culture québécoise. La majorité des Québécois de 18 à 34 ans, soit 58%, consommeraient «très peu » ou «pas du tout» de contenu audiovisuel québécois sur les plateformes en ligne, selon un sondage cité par le parti. 

«Ça semble évident qu’il y a eu une substitution de l’univers culturel et mental anglo-américain au détriment de l’espace culturel québécois. Et ça a beaucoup d’impact à moyen et long terme sur la langue française», a déclaré le chef péquiste.

Le PQ promet également de doubler le budget de Télé-Québec, de créer un pendant québécois du CRTC, de créer un musée national de l’histoire du Québec et d’augmenter le financement des musées. Ces engagements représentent un investissement de 800 millions $ sur quatre ans.