Un tranquillisant pour animaux fait des ravages… chez les humains
La consommation d’un puissant médicament pour endormir les chevaux et le bétail gagne en popularité chez les humains. Cette drogue est notamment liée à un nombre croissant de décès par empoisonnement en Ontario.
Le médicament cause de l’inquiétude aux États-Unis. Au Canada, des tests d’une firme de dépistage indiquent qu’il devient de plus en plus utilisé.
Nigel Caulkett, un professeur de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Calgary, décrit la xylazine comme pouvant produire un important effet de sédation. Elle peut affecter les fonctions cardiovasculaires et provoquer des vomissements.
Il s’inquiète que des gens puissent mêler ce médicament à des opioïdes, ce qui peut entraîner de plus profondes réactions.
«Il y a un certain nombre de signalements de gens ayant des surdoses à la xylazine. Ces cas ont souvent dû être placés sous respirateur pour leur permettre de passer à travers la crise», raconte le Pr Caulkett.
En Ontario, ce tranquillisant n’était lié à aucun décès en 2019. Ce nombre grimpait à cinq l’année suivante, selon le Bureau du coroner en chef.
Le phénomène est croissant. Les données indiquent que cette drogue est liée à 26 décès en 2021. Elle serait la cause directe de la mort de trois personnes.
Autre signe d’une tendance inquiétante: les échantillons de drogue saisie par les forces policières et les agences de santé publique envoyés à Santé Canada indiquent une forte montée de la consommation de la xylazine. Le nombre de cas est passé de sept à 414 de 2019 à 2021.
On constate une baisse en Alberta et des variations en Colombe-Britannique.
Santé Canada avertit que ses données pourraient ne pas être révélatrices des saisies de drogue et de la nature des substances circulant illégalement.
Dans le nord-est des États-Unis, la xylazine était liée à deux tiers des mortalités par surdose en 2019, selon un rapport des Centers for Disease Control and Prevention.
Selon un reportage d’un journal de Philadelphie, des consommateurs de xylazine ont dû subir l’amputation de doigts ou d’orteils.
Le Pr Caulkett mentionne n’avoir constaté aucun signalement de ce genre pour les animaux. Il croit que des consommateurs réutilisent ou partagent des seringues, ce qui peut provoque des infections. De fortes doses peuvent aussi provoquer «la mort des cellules de la peau».
Contrairement aux opioïdes, il n’existe aucun antidote pour renverser les effets d’une surdose de xylazine.
Des études d’un service de dépistage de drogue, Get Your Drug Tested, indiquent que la xylazine est souvent mélangée avec d’autres drogues comme le fentanyl ou les benzodiazépines. Elle a été identifiée dans des substances décrites comme de la fine poudre rose, des cristaux blancs ou orange, et de la roche brune.
Depuis sa fondation en mai 2019, 85 échantillons ont été déclarés positifs à la xylazine, dont 50 au cours de l’an dernier. Des cas ont été détectés en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario.
Depuis le début de l’année, la drogue a été dépistée dans 28 échantillons.
Le directeur du service, Allen Cumming, mentionne qu’il existe encore peu des renseignements sur les effets de la xylazine sur les gens. Le médicament est relativement neuf sur le marché de la drogue.
En Alberta, sept décès ont été liés à la xylazine de janvier 2019 à mars 2022. Aucune autre précision n’a été donnée par le bureau du coroner en chef de la province.
Le bureau du coroner de la Saskatchewan affirme qu’aucun décès n’a été lié au tranquillisant depuis l’an dernier. En 2021, quatre personnes sont mortes dans un intervalle de trois semaines en février et en mars, ce qui avait incité les autorités à lancer une mise en garde publique.