Maintien de la paix: les libéraux repoussent l’échéance d’une promesse faite à l’ONU

OTTAWA — Le gouvernement libéral s’est discrètement donné un délai supplémentaire pour tenir une promesse clé de maintien de la paix faite à l’Organisation des Nations unies (ONU) il y a cinq ans.

L’engagement de créer «une force d’intervention rapide» de 200 soldats constituait l’une des trois promesses phares annoncées par Justin Trudeau lors d’un important sommet sur le maintien de la paix organisé à Vancouver en novembre 2017.

Le gouvernement avait alors déclaré que l’unité, destinée à répondre aux urgences lors de missions de maintien de la paix, serait déployée au plus tard dans cinq ans, soit en 2022.

Mais bien que des documents internes obtenus par La Presse Canadienne auprès d’Affaires mondiales Canada confirment que la date butoir avait été fixée à mars dernier, le ministère de la Défense nationale a récemment annoncé avoir repoussé l’échéance d’une année.

Dans une réponse transmise par courriel, la porte-parole du ministère de la Défense, Jessica Lamirande, réitère que le délai pour les engagements du Canada envers les opérations de maintien de la paix de l’ONU a été repoussé d’un an.

Le Canada a toutefois livré la marchandise concernant deux autres promesses, soit celle de déployer une unité d’hélicoptères au Mali en 2018-2019 afin de participer à des opérations d’évacuations médicales ainsi que celle de fournir du transport aérien pour les troupes et du matériel de ravitaillement dans différentes missions de l’ONU en Afrique.

En ce qui concerne la force d’intervention rapide, l’échec d’Ottawa à respecter sa promesse survient au moment même où l’ONU affirme avoir besoin de plusieurs de ces unités dès maintenant. Les États-Unis ont eux aussi demandé au Canada, à la fin de l’année dernière, de respecter sa promesse.

Washington avait rappelé son engagement à Ottawa tout juste avant le sommet sur le maintien de la paix tenu en Corée du Sud en décembre dernier. À ce moment, les États participants avaient été appelés à prendre de nouveaux engagements afin de répondre aux besoins en matière de financement et de ressources dans les missions en Afrique et ailleurs.

Interrogée à savoir si le Canada avait toujours l’intention de remplir sa promesse de créer une force d’intervention rapide, Mme Lamirande a répondu que le pays est toujours à l’écoute de l’ONU pour savoir où et quand une unité est requise.

Elle a ajouté que tout déploiement d’une telle force s’effectuerait à la suite d’une décision prise par le gouvernement afin de soutenir une mission précise de l’ONU et dans le cadre de paramètres clairement établis.

Lors du sommet en Corée du Sud, la ministre de la Défense Anita Anand n’avait fait aucune mention de la force d’intervention rapide, mais elle a assuré à La Presse Canadienne quelques semaines plus tard que le projet n’avait «pas été écarté».

Selon le rapport largement caviardé obtenu auprès d’Affaires mondiales Canada, on comprend que les autorités canadiennes ont analysé les possibilités de déploiement d’une telle force qui aurait pour mandat de réagir aux situations d’urgence et aux menaces contre le personnel et les institutions de l’ONU ainsi que contre les civiles.

De telles unités ont été envoyées en mission en République démocratique du Congo et en République centrafricaine au cours des dernières années. Elles ont été confrontées à divers groupes armés en tentant d’assurer la sécurité et la stabilité.

L’engagement pris par Justin Trudeau en 2017 tombait au moment où le gouvernement libéral promettait un effort renouvelé du Canada envers les forces de maintien de la paix de l’ONU. Une promesse qui ne s’est pas concrétisée selon de nombreux experts.

À la fin du mois de mars dernier, le Canada comptait 60 policiers et militaires déployés dans les forces de maintien de la paix selon les chiffres de l’ONU. Bien que ce nombre soit en hausse par rapport au plancher de 34 atteint en août 2020, cela représente tout de même moins de la moitié du niveau des troupes au moment où les libéraux ont pris le pouvoir en 2015.