Les proches des victimes du vol 752 souhaitent qu’Ottawa soit plus ferme avec Téhéran

OTTAWA — Les familles des personnes tuées lorsque l’armée iranienne a abattu un avion de ligne il y a près de trois ans estiment que le Canada devrait adopter une ligne plus dure à l’encontre de Téhéran.

Des centaines de Canadiens d’origine iranienne se sont rassemblés mardi sur la colline du Parlement pour marquer 1000 jours de deuil depuis la tragédie aérienne de janvier 2020. Des 167 passagers du vol 752 d’Ukraine International Airlines, 138 avaient des liens avec le Canada.

«J’ai déjà perdu toute ma vie, tout mon avenir», a déploré Maral Gorginpour. Son mari, Fareed Arasteh, est mort dans l’écrasement. Le couple s’était marié en Iran trois jours avant que M. Arasteh monte à bord du vol 752.

«J’ai besoin que justice soit faite et je veux savoir la vérité. Tant que je ne l’aurai pas, je n’arrêterai pas» de me battre, a affirmé Mme Gorginpour, qui faisait partie du groupe de manifestants qui s’est rassemblé devant la Cour suprême avant de se déplacer vers le parlement.

Le rassemblement de mardi a pris des connotations politiques, la foule chahutant la vice-première ministre, Chrystia Freeland, et acclamant le chef conservateur, Pierre Poilievre, qui exigeait plus d’action du Canada.

Mme Freeland a indiqué que le gouvernement fera davantage pour punir l’Iran, mais n’a pas précisé quels gestes seront posés.

«Nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour isoler et punir la dictature brutale» en Iran, a assuré la vice-première ministre.

Le discours de Mme Freeland a cependant été interrompu à plusieurs reprises, puisque des manifestants lui criaient que le Canada devrait expulser tous les Iraniens qui ont des liens avec le régime, selon eux.

Poilievre galvanise la foule

Lorsque M. Poilievre s’est présenté devant la foule, il a eu droit à un accueil complètement différent de celui qui a été réservé à Mme Freeland. Le chef conservateur a notamment été acclamé lorsqu’il a rappelé que le gouvernement de Justin Trudeau a refusé de désigner le Corps des Gardiens de la révolution islamique comme entité terroriste.

Le mois dernier, M. Poilievre a joint sa voix à l’Association des familles des victimes du vol PS752 pour réclamer que la Cour pénale internationale ouvre une enquête sur les crimes de guerre. Pour l’instant, le Canada a aidé l’Ukraine à poursuivre sa propre enquête, puisque l’avion de ligne était immatriculé dans ce pays.

«Cela fait 1000 jours que nous avons de belles paroles, maintenant nous avons besoin de gestes», a tranché M. Poilievre, ce qui lui a valu d’autres applaudissements.

Sanctions difficiles à appliquer

Selon des experts, il serait difficile pour le Canada de désigner l’entièreté du Corps des Gardiens de la révolution islamique comme groupe terroriste tout en excluant les milliers de personnes qui ont occupé des postes non liés au combat.

Mais au sein même du gouvernement, le député Ali Ehsassi fait pression sur ses collègues libéraux pour qu’Ottawa trouve une façon de désigner le groupe d’entité terroriste sans punir les personnes qui ne méritent pas de l’être.

Lundi, le gouvernement a imposé des sanctions à 25 responsables iraniens, dont le chef des gardiens de la révolution, mais M. Ehsassi a écrit sur Twitter que ce n’était «pas suffisant».

En point de presse à Halifax, mardi, le premier ministre Justin Trudeau a assuré que le Canada collabore avec d’autres pays afin que justice soit rendue.

«Tous les Canadiens, notre gouvernement et tous les partis politiques sont aux côtés du peuple iranien pendant que nous défendons les droits des femmes et les droits humains», a-t-il mentionné.

La police iranienne a violemment réprimé les manifestations à travers l’Iran après la mort de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, à la mi-septembre, deux jours après son arrestation par la police des mœurs iranienne pour avoir prétendument porté son hijab de façon trop lousse.

Mme Gorginpour a affirmé qu’Ottawa devait adopter une ligne plus dure contre le régime, sinon il continuerait de battre les manifestants, d’abattre les vols et de torturer les prisonniers politiques.

«Tant qu’ils gardent le silence, le régime tue plus de gens, et ils ne sont pas tenus responsables.»