Rallier francophones et anglophones est possible, croit Dominique Anglade

MONTRÉAL — La cheffe libérale Dominique Anglade accuse le premier ministre François Legault de prôner une «politique de division» en matière d’immigration et de politiques linguistiques tandis qu’elle présentait une nouvelle candidate, lundi à Montréal.

Mme Anglade a dit que le premier ministre «s’invente de fausses crises» en affirmant que le sort du Québec pourrait s’apparenter à celui de la Louisiane où le français a été marginalisé, si la province ne rapatrie par tous les pouvoirs en immigration.

«Nous sommes en face de nombreuses crises au Québec, de très importantes, que ce soit l’inflation, les changements climatiques, l’habitation, a-t-elle dit. François Legault veut commencer une bataille avec Ottawa sur des prémisses qui sont fausses.»

La question des droits linguistiques a été abordée à plusieurs reprises durant une conférence de presse où Mme Anglade présentait sa nouvelle candidate dans Notre-Dame-de-Grâce (NDG), une circonscription montréalaise avec une importante communauté anglophone.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) se trouve dans une posture difficile tandis que le parti est au plus bas chez les intentions de vote des francophones. Au même moment, deux partis voués à la défense des droits linguistiques des anglophones, le Parti canadien du Québec et Mouvement Québec, ont été lancés en vue de la prochaine campagne électorale. 

Questionnée sur le sujet, Mme Anglade a dit qu’elle était «convaincue» qu’il était encore possible de trouver une option politique qui puisse rallier tant les francophones que les anglophones au Québec. 

«François Legault tente de nous diviser pour mieux régner, accuse-t-elle. Lorsqu’on regarde les Québécois, de manière générale, dans l’ensemble, on veut tous être en faveur de la promotion et de la protection de la langue française.»

La défense des droits linguistiques des anglophones fait partie des enjeux qui ont motivé Désirée McGraw, une professionnelle issue du milieu philanthropique, à se lancer en politique. Elle remplace l’ex-ministre libérale de la Justice Kathleen Weil, qui a représenté la circonscription de NDG pendant 14 ans à l’Assemblée nationale. 

Mme McGraw estime que la majorité des anglophones souhaitent que le français «s’épanouisse» au Québec, mais juge que les moyens pris par le gouvernement Legault pour protéger la langue de Molière ne sont pas «inclusifs». Elle s’en est prise à la loi 96 sur la protection du français et la loi 21 sur la laïcité. «Certaines modalités n’ont tout simplement pas leur place dans une société libre et démocratique», a dénoncé la candidate.

Départ de Kathleen Weil

Kathleen Weil, âgée de 67 ans, a confirmé lundi qu’elle quitte la vie politique après 14 ans. Jusqu’à maintenant 13 membres du caucus libéral, soit la moitié, ont annoncé leur intention de quitter la vie politique. Parmi eux, on compte les vétérans Paul Arcand, Christine St-Pierre, Lise Thériault, Hélène David et Gaétan Barrette. L’ancien ministre des Finances Carlos Leitao a dit samedi qu’il ne souhaitait pas se représenter.

Selon Mme Anglade, il ne faut pas voir dans cette suite de départs le signe que le PLQ est à la dérive à l’approche des élections. Elle a mentionné que le parti pourra compter sur l’héritage et les conseils des candidats qui tirent leur révérence tout en attirant de nouveaux visages. «Cette transition qu’on est en train de vivre, c’est ça qu’on appelle le renouveau.»

Au court de sa carrière politique, Mme Weil a été ministre dans les gouvernements Charest et Couillard. Elle a occupé les fonctions de ministre de la Justice et de ministre de l’Immigration, notamment. Elle a d’ailleurs piloté la Politique québécoise de lutte contre l’homophobie.

Parmi les faits marquants de sa carrière politique, Mme Weil a raconté les conséquences de la guerre en Syrie en 2015, tandis qu’elle était ministre de l’Immigration du gouvernement Couillard. La photo de l’enfant Aylan Kurdi, mort échoué sur une plage, avait fait le tour du monde. «La population a embarqué avec toute la générosité qu’on lui connaît. Je me souviens des gens de partout. On nous appelait tous les jours pour parrainer des réfugiés. Tout le monde voulait contribuer.»