Manitoba: une publicité des conservateurs sur le refus de chercher des corps dérange
WINNIPEG — Les progressistes-conservateurs du Manitoba ont été critiqués lundi pour avoir publié une annonce dans un journal soulignant, en outre, la décision de la province de ne pas fouiller une décharge pour les restes de deux femmes autochtones.
L’annonce d’une page entière, parue samedi dans le Winnipeg Free Press, vante les promesses des conservateurs au pouvoir sur quelques questions, notamment les réductions d’impôts et les crimes violents.
Concernant la décision de ne pas fouiller la décharge de Prairie Green, les mots « Stand Firm » (Garder le cap) apparaissent en gros caractères. En caractères plus petits se trouve la phrase : «Pour des raisons de santé et de sécurité, la réponse concernant les fouilles d’une décharge doit simplement être non.»
Cette affirmation fait référence à la décharge de Prairie Green, une exploitation privée au nord de Winnipeg, où auraient été jetés les restes de Morgan Harris et Marcedes Myran, l’année dernière.
Jeremy Skibicki a été accusé du meurtre au premier degré des deux femmes, ainsi que du meurtre de Rebecca Contois, dont les restes partiels ont été retrouvés l’année dernière dans une autre décharge. Il a aussi été accusé du meurtre d’une femme non identifiée que les dirigeants autochtones appellent Buffalo Woman et dont les restes n’ont pas été retrouvés.
La première ministre Heather Stefanson avait déclaré en juillet que la province ne soutiendrait pas une fouille à Prairie Green.
Elle a souligné une étude financée par le gouvernement fédéral selon laquelle une recherche est réalisable, mais n’aurait aucune garantie de succès. Les travailleurs auraient besoin d’une protection spéciale contre l’amiante et d’autres risques toxiques, alors que les recherches pourraient prendre jusqu’à trois ans et coûter jusqu’à 184 millions de dollars, selon l’étude.
«Sans coeur» et «cruel»
Marc Miller, ancien ministre des Relations Couronne-Autochtones qui a été transféré en juillet à l’Immigration, aux Réfugiés et à la Citoyenneté, a exprimé sa déception.
«Vous savez que j’ai considéré la décision (de ne pas fouiller la décharge) comme étant sans cœur», a déclaré M. Miller aux journalistes à Ottawa.
«Cela m’est venu à l’esprit hier soir lorsque je le lisais, et cela me semblait en plus d’être sans cœur, que c’était cruel», a-t-il ajouté.
La présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada s’est dite indignée et a déclaré que les conservateurs semblaient faire campagne sur la question.
«Nous avons fait des progrès en termes de réconciliation, et pour moi, une campagne sur un sujet comme celui-là va simplement faire reculer la réconciliation de quelques étapes», a déclaré Carol McBride.
Le ministre de la Justice du Manitoba, Kelvin Goertzen, a déclaré que les conservateurs ont diffusé cette publicité parce que le public et les médias continuaient de se demander pourquoi le gouvernement provincial avait refusé de mener la fouille.
«Le gouvernement a informé les familles de sa décision, fondée sur la sécurité. Il l’a fait savoir, et je ne pense pas qu’il ait eu l’intention d’avoir beaucoup plus de communication à ce sujet par la suite», a déclaré M. Goertzen.
«C’est devenu un sujet de campagne sur lequel les gens s’interrogent à la porte, et (ils) veulent connaître la position des partis à ce sujet, et c’est pourquoi nous leur fournissons cette information», a-t-il ajouté.
Le chef du NPD, Wab Kinew, a accusé les conservateurs de créer des divisions.
«Je ne pense pas qu’il soit approprié qu’un parti politique utilise d’autres Manitobains comme accessoire politique», a-t-il dit.
Des camps de protestation ont été installés près d’une décharge municipale et à côté du Musée canadien pour les droits de la personne pour exiger que le gouvernement change d’avis.
M. Kinew a promis de faire des recherches à Prairie Green si son parti remporte les élections du 3 octobre. Mme Stefanson l’a relancé sur cette promesse lors d’un débat télévisé la semaine dernière, affirmant qu’une fouille pourrait conduire les travailleurs à contracter le cancer et d’autres problèmes de santé.